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P.O.L.
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«Ne soyez pas attristés par ce que je viens de vous apprendre. Cet après-midi, j'ai eu le courage de m'enfuir, de créer une fracture. Et je connais en cet instant un tel bonheur que je sens que ma vieille souffrance s'est assoupie. Une fois ce déclic survenu, on parvient à s'aimer, à se faire confiance, à adhérer pleinement à la vie.» Voici cinq textes de Charles Juliet, rassemblés pour la première fois, qui tous évoquent la lente maturation qui a conduit à un choix d'existence et à l'écriture d'une oeuvre.
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Michael Bon, restons nous-mêmes, et restons ici, mais finissons-en. Il doit bien y avoir une chanson pour ça. Fan Une chanson de toi, Michael, mon coeur ! Il y a une chanson de toi pour toutes les situations et pour toutes les humeurs. Michael Je l'ai cru longtemps, mais là, j'ai beau chercher, je ne vois pas. Une chanson qui dise à la fois la tristesse d'avoir raté sa vie et la fierté d'avoir rendu les gens heureux, ça n'existe pas.
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Ça va bien dans la pluie glacée ?
Dominique Fourcade
- P.O.L.
- Poesies Theatre
- 22 Février 2024
- 9782818060988
« L'Occident, meurtre sur meurtre, s'effondre sur lui-même sous les coups qu'il se porte en propre. il est terrible d'être ensemble à ce point parce que nous devenons sans nom, le néant »
D. F.
Avec ce nouveau long poème qui alterne vers et prose, écrit dans l'urgence, Dominique Fourcade offre une déploration intime, amoureuse, et collective sur les événements tragiques de la guerre Israël - Gaza. « c'est le déluge qui se produit en Palestine-Israël et qui engloutit l'Occident. une douche de sang réciproque qu'il est de mon destin de vivre en écrivain » Il nous entraîne jusqu'à un désamour crépusculaire, tout en passant par les plus folles et excitantes pensées et visions (comme le chantier de Notre-Dame la nuit éclairée par les néons, pour son « lyrisme laïc »). Le poème devient le lieu où chercher auprès d'artistes, dans des textes, des références, des images, des obsessions, et en soi, l'impossible responsabilité de chacun devant le désastre du monde. -
« Tu es né à Draa Ben Khedda, près de Tizi Ozou, sur une montagne magique. Au fil des ans, tu subis les affres d'une décolonisation ratée sur une terre hostile à Alger. Par-dessus le marché, ton père s'avère ne pas être ton père et ta patrie se compromet dans des querelles fratricides. Alors, comme tant d'autres, tu suis l'exode aveugle qui, de logements radieux en prisons modèles, clouera définitivement le bec à tes illusions. Dans un ultime baroud tu t'engages à la Légion étrangère où tu te fonds sans mal dans le paysage. On te retrouve femme de ménage nettoyant l'infirmerie en préfabriqué d'un Quartier anonyme. C'est là, parmi les serpillières et sous l'accablante moiteur, que tu décides enfin de ton sort : tu allais devenir le premier homme à partir dans la jolie fusée qui te nargue derrière ses feuilles de palme. Et c'est ainsi qu'avec l'aide de mercenaires décatis et de putains, tu mets sur pied le premier vol habité d'Ariane. »
On retrouve dans ce récit poétique composé comme une BD sans dessins, avec collages, éclats de voix, digressions mentales, messes basses, compositions abstraites, anecdotes déjantées, les personnages de plusieurs livres de Frédéric Léal depuis Selva ! en 2002. Mais cette fois les protagonistes décident d'aider un légionnaire cafardeux à partir dans la fusée Ariane. Un roman débridé, pratiquant l'auto-science-fiction et promouvant une forme de résilience trash. -
Les derniers seront les premiers : Poèmes (1989-2017)
Harry Mathews
- P.O.L.
