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Les Provinciales
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La seconde guerre d'indépendance d'Israël : 7 octobre 2023 ; Effroi et résilience
Richard Darmon
- Les Provinciales
- 18 Octobre 2024
- 9782912833860
« Pour nous, Israël est une villa dans la jungle », avait déclaré il y a quelques années lÂ'un des meilleurs experts israéliens du Moyen-Orient. « Nous voulons protéger notre villa, mais aussi faire de la jungle un milieu moins hostile... » Il ne se trompait pas, car la jungle a bel et bien attaqué sept ans plus tard la villa israélienne, par surprise et de manière féroce, ce 7 octobre 2023. Après des mois de profondes divisions en Israël sur la réforme judiciaire, ce surgissement et lÂ'énorme mouvement de mobilisation et de solidarité qui lÂ'a accompagné portent en eux les germes dÂ'un véritable renouveau politique et institutionnel qui pourrait changer le visage dÂ'Israël et de la région.
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Ceux qui avaient choisi est une des premières pièces de théâtre de Charlotte Delbo, écrite en 1967, et restée longtemps inédite peut-être par une sorte de pudeur, parce qu'elle s'y livrait trop, et aussi à cause d'une sensibilité politique exacerbée. Mais cette pièce est aussi un acte de bravoure dramatique, car cette scène appartient au passé : l'action se situe vingt ans après, à la terrasse paisible d'un café d'Athènes... où Françoise fait la rencontre d'un homme, un Allemand, Werner. C'est la réminiscence de cette scène, sa résonance décisive sur le présent de cette femme élégante et délicate mais qui connut d'un peu trop près la dureté de la vie, qui sont représentées. Celle qui fut la collaboratrice de Louis Jouvet avant et après Auschwitz exploite ici, une fois de plus, l'art qu'elle en avait appris : pour décrire comment se détermine une volonté. Deux personnages s'affrontent avec courtoisie : cette résistante déportée élégante mais armée de la connaissance inutile si chèrement acquise en face de la cruauté des hommes et trop souvent de leur faiblesse, et un universitaire allemand, spécialiste de la Grèce classique et donc symbole vivant de tout l'amour allemand du savoir et de l'ordre de l'intelligence qui célébra le nazisme - donc échoua devant lui. Werner, qui fut aussi un quelconque officier de la Wehrmacht à Athènes pendant la guerre, utilise cette passion pour l'Antiquité à la fois pour justifier sa passivité ou son aveuglement (notamment à l'égard de la condition des Juifs) pendant les années trente et quarante et aujourd'hui la mélancolie d'une vie exempte de risque mais non pas de privilèges. AUTEUR Charlotte Delbo (1913-1985) a été, après Jean Anouilh, l'assistante de Louis Jouvet au théâtre de l'Athénée. Étudiante en philosophie à la Sorbonne et membre du parti communiste, elle s'engage, avec son mari Georges Dudach dans le « groupe Politzer » qui publie Les Lettres françaises. Arrêtés en mars 1942, celui-ci sera fusillé au Mont-Valérien et elle déportée à Auschwitz puis à Ravensbrück.
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Le chemin de Jérusalem : une théologie politique
Shmuel Trigano
- Les Provinciales
- 11 Avril 2024
- 9782912833808
Comment et pourquoi le sionisme a-t-il fait revenir un État juif sur la scène de l´histoire si c´est pour qu´il devienne un État «?comme les autres?»?? Et pourquoi malgré tout «?l´Éternité d´Israël?» s´annonce paradoxalement dans cette entreprise?? En s´appuyant sur la pensée biblique et sur l´histoire pour éclairer la crise politique et militaire des derniers mois en Israël, ce livre s´efforce de comprendre et résoudre cette contradiction en imaginant un deuxième âge du sionisme, qui porterait à son terme l´espérance que les réalisations et avant tout la résurgence d´un État juif -?dans un fracas mondial vingt siècles après sa disparition?- auront suscitée. Revenant aux fondamentaux prophétiques du «?retour à Sion?», dans sa promesse universelle autant que singulière, Shmuel Trigano défriche dans ce livre le chemin embroussaillé qui mène «?de Sion à Jérusalem?», dans une perspective qui ferait d´elle le point de convergence des peuples de l´humanité.
