Filtrer
Les Provinciales
-
-
La condition des Juifs et des chrétiens sous l'islam : la connaissance historique du « dhimmi » a pu être une découverte, un sujet de controverses, le mot est devenu une sorte de lieu commun politique et social trop rarement et peu rigoureusement défini. Or en prétendant conférer une forme définitive à l'ordre social, l'islam a employé pour cela une forme juridique qui donne à sa doctrine tout entière « une fixité qui fait que son étude historique est essentielle » (Jacques Ellul). Connaître, ici, ce n'est donc pas seulement connaître l'histoire, mais c'est aussi l'anticiper, comprendre le présent et discerner l'avenir des « dhimmi ».
-
La Joute : Combat de l'homme et de la femme dans la nuit du siècle
Richard Millet
- Les Provinciales
- 28 Août 2025
- 9782912833921
Il a fallu la longue maladie et la mort de mon épouse, en 2020, puis cinq années de solitude, autant dire de deuil, pour que le sujet s'impose enfin : la joute est cela même dont la mort de ma femme m'a privé, soit le lien le plus mystérieux de ce qu'on appelle un couple, deux êtres doués de parole et croyant se connaître, et dont les voix réfutent toute métaphore, idéologie et discours sur l'amour pour faire exister ensemble le visage et la voix en une présence qui en dit autant sur le corps que sur l'invisible.
-
Ceux qui avaient choisi est une des premières pièces de théâtre de Charlotte Delbo, écrite en 1967, et restée longtemps inédite peut-être par une sorte de pudeur, parce qu'elle s'y livrait trop, et aussi à cause d'une sensibilité politique exacerbée. Mais cette pièce est aussi un acte de bravoure dramatique, car cette scène appartient au passé : l'action se situe vingt ans après, à la terrasse paisible d'un café d'Athènes... où Françoise fait la rencontre d'un homme, un Allemand, Werner. C'est la réminiscence de cette scène, sa résonance décisive sur le présent de cette femme élégante et délicate mais qui connut d'un peu trop près la dureté de la vie, qui sont représentées. Celle qui fut la collaboratrice de Louis Jouvet avant et après Auschwitz exploite ici, une fois de plus, l'art qu'elle en avait appris : pour décrire comment se détermine une volonté. Deux personnages s'affrontent avec courtoisie : cette résistante déportée élégante mais armée de la connaissance inutile si chèrement acquise en face de la cruauté des hommes et trop souvent de leur faiblesse, et un universitaire allemand, spécialiste de la Grèce classique et donc symbole vivant de tout l'amour allemand du savoir et de l'ordre de l'intelligence qui célébra le nazisme - donc échoua devant lui. Werner, qui fut aussi un quelconque officier de la Wehrmacht à Athènes pendant la guerre, utilise cette passion pour l'Antiquité à la fois pour justifier sa passivité ou son aveuglement (notamment à l'égard de la condition des Juifs) pendant les années trente et quarante et aujourd'hui la mélancolie d'une vie exempte de risque mais non pas de privilèges. AUTEUR Charlotte Delbo (1913-1985) a été, après Jean Anouilh, l'assistante de Louis Jouvet au théâtre de l'Athénée. Étudiante en philosophie à la Sorbonne et membre du parti communiste, elle s'engage, avec son mari Georges Dudach dans le « groupe Politzer » qui publie Les Lettres françaises. Arrêtés en mars 1942, celui-ci sera fusillé au Mont-Valérien et elle déportée à Auschwitz puis à Ravensbrück.
-
La seconde guerre d'indépendance d'Israël : 7 octobre 2023 ; Effroi et résilience
Richard Darmon
- Les Provinciales
- 18 Octobre 2024
- 9782912833860
« Pour nous, Israël est une villa dans la jungle », avait déclaré il y a quelques années lÂ'un des meilleurs experts israéliens du Moyen-Orient. « Nous voulons protéger notre villa, mais aussi faire de la jungle un milieu moins hostile... » Il ne se trompait pas, car la jungle a bel et bien attaqué sept ans plus tard la villa israélienne, par surprise et de manière féroce, ce 7 octobre 2023. Après des mois de profondes divisions en Israël sur la réforme judiciaire, ce surgissement et lÂ'énorme mouvement de mobilisation et de solidarité qui lÂ'a accompagné portent en eux les germes dÂ'un véritable renouveau politique et institutionnel qui pourrait changer le visage dÂ'Israël et de la région.
-
Le « De Miseria », écrit en 1195, annonce dans son prologue un livre sur la dignité humaine. Ce seront « les Mystères des messes » et le traité sur le mariage, qui décrivent ce que nous pouvons être et faire de mieux. Cette dignité exige que, d'abord, « le lépreux se présente au prêtre, et avoue à haute voix sa mésellerie », son état : telle est la crudité désolante du « De Miseria ». Bien qu'il existe des saintes et des saints, nul n'est pur et innocent. Déclarer ouvertement, avec honte mais sans retenue, quelques misères suffit. Figurons-nous Lothaire, tel un Job ecclésiaste grattant ses ulcères avec un tesson du Temple détruit, décrivant la Création profanée : un paysage sublime que des poisseux ont souillé et sinistré. La misère humaine ne connait ni apports ni déperdition, elle demeure atrocement égale et stable. L'auteur de cette Création ne saurait l'avoir profanée après l'avoir sanctifiée. Le « De Miseria » supplie le Sauveur de venir sans plus tarder.