- Poesies Theatre
- 15 Février 2024
- 9782818060063
On peut dire de la plupart des poèmes rassemblés ici qu'ils ont des origines biographiques, imaginaires ou d'ordre procédural. Une fois établies ces catégories simples, il est indispensable de ne pas tarder à les bousculer voire à les détruire. En fait, presque tous ces poèmes entrent dans plus d'une catégorie et parfois dans les trois. Harry Mathews
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Retour à la «nature». Mais moins vue (sites) qu'éprouvée (matières : physique et chimie). Décors et figures roulés dans la farine syllabique, embrouilles avec l'espace, méli-mélo de temps, cadences têtues, ratures pour rire, ratés calculés : appelons ça poésie. On n'y gagne qu'un déséquilibre. Comment s'est-on fourré dans ce guêpier ? : vite fait, un peu d'histoire ; salut à des amis, qui en furent ; un coucou à l'éros qui fait écrire ; et, les temps étant venus, legs des rogatons. Rideau.
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L'oeuvre poétique de Pierre Magnier est une découverte. Après une quarantaine d'années de silence et d'écriture et quelques rares textes publiés dans des revues. Ce volume est donc la première édition des textes de Pierre Magnier qui tient à présenter son livre par cette citation de Paul Valéry : « Il faudrait peut-être définir la Poésie par les poètes, et à partir de poètes ; et la Musique par le musicien et ainsi de tous les arts. On trouverait alors que la Poésie serait ce qui est cherché par un homme qui... comme on définit le pôle magnétique par les directions de l'aiguille. » (Paul Valéry - feuillet 3 - Cahier 203)
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Métamorphiques est écrit journellement au cours d'une saison d'hiver. Le livre est d'abord composé de six fois neuf poèmes de même forme. On entrevoit quelques possibilités de deviner l'avenir par les moyens verbaux. Le désir de prédire, autant que le bon sens, étant sans doute les choses du monde les mieux partagées. Ici, les signes à déchiffrer sont recherchés dans un corps souffrant et rêvant ; des coïncidences sont reconnues dans la vie sociale afin de déterminer des décisions. L'exploration des signes est une véritable épreuve de lecture du poème. Et puis, le journal se rompt.
Deux séquences font suite, formellement en ruine : les mots sont défaits, des sons foisonnent. Une sorte de discours se constitue, son objet est l'anéantissement de tous les enfermements. Dans une oeuvre radicale, qui recourt à la poésie sonore, Luc Bénazet cherche à saisir les paroles : matières composées de souffles et de lettres, dont la page et l'oralité sont les deux horizons sur lesquels elles apparaissent et se désagrègent. -
Flirt avec elle est ce que j'ai pu faire en 2022, humblement tout ce que j'ai pu écrire, rivé à l'horreur de la guerre en Ukraine qui a laissé une marge de manoeuvre très étroite à mon écriture à ma vie. là je rentre de Lyon, où je suis allé voir l'exposition Poussin et l'amour au Musée des Beaux Arts. je savais que j'y reverrais L'inspiration du poète, non seulement la grande sublime version du Louvre à laquelle je me suis référé toute ma vie, vérifiant à chaque fois que ça existe bien et à quoi ça peut ressembler, l'inspiration du poète (qui n'est j'en suis persuadé pas différente de l'inspiration du romancier, il suffit de songer à celle de Pasternak écrivant Jivago). je prends, chaque fois que je me plante devant lui (mais ce pourrait bien être lui, le tableau, qui se plante devant moi), je prends une sacrée leçon. je savais aussi que je verrais à Lyon une version antérieure ou première pensée, celle du musée de Hanovre, craquante de sensualité et de provocation, et que, pour la première fois et certainement la dernière, je verrais ces deux peintures côte à côte. mais cette fois, dans le train du retour, un merveilleux tgv italien, Poussin et ses tableaux me traitaient sans ménagement, me disaient quelque chose comme, «toi, avec ton flirt avec elle, et ta soi-disant prétention de te mesurer à la guerre en Ukraine, on t'a à l'oeil, t'as intérêt à numéroter tes abattis». tout ce que j'ai trouvé à répondre à Poussin, c'est qu'il me semblait que je devais transcrire au jour le jour la façon dont j'enregistrais cette guerre et la proximité avec la mort qu'elle imposait, et aussi, et surtout, que je devais en profiter, si je puis dire, pour repousser les limites de mon écriture, la mener à la frontière du romanesque, écrire si possible comme je n'avais jamais écrit. Sûrement devais-je parler à haute voix, et avoir l'air très troublé puisqu'une hôtesse, dans le tgv lancé à 260, a jugé bon de me demander si tout allait bien.