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LÂ'année 2011 commence par la Foire du livre de Brive-la-gaillarde : « règne de la quantité, paraître, frivolité, narcissisme, insignifiance... Prostitution. » Mais lÂ'écrivain nous donne aussi, en temps réel, lÂ'écho que ce spectacle produit dans le théâtre intérieur : la détresse de lÂ'âme devant la frivolité et le narcissisme et les efforts insensés quÂ'elle fait pour y échapper en recréant par des phrases une forme compatible avec lÂ'esprit humain : lÂ'écriture vraie. Cet âpre exercice sera mis à mal par le déclenchement un peu plus tard de « lÂ'affaire Richard Millet », qui conduit lÂ'éditeur de deux Prix Goncourt (Jonathan Littell en 2006 et Alexis Jenni en 2011) à être évincé de chez Gallimard et de toute présence dans la presse et dans le monde de lÂ'édition, après la publication, le 24 août 2012, de « Langue fantôme, suivi dÂ'Éloge littéraire dÂ'Anders Breivik »...
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On ne devrait pas chercher à comprendre la peinture abstraite ? Aucune Å«uvre ne saurait se passer de son interprétation, répond Ghislain Chaufour, la justification étant le but ultime de l'homme. C'est pourquoi l'herméneute réalise par gratitude une Å«uvre d'hommage, d'intelligence et de louange... Éternel exilé juif, Rothko connut la gloire avant de se donner la mort à New York en 1970. « Il a dicté ses éblouissements aperçus dans la splendeur et douleur, puis est mort d'épuisement. » Dans ce livre la littérature et la philosophie situent sa peinture au sommet d'une construction rigoureuse : « La perfection et beauté s'atteint dans les mathématiques pures, le sublime et la perfection dans les Å«uvres musicales purement spirituelles , et la perfection picturale dans l'abstraction », lorsque le peintre délaisse tout motif physique d'imitation en faveur du seul « sujet pictural ». Qu'est-ce que cela veut dire ? « Chez Rothko le divin se voit, et sans le moindre avertissement », voilà tout.
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Hirsh est un avocat célèbre de New York, dont les clients appartiennent au gotha des stars internationales. Il professe cet humanisme bon teint qui n'enlève rien à la somme de ses honoraires et de ses conquêtes sexuelles. Mais son égotisme assez désolant est chamboulé quand il se trouve embarqué en Israël dans les difficultés de son fils, arrêté brutalement après des attentats et accusé par les Services secrets d'avoir pris part avec son groupe de jeunes sionistes religieux à des représailles meurtrières contre un village arabe. Le récit conduit comme un film d'action ressemble parfois à la série israélienne « Fauda », mais nous assistons à la graduelle et intime transformation de Hirsh au contact de cette terre mystérieuse et dérangeante...
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2000-2003 : années décisives, naissance de sa deuxième fille, rupture avec POL, fin de sa collaboration avec Balland, arrivée chez Gallimard. Millet séjourne souvent au Liban et en Syrie, et aussi dans sa Corrèze natale. Sur le plan littéraire, il publie Lauve le pur, La Voix dÂ'alto, et, surtout, on assiste à la genèse de son roman Ma vie parmi les ombres (Gallimard, 2003). Le journal fourmille de réflexions sans complaisance sur lÂ'époque, dÂ'anecdotes et de personnages : Paul Otchakovsky- Laurens, Guillaume Dustan, Jack-Alain Léger, Dominique Noguez, Angot, Goffette, Tillinac, Sollers, Wieviorka, Finkielkraut, Camille Laurens, Alice Ferney, etc.
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Le dhimmi ; profil de l'opprimé en Orient et en Afrique du nord depuis la conquête arabe
Bat Ye'or
- Les Provinciales
- 25 Janvier 2018
- 9782912833501
Réédition du fameux livre de Bat Ye'or, « ouvrage de référence sans équivalent » (Le Monde) qui fit émerger le dhimmi du néant silencieux de l'oppression et des génocides, et l'inscrivit peu à peu dans la conscience historique et le langage politique courant.
Les islamologues avaient pris l'habitude de définir les juifs et les chrétiens sous l'islam comme des minorités religieuses. On ne disait rien de leur origine, or ces populations représentent les restes des peuples ethno-religieux antérieurs à l'islam, autrefois majoritaires dans leur pays.
Une fois leur territoire conquis par le jihad ces populations étaient soumises à une sorte de pacte qui devint vite un statut imposé et infamant, la dhimma : la « protection » islamique s'exerçant dans un contexte de guerre ininterrompue, la condamnation à mort sanctionnait le refus de se soumettre. Ce fut la dhimma qui assura le succès de la politique d'arabisation et d'islamisation. Son abrogation au XIXe s. sous la contrainte de l'Occident n'a sans doute pas modifié les doctrines et les représentations musulmanes en profondeur.
Réduits à un état de subordination, de vulnérabilité et de dégradation extrême, toute critique de l'oppresseur étant blasphématoire, ces peuples dhimmi traversèrent les siècles avec une telle discrétion que l'histoire en conserva difficilement les traces. Peuples sans passé, ils étaient aussi des peuples sans droits, incarnant une condition de non-existence et d'injustice permanente.