-
Ceci est mon sang : Une alliance suprêmement concrète
Olivier Veron
- Les Provinciales
- 16 Octobre 2025
- 9782912833907
Abraham et le peuple juif dans l'antiquité ont les premiers parmi tous les peuples arrêté les sacrifices humains. Chez les catholiques la séparation des deux espèces sur l'autel (le corps et le sang) évoque la mise à mort brutale et inscrit le canon de la messe dans la continuité des sacrifices du Temple.
Les mots de consécration de la coupe, « Ceci est mon sang », ne désignent pas seulement la mort en tant qu'acte solitaire par excellence, mais rappellent très explicitement l'appartenance nationale de celui qui les prononce et la conclusion de l'Alliance au Sinaï : « Dieu s'engage dans une parenté de sang. » C'est du sang juif qui se trouve sur l'autel, disait Léon Bloy à la fin du XIXe siècle. Depuis l'Église a-t-elle vraiment pensé à la nature des liens établis par les sacrements avec la nation juive ? -
On ne devrait pas chercher à comprendre la peinture abstraite ? Aucune Å«uvre ne saurait se passer de son interprétation, répond Ghislain Chaufour, la justification étant le but ultime de l'homme. C'est pourquoi l'herméneute réalise par gratitude une Å«uvre d'hommage, d'intelligence et de louange... Éternel exilé juif, Rothko connut la gloire avant de se donner la mort à New York en 1970. « Il a dicté ses éblouissements aperçus dans la splendeur et douleur, puis est mort d'épuisement. » Dans ce livre la littérature et la philosophie situent sa peinture au sommet d'une construction rigoureuse : « La perfection et beauté s'atteint dans les mathématiques pures, le sublime et la perfection dans les Å«uvres musicales purement spirituelles , et la perfection picturale dans l'abstraction », lorsque le peintre délaisse tout motif physique d'imitation en faveur du seul « sujet pictural ». Qu'est-ce que cela veut dire ? « Chez Rothko le divin se voit, et sans le moindre avertissement », voilà tout.
-
Le chemin de Jérusalem : une théologie politique
Shmuel Trigano
- Les Provinciales
- 11 Avril 2024
- 9782912833808
Comment et pourquoi le sionisme a-t-il fait revenir un État juif sur la scène de l´histoire si c´est pour qu´il devienne un État «?comme les autres?»?? Et pourquoi malgré tout «?l´Éternité d´Israël?» s´annonce paradoxalement dans cette entreprise?? En s´appuyant sur la pensée biblique et sur l´histoire pour éclairer la crise politique et militaire des derniers mois en Israël, ce livre s´efforce de comprendre et résoudre cette contradiction en imaginant un deuxième âge du sionisme, qui porterait à son terme l´espérance que les réalisations et avant tout la résurgence d´un État juif -?dans un fracas mondial vingt siècles après sa disparition?- auront suscitée. Revenant aux fondamentaux prophétiques du «?retour à Sion?», dans sa promesse universelle autant que singulière, Shmuel Trigano défriche dans ce livre le chemin embroussaillé qui mène «?de Sion à Jérusalem?», dans une perspective qui ferait d´elle le point de convergence des peuples de l´humanité.
-
Hirsh est un avocat célèbre de New York, dont les clients appartiennent au gotha des stars internationales. Il professe cet humanisme bon teint qui n'enlève rien à la somme de ses honoraires et de ses conquêtes sexuelles. Mais son égotisme assez désolant est chamboulé quand il se trouve embarqué en Israël dans les difficultés de son fils, arrêté brutalement après des attentats et accusé par les Services secrets d'avoir pris part avec son groupe de jeunes sionistes religieux à des représailles meurtrières contre un village arabe. Le récit conduit comme un film d'action ressemble parfois à la série israélienne « Fauda », mais nous assistons à la graduelle et intime transformation de Hirsh au contact de cette terre mystérieuse et dérangeante...
-
Massacre des innocents ; scènes de ménage et de tragédie
Fabrice Hadjadj
- Les Provinciales
- 14 Février 2019
- 9782912833570
Mystère des saints Innocents : La joie de la Nativité est immédiatement suivie de l'horreur de l'extermination. Comment celui qui apporte la paix peut-il inaugurer son règne par un carnage ? C'est comme si la foi portait avec elle sa radicale remise en cause. À quoi tu joues, mon Dieu, C'est-y comme ça qu'on exauce les prières ? La destruction des enfants de Bethléem par Hérode le grand, non juif établi sur le trône par l'occupant romain et qui se sent menacé par la naissance du Messie et vrai Roi d'Israël... évoque les horreurs modernes de l'extermination. AUTEUR Moins dogmatique sur la scène que dans ses essais, Fabrice Hadjadj montre dans son théâtre la force d'une parole plurielle au cÅ«ur des tensions entre Juifs et chrétiens, histoire et vie intérieure, foi et défi de l'extermination.