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Let [l3t] adj. invar. et n. m., 1891, balle let, mot anglais, « obstacle ».
Une balle let : celle qui touche le filet et retombe sur le terrain adverse. Un coup nul. À refaire. On relance. Voir si on frôle encore.
Nom, « Let » est obstacle. Verbe, il devient proposition et invitation. Épelé, le mot attend la suite de ses trois signes : une entame.
On (se) lance : quelques sorties de Pétrarque, des parties avec John Ashbery, et au milieu une question de traduction. -
Petite bande est dans les doigts. petite bande est la main. petite bande c'est les morts qui nous poussent dans la main. la main écrit dans la bouche avec la petite mort. toutes les paroles viennent mourir dedans nos écrits. petite bande c'est les langues. petites langues qui nous poussent dans l'écrit.
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Vous m'avez fait chercher
Dominique Fourcade, Hadrien France-Lanord, Sophie Pailloux-Riggi
- P.O.L.
- Poesies Theatre
- 11 Novembre 2021
- 9782818054093
N'est qu'un autoportrait on s'y est mis à trois
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Je ne sais pas si je passe bien dans le paysage.
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Vols d'oiseaux, mélanges donc l'air réarrange tous lieux, chat, verre et son poids ? Tout pour dire ma façon d'être autre ment, si autrement Quand Stacy Doris fut emportée par la maladie en 2012, elle était l'une des poétesses américaines les plus novatrices de sa génération. Mue est le testament charnel et intrépide qu'elle adresse à son mari et à leurs enfants, saisis dans leur envol, leur premier plumage.
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Elles guerroient les amazones dans leurs petites armures peintes
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Fruit de braconnages dans la vie de tout le monde, on peut lire ce livre dans le désordre, le parcourir comme un abattoir où sont débités des morceaux de textes. Traversée des genres ou extension, ce n'est pas un hasard si «Fonction-Meyerhold», adressé à celui qui paya de sa vie le fait d'avoir été au service du texte se place au coeur du dispositif. C'est lui qui rayonne comme centre des opérations. Fond d'écran, la ville de Marseille tient lieu de décor en tirage surexposé. Héroïque travesti, «Oreste pesticide» y redoute de curieuses mouches pornographes. Il mythologise la ville dans son aspect destroy et revisite sur un mode tragi-comique le tabou de la virginité comme les violences policières. La lettre à Reverdy affronte un sujet souvent passé sous silence : la collaboration avec l'Allemagne nazie de sa protectrice et amie des arts Coco Chanel. Le scénario «B7 : un attentat attentif» est inséparable de l'année 1946 où Hélène Bessette monte à Notre-Dame de la Garde avant d'accoucher de son deuxième fils. Pour ce qui est de la fille aux mains coupées, les mains ont été véritablement coupées.
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«Nous, les objets, quelques-uns, ce soir, on va sortir de notre silence. On a des choses à vous dire».
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Mon père m'a donné un mari
Emmanuelle Bayamack-Tam
- P.O.L.
- Poesies Theatre
- 3 Janvier 2013
- 9782818017494
Un père et une mère parlent de leur fille : Alexandrine, seize ans. Ce pourrait être une conversation normale, mais Alexandrine ne l'est pas, et il se peut que le couple parental ne l'ait jamais été non plus. Leurs inquiétudes portent essentiellement sur la vie sexuelle future d'Alexandrine... Le dénouement, comme toujours, est un escamotage qui dérobe heureusement à nos yeux les protagonistes de la farce. Mon père m'a donné un mari reprend, en le caricaturant, l'argument des comédies classiques : des parents prennent en main la vie amoureuse de leur fille. Sauf qu'il ne s'agit plus d'arranger un mariage mais d'organiser un dépucelage. Comme la fille est autiste, elle consent à cette prise en main. Elle autorise même ses parents à assister à sa défloration, conçue comme l'aboutissement spectaculaire de cette pièce.