Dès la parution de ce premier livre, Jean-Pierre Péroncel-Hugoz et Jacques Elul dans Le Monde avaient souligné que Bat Ye'or, « en parlant d'une façon scientifiquement irréfutable, des opprimés dans la civilisation arabe et musulmane », prenait « le contrepied d'une mode tendant à présenter l'islam comme le carrefour de toutes les tolérances, face à un Occident naguère encore impitoyable pour les minoritaires ». Le Dhimmi révélait aux juifs et aux chrétiens orientaux leur propre histoire, qui pour la plupart l'ignoraient.
Cette ignorance et leur situation de peuple-otage les avaient incités à se faire les porte-paroles en Occident de leurs oppresseurs et à oeuvrer à leur propre destruction, dont les derniers épisodes sanglants ont fini par nous interpeler. Mais dans les années soixante-dix, Bat Ye'or découvrait « cet énigmatique personnage, le dhimmi, surgit de ses linceuls d'histoire » : « À mesure que j'éclairais ses diverses facettes, s'éveillaient simultanément contre moi des attaques et des vindictes exprimées jusqu'en 2010 quand le gouvernement de l'Etat Islamique, fort opportunément venant à mon secours par le rétablissement de la charia, confirma tous mes écrits. » En rassemblant pour la première fois sous ce titre une réalité historique refoulée et niée ce livre expose le dhimmi dans sa réalité humaine et non dans la vision de son oppresseur qui le déshumanisait pour l'asservir. Aujourd'hui, on se rend mieux compte de son caractère politique explosif. Alors que les médias et l'élite culturelle vilipendaient le racisme et le colonialisme, et se confondaient en témoignages d'admiration pour l'islam, ce livre mettait au centre d'une histoire de treize siècles sur trois continents, le dhimmi juif, chrétien, ou autre colonisé par les Arabes, dans ses vêtements d'opprobre.
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Massacre des innocents ; scènes de ménage et de tragédie
Fabrice Hadjadj
- Les Provinciales
- 14 Février 2019
- 9782912833570
Mystère des saints Innocents : La joie de la Nativité est immédiatement suivie de l'horreur de l'extermination. Comment celui qui apporte la paix peut-il inaugurer son règne par un carnage ? C'est comme si la foi portait avec elle sa radicale remise en cause. À quoi tu joues, mon Dieu, C'est-y comme ça qu'on exauce les prières ? La destruction des enfants de Bethléem par Hérode le grand, non juif établi sur le trône par l'occupant romain et qui se sent menacé par la naissance du Messie et vrai Roi d'Israël... évoque les horreurs modernes de l'extermination. AUTEUR Moins dogmatique sur la scène que dans ses essais, Fabrice Hadjadj montre dans son théâtre la force d'une parole plurielle au cÅ«ur des tensions entre Juifs et chrétiens, histoire et vie intérieure, foi et défi de l'extermination.
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Joseph Mendelevich est né à Riga (Lettonie) en 1947. Avec Mark Dimshitz, ancien chef d'escadron de combat juif expulsé de l'armée rouge, il a tenté de prendre le contrôle d'un avion civil russe, en juin 1970, pour fuir le régime soviétique. Arrêtés à l'aéroport par le KGB avant d'avoir pu mener à bien leur opération, ils furent accusés de haute trahison, passible de la peine de mort, avant que sous la pression internationale la peine soit ensuite commutée en quinze années de goulag. Devenu rabbin en Israël, figure charismatique du sionisme religieux, Mendelevich a voulu résumer dans ce livre, à travers une série d'anecdotes très significatives, sa découverte progressive dans l'adversité des principes de la vie juive : « On peut dire que mon livre est un manuel pour la nouvelle génération : comment être juif, comment être un homme. » En effet « la providence du Dieu d'Israël ne se limite pas au domaine spirituel », aucun aspect de la vie ne saurait être laissé à l'abandon.
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Lors de la révolution du Maïdan en 2014, la plupart des leaders indépendantistes étaient marqués par l'idéologie nazie. Poussés imprudemment par les États-Unis vers la prise en main de l'Ukraine, leurs mouvements se sont infiltrés de manière indissoluble dans toute l'Ukraine, multipliant les exactions dans le Donbass, et les légitimant par des arguments directement issus de la rhétorique du IIIe Reich. Less populations du Donbass, mêlées au fil des décennies à celles des grandes villes de la Russie voisine, ne pouvaient qu'affirmer leur attachement à Moscou. Ce roman historique traite de cette tragédie fratricide comme une guerre de Troie pour notre temps. Il est fondé sur une mosaïque d'histoires vraies. Au cÅ«ur du livre, un voyage de nuit entre Rostov et Vladikavkaz : Maxime, journaliste russe de Rostov est l'oncle de deux sÅ«urs. La première est mariée à un jeune homme mobilisé du côté russe. La deuxième vit avec un ukrainien de Kharkov, parti sur le front aux côté du groupe Azov.