-
à quoi sert de gagner le monde ; une vie de saint François Xavier
Fabrice Hadjadj
- Les Provinciales
- 1 Janvier 2004
- 9782912833105
Approche, Antoine, que je te regarde, Que je puisse contempler à loisir ton visage. Encore une icône de vous, mon Dieu, plus belle que toutes celles faites de main d'homme, Encore un livre vivant, plus grand que tous ceux que nous pourrions écrire, Encore un visage comme le visage de ma mère pleurant sur les ruines de notre château de Xavier, Un visage comme le visage de mon Père Ignace pleurant sur les ruines du château de moi-même, Un visage comme tous ces visages, celui du médecin Cosme, de mon Paravers Rafael, d'Anjiro, de Ninxit et tous les autres jusqu'à celui-ci également incomparable, également sans égal, Autant de proues de votre mystère, ces visages par lesquels vous venez à moi, mon Dieu, avec cette route que vous glissez sous ma foulée, Avec les pavés de Paris et les prairies de Montmartre, Avec les canaux de Venise et les lagons de l'île du More, Avec les rues de Rome, les déserts du Cap Comorin, les neiges devant Miyako, c'est vous qui venez à moi, mon Dieu, Et maintenant cette brise qui me souffle de la Chine et de plus loin encore, c'est vous, mon Dieu, qui venez à moi. Car je sais à présent. Je sais et les gens qui parleront beaucoup ne sauront pas. Ils croiront que je partais gagner le monde alors que c'est vous qui partiez gagner mon âme, Ils croiront que j'allais porter le Christ aux Chinois alors que c'est vous, vous avant tout, qui le portiez à moi à travers eux, Et c'était à moi d'entrer d'abord par la porte du prochain, pour que nous sortions ensemble par la porte de Dieu, par votre porte. Y ai-je réussi ? Votre serviteur inutile a-t-il réussi ? AUTEUR Fabrice Hadjadj, philosophe, collabore régulièrement à Art Press, Le Figaro littéraire, Panorama et La Vie. Auteur dramatique, il dirige les travaux de la Compagnie du Caillou blanc. Il est l'auteur d'une dizaine de livres dont, notamment, Réussir sa mort (Seuil) et La Foi des démons (Salvator, 2009 ; prix 2010 de littérature religieuse).
-
A l'instant élu la communauté tout entière, par l'effet de l'universelle agression qu'elle a subie, peut être capable de consentir à la décision, d'initier un nouvel âge héroïque. Il ne sera certes pas celui des philosophes, nouveaux ni anciens. Les philosophes, s'ils se délivrent de leur préjugé que l'Esprit doit être sans puissance et que tout pouvoir est mauvais, y pourront jouer un rôle moins absurde, finalement, que celui de Platon à Syracuse. Quant aux spirituels, c'est l'un d'eux, Martin Buber, qui prophétisait la bonne modification du pouvoir en un nouvel âge : Je vois monter à l'horizon avec la lenteur de tous les processus dont se compose la vraie histoire de l'homme, un grand mécontentement qui ne ressemble à aucun de ceux que l'on a connus jusqu'ici. On ne s'insurgera plus seulement, comme dans le passé, contre le règne d'une tendance déterminée, pour faire triompher d'autres tendances. On s'insurgera pour l'amour de l'authenticité dans la réalisation contre la fausse manière de réaliser une grande aspiration à la communauté. On luttera contre la distorsion et pour la pureté de la forme, telle que l'ont vue les générations de la foi et de l'espoir. Un nouveau Moyen Age comme l'ont entrevu Berdiaeff et Chesterton. Les ricorsi ne sont pas de pures répétitions ni même de simples renouvellements. Sûrement : une manière de rendre vaine l'opposition de l'individualisme et du collectivisme, telle qu'en usent, pour leurs courtes ambitions, les barbares et les freluquets. L'âge des héros rebâtira un pouvoir ; il n'est pas de grand siècle du passé qui ne se soit donné cette tâche... AUTEUR Philosophe, théoricien politique et romancier, homme de la trempe d'un Jünger, Pierre Boutang (1916-1998) fonda et dirigea de 1955 à 1967 La Nation Française, hebdomadaire dans lequel il écrivit chaque semaine ses Politiques. Puis il publia notamment Ontologie du secret (1973), Le Purgatoire (1976), Reprendre le pouvoir (1978), Maurras, la destinée et l'Å«uvre (1984) et succéda à Emmanuel Levinas à la chaire de métaphysique de la Sorbonne en 1976. L'un des plus grands esprits de ce siècle (Le Figaro), auteur d'une Å«uvre multiforme et tempétueuse... d'une force de conviction et cohérence peu communes, et d'une imprudence qui se souciait peu des modes (Le Monde).
