Romans et récits Tome 1 (édition Mireille Sacotte)

À propos

La réalité n'est jamais aussi belle que le rêve d'une mère. Gary a connu d'éclatants succès, mais il a vu son oeuvre se heurter à des réticences. La popularité de l'écrivain et sa reconnaissance n'ont pas marché du même pas. Ce n'est pas exceptionnel, et cela s'explique. Les obstacles à une consécration rapide étaient multiples. Le style de l'homme a pu en être un. La manière du romancier en fut un autre.
Gary a été un extraordinaire raconteur d'histoires et un inventeur de personnages en un temps, l'«ère du soupçon», où ces notions, l'histoire, le personnage, étaient réputées périmées. Or pour lui, le récit - l'histoire - n'est pas la part honteuse du roman. Mais c'est se tromper lourdement que de voir en lui, sous ce prétexte, un écrivain conventionnel. La mise en abyme dans Éducation européenne, la polyphonie des Racines du ciel, la voix narrative fantastique dans La Danse de Gengis Cohn, la dimension autofictionnelle de La Promesse de l'aube et de Chien Blanc, la temporalité dans Les Enchanteurs ou l'inventivité verbale et les dispositifs narratifs d'Émile Ajar ne sont pas précisément des signes de soumission au roman hérité du XIXe siècle. Encore faut-il, pour s'en aviser, ne pas passer à côté d'une prose qui mélange les genres, avoue ce qu'elle doit à la poésie et s'autorise toutes les libertés, à commencer par un humour qui a pu déconcerter autant qu'il séduit, parce qu'il va de l'ironie la plus fine au grotesque le plus assumé. Cet humour n'est pas un ornement : il est fondamental. D'une part, il conjure la tentation de l'idéalisme ; de l'autre, il permet de «désamorcer le réel au moment même où il va vous tomber dessus».
Le réel, voilà l'ennemi. Gary l'appelait «la Puissance». Il a plusieurs visages : guerre, bêtise, vieillissement, solitude... Gary est sensible au tragique de l'Histoire et au malheur des hommes. Ça l'agace : «J'ai tout le temps mal chez les autres.» L'humour est donc une défense. L'imaginaire, un refuge. «Nourris de ce siècle, jusqu'à la rage», les livres de Gary ne sont pas des romans historiques. Ancrés dans l'imaginaire autant que dans l'Histoire, ils relèvent de la «mystique» littéraire de l'aventure qu'ont illustrée, avant lui, Kessel, Cendrars, Saint-Exupéry, et Malraux bien sûr. Cette conception de l'aventure n'est pas de celles qui produisent une littérature populaire de grande diffusion : elle engage une réflexion sur la condition humaine.
L'aventure et l'imaginaire luttent aussi contre une forme particulière de réalité, l'identité. Chez Gary, le je est une clôture, un piège. Ce qu'il y a de permanent dans son identité l'exaspère. Il lui faut s'évader, courir le monde, muer comme un python, se «séparer un peu de [s]oi-même», changer d'identité et vivre d'une vie pseudonyme, au risque de s'y brûler. «L'aventure Ajar» est bien connue, mais on y a souvent vu une imposture. C'était autre chose : l'affirmation des pouvoirs de la fiction, et un défi lancé aux «lois de la nature», qui mènent à la mort.


Sommaire

Éducation européenne - Les Racines du ciel - La Promesse de l'aube - Lady L. - La danse de Gengis Cohn.

Rayons : Littérature > Œuvres classiques


  • Auteur(s)

    Romain Gary

  • Éditeur

    Gallimard

  • Distributeur

    Sodis

  • Date de parution

    16/05/2019

  • Collection

    Bibliotheque De La Pleiade

  • EAN

    9782070147090

  • Disponibilité

    Disponible

  • Nombre de pages

    1 536 Pages

  • Longueur

    17 cm

  • Largeur

    10.5 cm

  • Épaisseur

    3.8 cm

  • Poids

    592 g

  • Support principal

    Grand format

Infos supplémentaires : Luxe   Relié  

Romain Gary

Romain Gary, né Roman Kacew, le 21 mai 1914 à Vilna dans l'Empire russe (actuelle Vilnius en Lituanie) et mort le 2 décembre 1980 à Paris, est un écrivain français, de langues française et anglaise. Il a été successivement aviateur et résistant (fait compagnon de la Libération), romancier, diplomate, scénariste et réalisateur.

Important écrivain français de la seconde moitié du XXe siècle, il est notamment connu dans les années 1970 pour la mystification littéraire qui le conduisit à signer plusieurs romans sous le nom d'emprunt d'Émile Ajar, tout en masquant son identité réelle. Il est le seul romancier à avoir reçu le prix Goncourt à deux reprises avec les Racines du ciel et grâce à un roman écrit sous pseudonyme : la vie devant soi

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