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Théologie de la cruauté : Saint Augustin, Sade et quelques autres
Ghislain Chaufour
- Les Provinciales
- 28 Mars 2024
- 9782912833792
En quatre romans obscènes (un tiers de son oeuvre), Sade décrit des destructeurs de dieu, des hommes et du monde, qui ne connaissent que trois contre-valeurs : la haine de Dieu miséricordieux , la haine de lÂ'amour, donc de la femme et de la Création , la cruauté qui tue en infligent dÂ'insupportables souffrances. Les théologies chrétiennes disent que nous disposons toujours des forces permettant de supporter nos épreuves. LÂ'insurmontable et insupportable nÂ'existe pas. DÂ'où ce silence au sujet de la cruauté : mentionnée, jamais étudiée et analysée, réduite à un excès de punition féroce. Or la doctrine de lÂ'enfer perpétuel affirme que les pires cruautés, absolument insupportables, appartiennent à la justice de Dieu miséricordieux. Quant aux laudateurs des romans obscènes de Sade, ils réduisent - avec les psychologues - la cruauté à une orientation sexuelle à laquelle on peut donner un libre cours plaisant. Que révèle la confrontation du Dieu miséricordieux avec la cruauté ?
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La nouvelle révolution scripturaire : Ou le baiser au smartphone
Henri Du Buit
- Les Provinciales
- 18 Octobre 2024
- 9782912833853
La nouvelle révolution scripturaire résume quarante années de recherches portant sur une simple question : « lÂ'écriture est-elle visée par lÂ'interdit des images dans la Bible ? ». Dans une première partie ce livre situe cette question dans les étapes de la pensée en Occident : naissance du rationalisme, individualisme, romantisme, capitalisme, impérialisme, totalitarisme... Puis la deuxième partie se concentre sur la révolution numérique en cours, qui est étudiée en tant que révolution de lÂ'écriture : lÂ'écriture numérique, la projection de la « réalité » sur écrans plats. Enfin, lÂ'auteur scrute les effets de cette « transgression » scripturaire dans les domaines économique, juridique, politique, anthropologique et religieux.
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Philosophie de l'antisémitisme ; que signifie haïr les Juifs au XXIe siècle ?
Michaël Bar-zvi, Pierre-André Taguieff
- Les Provinciales
- 24 Octobre 2019
- 9782912833594
« Écrire une philosophie de l'antisémitisme au-delà de la tentation politique impose à un Juif de notre terrible siècle un défi sans pareil. La présence du phénomène est telle que les philosophes eux-mêmes n'ont pas su toujours résister aux captieuses questions, ni même aux promesses de lumière. Le Juif n'est plus Satan dans l'obscurité, mais la nuit elle-même. De Dreyfus à la dictature des pétrocraties, Jacob devenu Israël par sa victoire sur l'Ange ne parvient pas à maîtriser son diable?: l'antisémitisme. Sans quitter jamais l'esprit de l'homme moderne, il devient système, aventure horrible ou parole. Nulle philosophie n'est possible aujourd'hui hors des limites tracées par les expériences totalitaires. L'holocauste assure la continuité à l'ère de l'inflation et des ordinateurs.
Comme si les grands chiffres de la "crise"avaient conçu à l'avance une théorie du charnier et de la tyrannie dans laquelle la haine doit trouver son «compte». Économie de la persécution diraient nos actuels sophistes. Pourquoi porter préjudice à l'histoire de quelques erreurs de calcul?? Si l'antisémitisme n'est qu'un des visages de la bêtise, de l'hybris ou de la bestialité, comment expliquer l'odieux itinéraire qui mène la nation juive de l'émancipation à Auschwitz, à travers le siècle du pacifisme et de l'ennui?? Combien de temps nous faudra-t-il pour raconter à nos enfants que l'idée du bonheur a conduit le peuple à la nuque raide du Sanhédrin de Bonaparte aux Viatlags?? » Michaël Bar-Zvi, Philosophie de l'antisémitisme « L'oeuvre secoue, dérange. Son auteur a l'audace de distinguer entre les formes diverses de l'antisémitisme, de diagnostiquer les dernières venues, de proférer (d'un ton calme, avec un humour presque trop secret) des vérités désobligeantes... » Pierre Boutang « Plénitude et pertinence de la réflexion, excellence de l'écriture. » Emmanuel Levinas «Nourri d'une immense culture, Michaël Bar-Zvi est allé à l'essentiel, sans se soucier de respecter une quelconque orthodoxie. » Pierre-André Taguieff
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« Je vais où me portent mes phrases. » Richard Millet achève la longue quête vers l´origine dans laquelle il s´est lancé le jour où il commença d´écrire la première ligne de son oeuvre si décisive aujourd´hui. Cette autobiographie de ses vingt premières années, que ne couvrent ni son Journal ni son oeuvre romanesque, n´est pas un livre de confessions, quoiqu´il arrache « les vieux masques », y compris celui de l´homme « qui pose, inévitablement, en écrivant » et se situe dans l´exacte ligne de saint Augustin - mais c´est une quête pour découvrir « l´origine de ma sensualité ». Cette sensualité excessive, vécue presque comme une damnation, l´écrivain la rattache à un manque initial d´amour et à une sorte d´envoûtement paternels, qui auraient produit ce qu´il appelle sa « maladie ». La forteresse intérieure construite et consolidée pas à pas l´en protège mais elle en est aussi le produit - tout comme ce grand livre enfin écrit, « la baleine blanche de mon entreprise littéraire ».