-
Philosophie de l'antisémitisme ; que signifie haïr les Juifs au XXIe siècle ?
Michaël Bar-zvi, Pierre-André Taguieff
- Les Provinciales
- 24 Octobre 2019
- 9782912833594
« Écrire une philosophie de l'antisémitisme au-delà de la tentation politique impose à un Juif de notre terrible siècle un défi sans pareil. La présence du phénomène est telle que les philosophes eux-mêmes n'ont pas su toujours résister aux captieuses questions, ni même aux promesses de lumière. Le Juif n'est plus Satan dans l'obscurité, mais la nuit elle-même. De Dreyfus à la dictature des pétrocraties, Jacob devenu Israël par sa victoire sur l'Ange ne parvient pas à maîtriser son diable?: l'antisémitisme. Sans quitter jamais l'esprit de l'homme moderne, il devient système, aventure horrible ou parole. Nulle philosophie n'est possible aujourd'hui hors des limites tracées par les expériences totalitaires. L'holocauste assure la continuité à l'ère de l'inflation et des ordinateurs.
Comme si les grands chiffres de la "crise"avaient conçu à l'avance une théorie du charnier et de la tyrannie dans laquelle la haine doit trouver son «compte». Économie de la persécution diraient nos actuels sophistes. Pourquoi porter préjudice à l'histoire de quelques erreurs de calcul?? Si l'antisémitisme n'est qu'un des visages de la bêtise, de l'hybris ou de la bestialité, comment expliquer l'odieux itinéraire qui mène la nation juive de l'émancipation à Auschwitz, à travers le siècle du pacifisme et de l'ennui?? Combien de temps nous faudra-t-il pour raconter à nos enfants que l'idée du bonheur a conduit le peuple à la nuque raide du Sanhédrin de Bonaparte aux Viatlags?? » Michaël Bar-Zvi, Philosophie de l'antisémitisme « L'oeuvre secoue, dérange. Son auteur a l'audace de distinguer entre les formes diverses de l'antisémitisme, de diagnostiquer les dernières venues, de proférer (d'un ton calme, avec un humour presque trop secret) des vérités désobligeantes... » Pierre Boutang « Plénitude et pertinence de la réflexion, excellence de l'écriture. » Emmanuel Levinas «Nourri d'une immense culture, Michaël Bar-Zvi est allé à l'essentiel, sans se soucier de respecter une quelconque orthodoxie. » Pierre-André Taguieff
-
Théologie de la cruauté : Saint Augustin, Sade et quelques autres
Ghislain Chaufour
- Les Provinciales
- 28 Mars 2024
- 9782912833792
En quatre romans obscènes (un tiers de son oeuvre), Sade décrit des destructeurs de dieu, des hommes et du monde, qui ne connaissent que trois contre-valeurs : la haine de Dieu miséricordieux , la haine de lÂ'amour, donc de la femme et de la Création , la cruauté qui tue en infligent dÂ'insupportables souffrances. Les théologies chrétiennes disent que nous disposons toujours des forces permettant de supporter nos épreuves. LÂ'insurmontable et insupportable nÂ'existe pas. DÂ'où ce silence au sujet de la cruauté : mentionnée, jamais étudiée et analysée, réduite à un excès de punition féroce. Or la doctrine de lÂ'enfer perpétuel affirme que les pires cruautés, absolument insupportables, appartiennent à la justice de Dieu miséricordieux. Quant aux laudateurs des romans obscènes de Sade, ils réduisent - avec les psychologues - la cruauté à une orientation sexuelle à laquelle on peut donner un libre cours plaisant. Que révèle la confrontation du Dieu miséricordieux avec la cruauté ?
-
Après les années d'apprentissage et les premiers succès, c'est l'homme mûr que ce 4e tome du Journal nous découvre : Richard Millet continue son exploration intérieure en déroulant la période la plus prestigieuse de l'écrivain dont tous les livres sont désormais publiés chez Gallimard et qui entre au comité de lecture de cette maison. Mais ces années (2003-2011) ne sont pas les plus heureuses, puisqu'il ne croit pas à ces prestiges et que sa lucidité donne au contraire à son regard sur les cuisines de la pauvre littérature dont notre siècle est capable une acuité qui lui sera fatale. « Depuis le début, élu au comité, cela ne semble être qu'un malentendu. » Il verra son « sentiment de la langue » se changer en malaise et sa répugnance à l'égard du milieu éditorial parisien mener à sa fatale éviction. « L'anecdote a, dans mes cahiers, une valeur politique », écrit-il et ici en effet, « chez Gallimard », c'est « la banque centrale » qui produit elle-même la « fausse monnaie ».