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«- Peur, j'ai si peur. Je n'ai pu l'oublier... Nuit noire. Pas de mémoire. Et pour ne plus l'aimer cent fois j'ai combattu chacune et chacun d'entre nous. J'ai cherché des sujets au-delà de la terre et dans des pays inconnus à leurs habitants, des déserts que le ciel refuse d'éclairer. Ouvre les yeux. Quelqu'un m'attend dans ces lieux, dans ces temps. C'est dans ma tête. Avec les gestes oubliés.»
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L'amour est plus froid que le lac
Liliane Giraudon
- P.O.L.
- Poesies Theatre
- 5 Décembre 2016
- 9782818041239
Sous le double regard de Vivian Maier et de Lorine Niedecker le poème est posé sur la table comme une caméra. Il tourne. Des personnages entrent. Des récits s'entremêlent où fiction et document tentent de rendre compte d'une plateforme hybride d'expériences. Ordinaire manière d'organiser le pessimisme en ce début de XXl? siècle. L'annonce brutale de la mort de Chantal Akerman viendra tout autrement éclairer le décor mis en place et fera ressurgir le titre occulté, celui du premier long métrage de R.W. Fassbinder L'amour est plus froid que la mort. La forme d'un film repose sur les scènes qui n'ont pas été tournées et qui doublent les autres. Par un simple déplacement, le sujet du lac devient celui de l'amour mort ou plus exactement mis à mort. Semblable au train, un titre peut en cacher un autre. Et avec lui un réservoir de souvenirs, leur amnésie. Comment a-t-on survécu à un premier amour ?, serait alors la question. En neuf photogrammes revisités dans le sublime film de Fassbinder (Héros du livre rejoignant les Dames du Lac) une tentative de réponse est apportée. Sur nous tous, le poème en sait plus long que nous. Et c'est bien parce qu'il brûle sur un monde dévasté que l'amour est plus froid que le lac.
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Faisant suite à Navet, linge, oeil-de-vieux et Du jour
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«J'ai voulu écrire cette tragédie comme un long poème en prose, sportif, souple et acéré. Bannir le romantisme de la traduction. J'ai voulu m'attacher à l'étrangeté poétique de ce monde perdu, peuplé de morts, et dans lequel les survivants tentent d'échapper à leur destin. Un roi non-roi, persécuté par sa propre souveraineté, des rivaux aussi féroces qu'aimants, un félon incapable d'assumer le régicide, une jeune reine résistante et dont la parole fait basculer le drame dans le non sense, pas si loin de Lewis Carroll.» Frédéric Boyer.
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«Le troisième volume des oeuvres de Carmelo Bene rassemble, dans la mesure la plus large possible, ce qui restait encore de non traduit. Dans la continuité de son combat polémique, politique, réfléchi et mis en acte pendant plus de quarante ans, Bene y réaffirme, pour la dernière fois, contre les axiomes normatifs des impositions-impostures étatiques, la part maudite, qui lui revient, de la machine actoriale. Une part maudite néanmoins conjurée par des résonances où se glisse l'écho de symptômes, de pathologies, dont la force traverse les murs. Elle devient alors l'expression d'un rapport informulable, qui passe par un acte : image-son, son-image, son-voix, voix. Un acte magique, non pas au sens d'irrationnel, ce qui ne signifierait rien, mais au sens où le moment, l'intervalle, ne sont comblés par rien, si ce n'est par leur être vite, sans plus de scène possible : une activité sans effet. C'est une dynamique de l'absence : sans doute la condition du poète, ou de celui qui vit.» Jean-Paul Manganaro.
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«Dans Dire ouf il y a Deerhoof, groupe indie rock américain + un peu de soi entraperçu dans trois états superposés (la matière change).»