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Cette nouvelle édition du Purgatoire de Pierre Boutang, d'abord paru en 1976, est présentée avec délicatesse et suffisamment d'érudition par Ghislain Chaufour, qui assume de manière tout à fait convaincante les qualificatifs que nous avons voulu relever depuis vingt ans : catholique, nationaliste, sioniste. Elle se trouve copieusement annotée : mille cinquante notes presque de musique donnent les ressources de ce texte étourdissant, citent de nombreux fragments ou poèmes que l'auteur avait tout près dans sa mémoire, et avec sa vigoureuse préface, affrontent et résolvent une à une de nombreuses difficultés (presque toutes) - un exploit, si l'on songe notamment à celles qui touchent à la condamnation de l'usure (bien après Ezra Pound qui fut placé pour cela dans une cage de fer) et à l'antisémitisme « ordinaire », ou bien à cette parodie de séance d'inspection de l'Éducation nationale décrite à la manière de Ionesco (et Novarina), où le ré-agrégé - qui n'était pas dans sa première jeunesse puisque il avait été radié sans motif connu pendant vingt ans (1945-1967) -, reprend sa leçon interrompue par l'Inquisition d'alors avec les mots de Luis de Léon : « Diciamos ayer... Nous disions hier... » (1576.) AUTEUR Philosophe, théoricien politique et romancier, homme de la trempe d'un Jünger, Pierre Boutang (1916-1998) fonda et dirigea de 1955 à 1967 La Nation Française, hebdomadaire dans lequel il écrivit chaque semaine ses « Politiques ». Puis il publia notamment Ontologie du secret (1973), Le Purgatoire (1976), Reprendre le pouvoir (1978), Maurras, la destinée et l'Å«uvre (1984) et succéda à Emmanuel Levinas à la chaire de métaphysique de la Sorbonne en 1976. « L'un des plus grands esprits de ce siècle » (Le Figaro), « auteur d'une Å«uvre multiforme et tempétueuse... d'une force de conviction et cohérence peu communes, et d'une imprudence qui se souciait peu des modes » (Le Monde).
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Si le ciel de ce jour vous paraît vide au-dessus de vos têtes, tel un mauvais livre, c'est parce que vous ne regardez pas assez où vous mettez les pieds. Une des plus solides données de la métaphysique est bel et bien la fleur de pissenlit, et un râteau aurait suffi pour sauver Sartre de la Nausée. Y a-t-il plus grand mystère que mon voisin (avec sa serviette,son cardigan et son noeud papillon) ? Or je ne puis, comme Descartes, douter de l'existence de M. Franchon. La foi ni la raison ne se moquent de notre monde, elles ne détournent pas de la terre : elles y font resplendir la vérité. En ramenant la métaphysique de plein droit sur la terre, ce petit livre représente un jalon intellectuel important dans la réappropriation du politique. Dans une première partie, un sol pour la métaphysique, il s'élève avec la sereine poésie du bon sens contre les abstractions délétères qui jettent le trouble au point de nous désespérer du monde et de l'histoire biblique. Dans une deuxième partie, un ciel pour notre patrie, il redonne à la piété envers la terre ses fondements philosophiques et religieux, tout en répondant aux accusations d'idolâtrie du politique, et c'est vers cette terre à la fin qu'il s'abaisse gravement jusqu'à évoquer l'ultime enracinement... « Ora et labora, c'est la devise bénédictine, la devise d'une vie de bénédictions. Prie et travaille. Contemple et laboure. Laboure avec ton âme et contemple avec tes mains. Change l'épée en soc, trace un sillon comme une prière, chante un verset comme une semence, et creuse, creuse toute chose jusqu'à Dieu. »
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Pour une politique de la transmission ; réflexions sur la question sioniste
Michaël Bar-zvi
- Les Provinciales
- 7 Avril 2016
- 9782912833440
Le sionisme est devenu la question centrale de la pensée politique contemporaine, sa pierre de touche ou d'achoppement. Son rejet a pour prétexte et pour effet une critique en profondeur de la transmission. Impliquée dans un combat idéologique sans merci, l'Europe se démunit de son héritage et refuse d'assumer son origine spirituelle, laquelle démontre précisément un lien « ?gênant? » avec Israël. Face aux chantages et aux charges d'irrationalité et d'ignorance, elle se déchristianise, se déjudaïse et nomme cette normalisation « ?laïcité? », « ?modernité? », voire « ?humanisme? ».