-
Le dhimmi ; profil de l'opprimé en Orient et en Afrique du nord depuis la conquête arabe
Bat Ye'or
- Les Provinciales
- 25 Janvier 2018
- 9782912833501
Réédition du fameux livre de Bat Ye'or, « ouvrage de référence sans équivalent » (Le Monde) qui fit émerger le dhimmi du néant silencieux de l'oppression et des génocides, et l'inscrivit peu à peu dans la conscience historique et le langage politique courant.
Les islamologues avaient pris l'habitude de définir les juifs et les chrétiens sous l'islam comme des minorités religieuses. On ne disait rien de leur origine, or ces populations représentent les restes des peuples ethno-religieux antérieurs à l'islam, autrefois majoritaires dans leur pays.
Une fois leur territoire conquis par le jihad ces populations étaient soumises à une sorte de pacte qui devint vite un statut imposé et infamant, la dhimma : la « protection » islamique s'exerçant dans un contexte de guerre ininterrompue, la condamnation à mort sanctionnait le refus de se soumettre. Ce fut la dhimma qui assura le succès de la politique d'arabisation et d'islamisation. Son abrogation au XIXe s. sous la contrainte de l'Occident n'a sans doute pas modifié les doctrines et les représentations musulmanes en profondeur.
Réduits à un état de subordination, de vulnérabilité et de dégradation extrême, toute critique de l'oppresseur étant blasphématoire, ces peuples dhimmi traversèrent les siècles avec une telle discrétion que l'histoire en conserva difficilement les traces. Peuples sans passé, ils étaient aussi des peuples sans droits, incarnant une condition de non-existence et d'injustice permanente.
Dès la parution de ce premier livre, Jean-Pierre Péroncel-Hugoz et Jacques Elul dans Le Monde avaient souligné que Bat Ye'or, « en parlant d'une façon scientifiquement irréfutable, des opprimés dans la civilisation arabe et musulmane », prenait « le contrepied d'une mode tendant à présenter l'islam comme le carrefour de toutes les tolérances, face à un Occident naguère encore impitoyable pour les minoritaires ». Le Dhimmi révélait aux juifs et aux chrétiens orientaux leur propre histoire, qui pour la plupart l'ignoraient.
Cette ignorance et leur situation de peuple-otage les avaient incités à se faire les porte-paroles en Occident de leurs oppresseurs et à oeuvrer à leur propre destruction, dont les derniers épisodes sanglants ont fini par nous interpeler. Mais dans les années soixante-dix, Bat Ye'or découvrait « cet énigmatique personnage, le dhimmi, surgit de ses linceuls d'histoire » : « À mesure que j'éclairais ses diverses facettes, s'éveillaient simultanément contre moi des attaques et des vindictes exprimées jusqu'en 2010 quand le gouvernement de l'Etat Islamique, fort opportunément venant à mon secours par le rétablissement de la charia, confirma tous mes écrits. » En rassemblant pour la première fois sous ce titre une réalité historique refoulée et niée ce livre expose le dhimmi dans sa réalité humaine et non dans la vision de son oppresseur qui le déshumanisait pour l'asservir. Aujourd'hui, on se rend mieux compte de son caractère politique explosif. Alors que les médias et l'élite culturelle vilipendaient le racisme et le colonialisme, et se confondaient en témoignages d'admiration pour l'islam, ce livre mettait au centre d'une histoire de treize siècles sur trois continents, le dhimmi juif, chrétien, ou autre colonisé par les Arabes, dans ses vêtements d'opprobre.
-
Si le ciel de ce jour vous paraît vide au-dessus de vos têtes, tel un mauvais livre, c'est parce que vous ne regardez pas assez où vous mettez les pieds. Une des plus solides données de la métaphysique est bel et bien la fleur de pissenlit, et un râteau aurait suffi pour sauver Sartre de la Nausée. Y a-t-il plus grand mystère que mon voisin (avec sa serviette,son cardigan et son noeud papillon) ? Or je ne puis, comme Descartes, douter de l'existence de M. Franchon. La foi ni la raison ne se moquent de notre monde, elles ne détournent pas de la terre : elles y font resplendir la vérité. En ramenant la métaphysique de plein droit sur la terre, ce petit livre représente un jalon intellectuel important dans la réappropriation du politique. Dans une première partie, un sol pour la métaphysique, il s'élève avec la sereine poésie du bon sens contre les abstractions délétères qui jettent le trouble au point de nous désespérer du monde et de l'histoire biblique. Dans une deuxième partie, un ciel pour notre patrie, il redonne à la piété envers la terre ses fondements philosophiques et religieux, tout en répondant aux accusations d'idolâtrie du politique, et c'est vers cette terre à la fin qu'il s'abaisse gravement jusqu'à évoquer l'ultime enracinement... « Ora et labora, c'est la devise bénédictine, la devise d'une vie de bénédictions. Prie et travaille. Contemple et laboure. Laboure avec ton âme et contemple avec tes mains. Change l'épée en soc, trace un sillon comme une prière, chante un verset comme une semence, et creuse, creuse toute chose jusqu'à Dieu. »
-
-
Pour une politique de la transmission ; réflexions sur la question sioniste
Michaël Bar-zvi
- Les Provinciales
- 7 Avril 2016
- 9782912833440
Le sionisme est devenu la question centrale de la pensée politique contemporaine, sa pierre de touche ou d'achoppement. Son rejet a pour prétexte et pour effet une critique en profondeur de la transmission. Impliquée dans un combat idéologique sans merci, l'Europe se démunit de son héritage et refuse d'assumer son origine spirituelle, laquelle démontre précisément un lien « ?gênant? » avec Israël. Face aux chantages et aux charges d'irrationalité et d'ignorance, elle se déchristianise, se déjudaïse et nomme cette normalisation « ?laïcité? », « ?modernité? », voire « ?humanisme? ».
Le sionisme à l'inverse n'a cessé de puiser dans le passé d'un peuple singulier la force de reprendre sa place dans l'histoire. Revenir, exister et même progresser, ce n'est pas échapper au danger en se renonçant, c'est transmettre, parfois au prix de la vie? ; ce n'est pas rompre avec un héritage obsédant, ni en être le gardien résigné ou craintif - mais se montrer capable de le métamorphoser en pulsion de vie.
Retourner dans l'histoire fera toujours courir le risque de se faire broyer par elle, mais ce qui rend si puissamment entraînante et dérangeante la rédemption nationale d'Israël aujourd'hui, c'est savoir que je ne suis pas le premier et peut-être pas le dernier. Ce « ?profond exister? » (Pinsker) a permis de concilier l'idée de sacrifice avec le précepte fondamental du judaïsme? : « ?Tu choisiras la vie? ». Le judaïsme n'est pas une identité ou un carcan, mais la liberté de répondre à l'injonction de transmettre? : « ?le monde est suspendu au souffle des enfants à l'écoute de leur maître? », dit le Talmud, et le sionisme a maintenu cette transmission par des moyens nouveaux - la politique, la guerre - tandis que l'Europe s'exilait avec effroi d'elle-même. Levinas avait bien vu pourtant ce qui devrait apparaître plus clairement désormais? : « ?Nous sommes tous des Juifs israéliens? ». appelés à transfigurer le feu dévorant et vengeur en muraille protectrice. Car comment rester une nation sans souveraineté? ? Et sans peuple ni langue ni mémoire commune, comment avoir un horizon? ? Une culture n'est pas un ministère pour les loisirs mais notre ressort vital, et l'éducation à l'histoire et à la vérité connue n'est pas une option mais un axe de défense stratégique. Le sionisme concentre aujourd'hui toutes les attaques contre l'idée de transmission. Au carrefour de toutes les détestations démocratiques ou totalitaires il proclame seul que la politique pourrait encore sauver.
-
En 1949 le diplomate retraité Paul Claudel voulut célébrer la création de l'État d'Israël en extrayant cent pages assez brûlantes de l'Évangile d'Isaïe à laquelle il travaillait :
« Tout de même c'est arrivé ! c'est arrivé sous nos yeux et cela sent encore, cela fume encore ! » Alors que les armées arabes et juive viennent à peine de cesser le feu, à un moment où l'on ne s'apitoie guère sur la tribulation de rescapés des « infatigables cheminées d'Auschwitz », où le principe d'un nouveau concile et la responsabilité de l'antisémitisme chrétien sont encore peu évoqués, quarante ans avant la reconnaissance de l'État juif par l'Église, Claudel veut célébrer « ce perpétuel Mercredi des Cendres » dont « Israël a fait son habitation » : « Je songe à ces flocons de suie humaine répartis par les quatre vents à tous les peuples d'Europe ».
Avec la franchise un peu rugueuse qui caractérise le grand poète, il évoque « la promesse à Abraham » et « Israël par sa seule force reprenant possession de la terre de ses pères, refoulant les occupants, reconnu comme une nation autonome » car : « Ici tu es chez toi. Il n'y a pas prescription. Il n'y a jamais eu un acte juridique pour te déposséder ».
« Leur retour à la Terre promise n'a pas eu le caractère d'un accident, écrit-il, mais d'une nécessité. Il n'y avait pas profanation idolâtrique du véritable Israël que nous devrions être, nous chrétiens ».
-
Qu'est-ce qui fait vivre un homme à l'approche de la mort, quand le mal l'a atteint irrémédiablement ? Comment cela change-t-il ses relations à autrui ? La mort, dont on ne lui parle pas, de quelle manière est-ce qu'il y pense, est-ce qu'il l'ignore ? De quel oeil regarde-t-il sa propre déchéance physique ?
Les convictions d'un caractère trempé, est-ce qu'elles se modifient à la fin ? L'introspection, la remise en cause, la culpabilité, le sentiment d'échec, la mélancolie dominent-ils ? Quand est-ce que le souci de l'oeuvre à accomplir disparaît ?