Le sionisme à l'inverse n'a cessé de puiser dans le passé d'un peuple singulier la force de reprendre sa place dans l'histoire. Revenir, exister et même progresser, ce n'est pas échapper au danger en se renonçant, c'est transmettre, parfois au prix de la vie? ; ce n'est pas rompre avec un héritage obsédant, ni en être le gardien résigné ou craintif - mais se montrer capable de le métamorphoser en pulsion de vie.
Retourner dans l'histoire fera toujours courir le risque de se faire broyer par elle, mais ce qui rend si puissamment entraînante et dérangeante la rédemption nationale d'Israël aujourd'hui, c'est savoir que je ne suis pas le premier et peut-être pas le dernier. Ce « ?profond exister? » (Pinsker) a permis de concilier l'idée de sacrifice avec le précepte fondamental du judaïsme? : « ?Tu choisiras la vie? ». Le judaïsme n'est pas une identité ou un carcan, mais la liberté de répondre à l'injonction de transmettre? : « ?le monde est suspendu au souffle des enfants à l'écoute de leur maître? », dit le Talmud, et le sionisme a maintenu cette transmission par des moyens nouveaux - la politique, la guerre - tandis que l'Europe s'exilait avec effroi d'elle-même. Levinas avait bien vu pourtant ce qui devrait apparaître plus clairement désormais? : « ?Nous sommes tous des Juifs israéliens? ». appelés à transfigurer le feu dévorant et vengeur en muraille protectrice. Car comment rester une nation sans souveraineté? ? Et sans peuple ni langue ni mémoire commune, comment avoir un horizon? ? Une culture n'est pas un ministère pour les loisirs mais notre ressort vital, et l'éducation à l'histoire et à la vérité connue n'est pas une option mais un axe de défense stratégique. Le sionisme concentre aujourd'hui toutes les attaques contre l'idée de transmission. Au carrefour de toutes les détestations démocratiques ou totalitaires il proclame seul que la politique pourrait encore sauver.
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En 1949 le diplomate retraité Paul Claudel voulut célébrer la création de l'État d'Israël en extrayant cent pages assez brûlantes de l'Évangile d'Isaïe à laquelle il travaillait :
« Tout de même c'est arrivé ! c'est arrivé sous nos yeux et cela sent encore, cela fume encore ! » Alors que les armées arabes et juive viennent à peine de cesser le feu, à un moment où l'on ne s'apitoie guère sur la tribulation de rescapés des « infatigables cheminées d'Auschwitz », où le principe d'un nouveau concile et la responsabilité de l'antisémitisme chrétien sont encore peu évoqués, quarante ans avant la reconnaissance de l'État juif par l'Église, Claudel veut célébrer « ce perpétuel Mercredi des Cendres » dont « Israël a fait son habitation » : « Je songe à ces flocons de suie humaine répartis par les quatre vents à tous les peuples d'Europe ».
Avec la franchise un peu rugueuse qui caractérise le grand poète, il évoque « la promesse à Abraham » et « Israël par sa seule force reprenant possession de la terre de ses pères, refoulant les occupants, reconnu comme une nation autonome » car : « Ici tu es chez toi. Il n'y a pas prescription. Il n'y a jamais eu un acte juridique pour te déposséder ».
« Leur retour à la Terre promise n'a pas eu le caractère d'un accident, écrit-il, mais d'une nécessité. Il n'y avait pas profanation idolâtrique du véritable Israël que nous devrions être, nous chrétiens ».