Michaël Bar-Zvi n'a pas « voulu » répondre à ces questions pendant les derniers mois de sa vie, il a seulement continué à donner aux siens et à ce peuple qui est le sien « ce qu'il nous reste d'être » - et cela a produit ces notes étranges, comme venues d'ailleurs...
A plusieurs reprise il indique qu'il se confronte à « l'exil intérieur » et c'est avec un accent kafkaïen qu'il peut prononcer cette phrase : « Je vais essayer de vivre une journée normale ».
« Né pour les courtes joies et les longues douleurs », la douleur principale à laquelle il se confronte pourtant n'est pas physique, c'est que le temps (le temps de la maladie), « ce temps ne m'est pas donné ».
Dans cette situation les sujets habituels - discuter ceci, rapporter cela, plaisanter l'être et le néant - deviennent un exercice plus difficile, mais curieusement cette étrange nouveauté qui envahit tout, bouleverse tout et contre laquelle lui aussi voudrait bien s'arrimer ou du moins se tenir assez droit, ouvre en lui une intimité, permet une intrusion dans sa vie intérieure comme jamais.
Cette sorte de confession pourtant ne réduit pas l'écart entre lui et nous, elle montre plutôt l'ultime recès et la noblesse du combat qui s'y livre, citadelle intérieure, théâtre de la dernière bataille au plus près de la « chambre du roi » devant laquelle on ne dépose pas son arme et qui ne sera jamais livrée.
Ce dans quoi Michaël Bar-Zvi fut élevé, le souvenir au retour des camps, il le rejoint grâce à la simple vertu d'une vie traversée de bout en bout. Comme le lieutenant du « Désert des Tartares », en s'approchant humblement de l'unique destin, il donne un sens non seulement à tout ce qu'il a vécu dans la fidélité, mais à la geste de tous ceux qui forcément se rejoignent tôt ou tard dans la banalité de la mort.
Il n'y a aucun obstacle entre les hommes puisqu'ils finissent, et l'exigence à leur égard ne s'éteint pas de par leur défection mais révèle à cette occasion une toute puissante douceur. En un sens c'est presque insoutenable. Michaël Bar-Zvi est mort le 29 mai et ses mots peuvent remplir d'infinis regrets, mais le regret est peut-être le dernier don que l'on puisse recevoir de celui qui disparaît.
Comment franchir l'obstacle de l'altérité qui n'est en somme pleinement révélé que par l'amour, c'est-à-dire un respect infini ?
Ces textes apparaissent comme des derniers signaux en provenance d'un bateau déjà lointain, qui se raréfient à mesure qu'il s'écarte et cesseront tout à fait quand il disparaîtra au large.
La suite n'existe pas.
« Je n'entends pas écrire pour la postérité mais pour une antériorité, pour devancer ma pensée ou pour ne pas la laisser passer. La pensée anthume est une ouverture, un passage, ou seulement une embrasure sur ce qui advient, beaucoup plus qu'une réflexion sur ce qui est déjà arrivé. Il ne s'agit pas d'anticiper ou de prévoir les événements, mais de nous préparer à les vivre sans les connaître. L'accueil du nouveau, de l'inattendu ou de l'intrus représente toujours une menace, vécu parfois comme une provocation ou une violence à notre tranquillité. L'anthume c'est essayer d'être en avance sans pour autant arriver trop tôt. » écrivait Michaël Bar-Zvi.?AUTEUR Philosophe d'une grande rigueur, marqué par ses maîtres Emmanuel levinas et Pierre Boutang, Michaël Bar-ZVi a été Professeur de Philosophie à l'Institut Levinsky de Tel Aviv, et Délégué général du KKL (Fonds national juif). Théoricien du sionisme et de l'histoire d'Israël, ses livres, à partir d'analyses historiques rigoureuse
-
On a un peu oublié en France (l'a-t-on jamais bien su ?) la détermination avec laquelle les Juifs ont été expulsés d'Égypte en 1956 par Gamal Abdel Nasser, le « Raïs ». Tel n'était pas le cas de la jeune fille juive qui avait vu son monde au bord du Nil sombrer, et se retrouvait soudain à Londres « apatride » pour le raconter - mais à qui ? Dans le brouillard des rues, dans l'ennui ou l'indifférence des salles de cours qu'elle fréquentait, et dans la solitude des bibliothèques et des cahiers griffonnés à l'ombre de ses personnages, elle se trouvait hantée par les souvenirs des choses et des êtres disparus, non seulement sa jeunesse, sa famille, la société dorée encore « multiculturelle » du Caire, mais le peuple et la culture millénaire dispersés à jamais qui s'étaient découverts violemment comme les siens. Il y avait eu des Juifs depuis toujours en Egypte, il n'y en aurait plus guère : pour survivre à la dépossession de leurs biens, de leur profession, de leurs droits, de leur nationalité, surmonter le mépris soudain, les lynchages, l'arbitraire d'un régime et de sa police, et l'héritage de