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A l'instant élu la communauté tout entière, par l'effet de l'universelle agression qu'elle a subie, peut être capable de consentir à la décision, d'initier un nouvel âge héroïque. Il ne sera certes pas celui des philosophes, nouveaux ni anciens. Les philosophes, s'ils se délivrent de leur préjugé que l'Esprit doit être sans puissance et que tout pouvoir est mauvais, y pourront jouer un rôle moins absurde, finalement, que celui de Platon à Syracuse. Quant aux spirituels, c'est l'un d'eux, Martin Buber, qui prophétisait la bonne modification du pouvoir en un nouvel âge : Je vois monter à l'horizon avec la lenteur de tous les processus dont se compose la vraie histoire de l'homme, un grand mécontentement qui ne ressemble à aucun de ceux que l'on a connus jusqu'ici. On ne s'insurgera plus seulement, comme dans le passé, contre le règne d'une tendance déterminée, pour faire triompher d'autres tendances. On s'insurgera pour l'amour de l'authenticité dans la réalisation contre la fausse manière de réaliser une grande aspiration à la communauté. On luttera contre la distorsion et pour la pureté de la forme, telle que l'ont vue les générations de la foi et de l'espoir. Un nouveau Moyen Age comme l'ont entrevu Berdiaeff et Chesterton. Les ricorsi ne sont pas de pures répétitions ni même de simples renouvellements. Sûrement : une manière de rendre vaine l'opposition de l'individualisme et du collectivisme, telle qu'en usent, pour leurs courtes ambitions, les barbares et les freluquets. L'âge des héros rebâtira un pouvoir ; il n'est pas de grand siècle du passé qui ne se soit donné cette tâche... AUTEUR Philosophe, théoricien politique et romancier, homme de la trempe d'un Jünger, Pierre Boutang (1916-1998) fonda et dirigea de 1955 à 1967 La Nation Française, hebdomadaire dans lequel il écrivit chaque semaine ses Politiques. Puis il publia notamment Ontologie du secret (1973), Le Purgatoire (1976), Reprendre le pouvoir (1978), Maurras, la destinée et l'Å«uvre (1984) et succéda à Emmanuel Levinas à la chaire de métaphysique de la Sorbonne en 1976. L'un des plus grands esprits de ce siècle (Le Figaro), auteur d'une Å«uvre multiforme et tempétueuse... d'une force de conviction et cohérence peu communes, et d'une imprudence qui se souciait peu des modes (Le Monde).
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Pierre Boutang disait Israël «signe de contradiction» mais aussi «la seule rançon, la seule création positive répondant à l'horreur infinie de la seconde guerre mondiale». Notre culture gréco-hébraïque hésite à reconnaître franchement cet héritage, elle le dédaigne, quand elle ne l'accuse pas. «Il est certain qu'il n'y a pas d'Europe. L'homme européen ne se trouve pas éminemment en Europe, ou n'y est pas éveillé. Il est, paradoxe et scandale, en Israël. C'est en Israël que l'Europe profonde sera battue, "tournée", ou gardera, avec son honneur, le droit à durer », écrit Boutang. L'Europe profonde ce n'est jamais « Babel », la démesure, le défi, l'asservissement, la confusion des langues - et la nouvelle Tour érigée sur les ruines de plusieurs empires totalitaires défaits annule la mission des nations souveraines, modelées sur la forme de l'ancien Israël. Après Pascal, Péguy, Bernanos et Claudel, Boutang (1916-1999) a continué cette tradition chrétienne française éprise des vraies libertés et attentive aux réalités terrestres, aux limites que fixe la finitude, et aux vertus de la chair. C'est cette tradition-là qui rencontre toujours le mystère d'Israël dont l'Europe porte l'empreinte tout effacée. «?La couronne du Saint Empire portait l'effigie de David et celle de Salomon, la politique de nos rois en France - avant Bossuet, de l'aveu même de Machiavel - était tirée de l'écriture sainte, et les nations, jusque dans l'hérésie jacobine et révolutionnaire, imitaient un dialogue immortel entre la naissance et l'obéissance au Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob.?» L'appartenance nationale et le nationalisme tels que Pierre Boutang les a compris ne sont ni des symptômes d'enfermement, ni des ferments d'agressivité (anti-juive ou pas), au contraire?: être nationaliste c'est être authentique, c'est reconnaître l'origine, retrouver la source juive oubliée et vouloir la « nouvelle alliance entre Juifs et chrétiens ? » (comme disait Michaël Bar-Zvi). Sans cela, garder un pays dans lequel accueillir ne se peut pas. Ce livre explore les principaux traits d'une pensée souvent redoutée mais qui est la seule, en France, depuis la Seconde guerre mondiale, à tenir tête ontologiquement et politiquement à un siècle brutal.
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Situation de l'armée secrète : Oran ; Des femmes au milieu des ruines
Francis Gandon
- Les Provinciales
- 23 Mai 2024
- 9782912833815
« Ce livre décrit un monde privé de transcendance : le seul extrême est celui du Mal. C'est l'enfer, dont aucune description n'atteint l'horreur. C'est notre monde. » Une première partie rassemble ce que la vie de l'auteur « a pu recueillir de plus sordide - le summum de l'abjection » : « des petits faits vrais d'enfer, qui laissent entrevoir l'esprit du temps. Mais celui des victimes, des éclopés de la vie - un esprit hors histoire, car il est précisément la négation de toute histoire. » Cette description assez crue permet de situer son auteur : ce n'est ni un insensible pathologique ni un exalté furieux, ainsi qu'on imagine les fanatiques. Dès lors il nous a disposés à entamer la seconde partie de son ouvrage, qui n'est peut-être pas plus facile à entendre : car à ce chaos, l'auteur oppose - ou croit pouvoir opposer contre toute la pensée dominante - l'Armée secrète, la Résistance Algérie française, la seule, selon lui, depuis qu'il a dû quitter ce pays il y a six décennies, « à avoir gardé parole, à être restée fidèle à une certaine vision historique abandonnée par tous » et pour laquelle elle est vouée aux gémonies. Il décrit donc un tournant malin de l'Histoire, en 1961-1962, où une capitulation politique totale succède à une victoire militaire, - là où précisément une orthodromie1 était possible (foi du serment, démarche accomplie jusqu'au bout, résistance à l'abandon), c'est-à-dire « la résurrection de l'incomparable civilisation méditerranéenne authentique, assoupie depuis plus d'un millénaire - rendue hémiplégique par un islam usurpateur. » D'où une critique acerbe de « M. De Gaulle ». Comment faut-il appeler cela ? le ressentiment, la nostalgie ? Non, car cette « orthodromie » devint le cauchemar d'une Armée secrète qui, elle-même privée de transcendance, ne pouvait que perdre, ajouter au chaos, compromettre tout combat futur « où quelque chose comme l'Occident se lèverait ». Ce livre dresse enfin, dans une troisième partie, quelques tableaux d'après la fin (la France mourant de cette inversion maligne), où l'universitaire marqué par George Bataille évoque quelques figures féminines, parfois nobles, souvent mièvres ou sordides. L'idée qui s'en dégage est que, dans ces tristes tropiques dont Dieu semble s'être absenté, la Femme reste quand même la seule à faire front, à pouvoir rédimer cette époque ou ce qu'elle n'a pas voulu vaincre : « une ombre de Transcendance. Transcendance quand même. » Ainsi le caractère inaudible et brutal de ce livre est adouci, si l'on ose dire, par l'extrême sensibilité de son auteur, le ravage même de la douleur causée par une immense déception jamais guérie. Seule leçon pour l'Histoire : certains peuples veulent vivre : Israël, le Liban. D'autres ont renoncé à la vie : la France, l'Arménie (voir sa piteuse déconfiture de 2023). Ce pamphlet imprécateur s'est certes écrit à partir d'archives, mais surtout « à même le sang de l'immense cohorte des victimes ». AUTEUR Francis Gandon est né en Algérie française en 1948, qu'il a dû quitter à quatorze ans, en 1962. Après deux thèses consacrées à Georges Bataille (l'une en sociologie, l'autre en linguistique), Francis Gandon a enseigné les lettres et la linguistique pendant quelque vingt-cinq ans dans plusieurs universités d'Afrique : Tripoli, Oran, Rabat, Tananarive, Ouagadougou et Dakar. Il s'est particulièrement intéressé aux différentes littératures (maghrébine, malgache, burkinabè...) d'expression française tout en travaillant sur les langues locales, la linguistique africaine en général et la sociologie des différents peuples-hôtes, vécue de façon charnelle. De retour en France (Université de Caen), il s'est orienté vers la théorisation linguistique, surtout saussurienne, publiant notamment De dangereux édifices. Les cahiers d'anagrammes consacrés à Lucrèce (Peeters, 2002), Le Nom de l'absent. Épistémologie de la science saussurienne des signes (Lambert-Lucas, 2006), La morale du linguiste. Saussure entre Affaire Dreyfus et massacre des Arméniens, 1894-1898 (Lambert-Lucas, 2011). Francis Gandon partage actuellement sa vie entre Paris et Madagascar.
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Après les années d'apprentissage et les premiers succès, c'est l'homme mûr que ce 4e tome du Journal nous découvre : Richard Millet continue son exploration intérieure en déroulant la période la plus prestigieuse de l'écrivain dont tous les livres sont désormais publiés chez Gallimard et qui entre au comité de lecture de cette maison. Mais ces années (2003-2011) ne sont pas les plus heureuses, puisqu'il ne croit pas à ces prestiges et que sa lucidité donne au contraire à son regard sur les cuisines de la pauvre littérature dont notre siècle est capable une acuité qui lui sera fatale. « Depuis le début, élu au comité, cela ne semble être qu'un malentendu. » Il verra son « sentiment de la langue » se changer en malaise et sa répugnance à l'égard du milieu éditorial parisien mener à sa fatale éviction. « L'anecdote a, dans mes cahiers, une valeur politique », écrit-il et ici en effet, « chez Gallimard », c'est « la banque centrale » qui produit elle-même la « fausse monnaie ».