haine soigneusement entretenu, ils avaient dû quitter leur pays natal, laisser ce qu'il leur restait, leurs tombeaux et s'engager à ne jamais revenir dans ce pays, qui était pourtant « leur » pays... « les Pyramides lointaines, voilées un instant par les felouques glissant sur le fleuve, les fleurs jaunes ou mauves des jacarandas jonchant les trottoirs, les innombrables domestiques assis sur des bancs au seuil des immeubles de marbre, les doigts dans les orteils, les feuilles d'eucalyptus pendant aux branches comme des larmes au soleil, la lumière explosant dans l'air rare, éparpillant les paillettes du fleuve et ses odeurs stagnantes, et les faubourgs industriels, emplis de foule et de poussière, où des troupeaux de chameaux et chèvres immobilisaient des automobilistes dépoitraillés, les cheiks délirant au sommet des minarets, et à la limite de la ville, avant la fournaise du désert, l'univers de l'extrême déchéance, d'où surgissait parfois un enfant scrofuleux et nu allant fouiller des collines d'immondices... » « Derrière les vents paisibles, la persécution se déchaînait... » Car « les Juifs sont nos chiens », ainsi s'exprimait la propagande d'alors, mais en Europe on n'était pas prêt à entendre cela de la bouche des « apatrides », un peu comme une dizaine d'années auparavant, on n'avait pas voulu écouter non plus les voix de Katzetnik ou de Primo Levi. Le sommes-nous davantage aujourd'hui ? La jeune fille un peu nietzschéenne, redoutant d'être fouillée à la frontière, avait brûlé tous ses écrits avant de partir, et elle aura enseveli celui-ci, ce « roman » rédigé peu après cette déchirure, pendant plus d'un demi-siècle. Entre temps, elle se sera longuement investie dans des recherches harassantes pour comprendre ce qui s'était passé, devenant Bat Ye'or, « la fille du Nil » - mais c'était d'abord pour servir de matériau à son écriture romanesque qu'elle s'astreignit à explorer les mécanismes du jihad et les siècles de la dhimmitude, qui des rives du Nil jusqu'au cÅ«ur de l'Europe cette fois, exposent sous nos yeux la violence et les nécessités d'une civilisation oubliant toute mesure, jusqu'à éradiquer de ses territoires les témoins de sa propre origine et de son arbitraire. Il s'agit donc d'un nouveau crépuscule, « de ce côté de l'eau », où se bousculent encore une fois les spectres d'un passé qui ne veut pas mourrir, tous ces personnages qui tambourinent à la porte et dont la mémoire ne s'apaiserait vraiment que d'obtenir justice, c'est-à-dire que leurs récits changent au moins le regard de leurs persécuteurs. AUTEUR Depuis la parution du dernier roman de Houellebecq et les attentats concomitant en janvier 2015, Jean Birnbaum dans Le Monde, veut absolument faire croire que Bat Ye'or n'est qu'une affabulatrice. Mais si ses travaux ont assez évidemment inspiré Soumission, il prétend que l'historienne ne trouverait l'aboutissement de cinquante ans d'exil, de travail et de combat intellectuels que dans la publication de ce roman, qui a tellement dérangé ses anciens adeptes. Birnbaum termine le dernier grand article qu'il a consacré à l'historienne et essayiste (le Monde du 15 février 2018) avec cette conclusion assez étonnante : « De livre en livre, finalement, Bat Ye'or aura théorisé cette expérience d'inquiétude et de vulnérabilité, la radicalisant peu à peu jusqu'à l'universaliser dans un grand récit aux prétentions scientifiques douteuses, mais aux effets politiques explosifs. (...) Ainsi l'intellectuelle britannique a-t-elle renoué, consciemment ou non, avec ce qu'elle présente comme sa vraie passion, la fiction. » Et il se demande si « Michel Houellebecq n'aurait pas déjà rédigé une version romanesque de ses pamphlets politiques ». Sauf que Bat Ye'or ne cherche pas à enrôler la plume de qui que ce soit et c'est en suivant sa propre temporalité dans les rudes chemins de l'histoire qu'elle publie maintenant ses récits pas du tout futuristes mais historiques, décrivant sur plusieurs générations la condition, les préoccupations et les débats d'idées qui affectèrent la communauté juive d'Égypte entre 1812 et 1957. De Bat Ye'or Les provinciales ont publié : L'Europe et le spectre du califat (2010), Le Dhimmi, profil de l'opprimé après la conquête arabe en Orient et en Afrique du nord (2018), Autobiographie politique, de la découverte du dhimmi à Eurabia (2018).
-
Avec ce nouveau roman situé au Caire, Bat Ye?or commence une ambitieuse trilogie historique évoquant la manière dont trois générations successives ont traversé la vie mouvementée des Juifs d?Égypte depuis le début du XIXe siècle jusqu?aux années cinquante, Nasser : « Bienheureux les souffrants... »