Stefan Zweig
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Qui est cet inconnu capable d'en remontrer au grand Czentovic, le champion mondial des échecs, véritable prodige aussi fruste qu'antipathique ? Peut-on croire, comme il l'affirme, qu'il n'a pas joué depuis plus de vingt ans ?
Les circonstances dans lesquelles l'homme a acquis sa science du jeu sont terribles. Elles renvoient aux expérimentations nazies sur les effets de l'isolement absolu, lorsque, aux frontières de la folie, le cerveau humain parvient à déployer ses facultés les plus étranges.
Dans cette fable inquiétante parue parue en 1943, un an après son suicide, Zweig porte un regard désespéré sur une époque qui ne laisse comme alternative que la démence ou la mort.
Edouard Baer donne toute sa dimension à ce grand texte où l'angoisse est sans cesse à fleur de mots. -
Portugais de petite noblesse, simple marin, Magellan apprendra sous le commandement de l'amiral Almeira, combattra en mer, aux Indes ; sera plusieurs fois blessé. La mer, la route des épices, il connaît, se passionne pour. «Il ne savait ni sourire, ni plaire, ni se rendre agréable ; il était en outre incapable d'exposer ses idées avec éloquence». Peu loquace, renfermé, retranché dans son isolement, cet éternel solitaire créait autour de lui une glaciale atmosphère de gêne et de méfiance. Il montera pourtant une expédition avec 5 navires et 250 hommes, sous l'égide du roi Carlos 1er (Charles Quint).
Le récit tant du montage de l'expédition que du périple en lui-même est haut en couleurs, plein de rebondissements, passionnant. On le dévore comme le meilleur des romans d'aventures. On est là, à bord du bateau amiral, déplorant les altercations avec les 3 capitaines Espagnols ; on vibre au rythme des flots, des grains, des tempêtes ; on hurle parfois à l'incompréhension ; on se rebiffe devant l'injustice ; on craint sa rudesse ; on a peur du renoncement...
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Lettre d'une inconnue est un des textes les plus déchirants qui soient, souvent adapté au théâtre. C'est la confession, à la veille de sa mort, d'une femme à un homme qu'elle a aimé toute sa vie et qui ne l'a jamais vraiment "vue", jamais vraiment regardée.
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Le cynisme de la boutade aura beaucoup fait pour la fâcheuse réputation de Marie-Antoinette. Des Parisiens affamés, elle aurait dit : « Ils n'ont pas de pain ? Qu'ils mangent de la brioche ! » Mot très certainement apocryphe, mais révélateur du portrait de femme futile et débauchée qui fut fait de l' « Autrichienne » après la Révolution. Zweig, s'appuyant sur les archives de l'Empire autrichien, retrace avec pénétration l'évolution de cette trop jeune reine de 15 ans, que la faiblesse de Louis XVI va précipiter dans un tourbillon de fêtes avant de la vouer à la guillotine.La lecture de Laurent Jacquet, mêlant sensibilité et rigueur, rend pleinement justice aux exceptionnelles qualités de biographe de Stefan Zweig.
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Au soir de sa vie, un vieux professeur se souvient de l'aventure qui, plus que les honneurs et la réussite de sa carrière, a marqué sa vie. A dix-neuf ans, il a été fasciné par la personnalité d'un de ses maîtres ; l'admiration et la recherche inconsciente d'un Père font alors naître en lui un sentiment mêlé d'idolâtrie, de soumission et d'un amour presque morbide.
Freud a salué la finesse et la vérité avec lesquelles l'auteur d'Amok et du Joueur d'échecs restituait le trouble d'une passion et le malaise qu'elle engendre chez celui qui en est l'objet.
Paru en 1927, ce récit bref et profond connut un succès fulgurant, en raison de la nouveauté audacieuse du sujet. Il demeure assurément l'un des chefs-d'oeuvre du grand écrivain autrichien.
L'exceptionnel talent de Daniel Mesguich lui permet une interprétation inspirée de ce texte, qui en respecte toutefois la bouleversante sobriété. -
Le monde d'hier ; souvenirs d'un européen
Stefan Zweig
- Le Livre Qui Parle
- 15 Novembre 2019
- 3354621002781
Le monde d'hier, c'est la Vienne et l'Europe d'avant 1914, où Stefan Zweig a grandi et connu ses premiers succès d'écrivain, passionnément lu, écrit et voyagé, lié amitié avec Freud et Verhaeren, Rilke et Valéry... Un monde de stabilité où, malgré les tensions nationalistes, la liberté de l'esprit conservait toutes ses prérogatives. Livre nostalgique ? Assurément. Car l'écrivain exilé qui rédige ces «souvenirs d'un Européen» a vu aussi, et nous raconte, le formidable gâchis de 1914, l'écroulement des trônes, le bouleversement des idées, puis l'écrasement d'une civilisation sous l'irrésistible poussée de l'hitlérisme... Parsemé d'anecdotes, plein de charme et de couleurs, de drames aussi, ce tableau d'un demi-siècle de l'histoire de l'Europe résume le sens d'une vie, d'un engagement d'écrivain, d'un idéal. C'est aussi un des livres-témoignages les plus bouleversants et les plus essentiels pour nous aider à comprendre le siècle passé.
Rédigé en 1941, alors que, émigré au Brésil, Stefan Zweig avait déjà décidé de mettre fin à ses jours, Le Monde d'hier est l'un des plus grands livres-témoignages de notre époque. Zweig y retrace l'évolution de l'Europe de 1895 à 1941, le destin d'une génération confrontée brutalement à l'Histoire et à toutes les « catastrophes imaginables ».
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Auteur de nombreuses biographies (Fouché, Balzac, Marie-Antoinette, Magellan, ... ), Stefan Zweig dresse avec psychologie le portrait d'un homme libre et tolérant.
Alors qu'il fuit la guerre dans le lointain Brésil, Stefan Zweig cherche dans l'oeuvre de Montaigne à soulager son désespoir, mais aussi dans l'expérience vécue d'un homme qui se trouva dans une situation proche de la sienne.
" Montaigne a fait la tentative la plus difficile qui soit sur Terre : vivre par soi-même, être libre et le devenir toutjours plus ... " .
Le dernier de ses écrits avant qu'il ne se suicide au Brésil, est un de ses plus personnels, intenses, essentiels et épurés, qui sera publié à titre posthume.
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Reine d'Écosse à l'âge de six jours, en 1542, puis reine de France à dix-sept ans par son mariage avec François II, Marie Stuart est veuve en 1560. Elle rentre alors en Écosse et épouse lord Darnley, avant de devenir la maîtresse du comte Bothwell. Lorsque ce dernier assassine Darnley, Marie doit se réfugier auprès de sa rivale, Élisabeth Ire, reine d'Angleterre.
Celle-ci la retiendra vingt ans captive, avant de la faire condamner à mort. Son courage devant le supplice impressionnera les témoins, au point de métamorphoser celle que l'on disait une criminelle en une martyre de la foi catholique...
Sur cette figure fascinante et controversée de l'histoire britannique, le biographe de Marie- Antoinette et romancier de Vingt-quatre heures de la vie d'une femme a mené une enquête rigoureuse. Ce récit passionné et critique nous la restitue avec ses ombres et ses lumières, ses faiblesses et sa grandeur.
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Joseph Fouché (1759-1820) est l'une des figures les plus énigmatiques de son temps. Il a servi avec zèle la République, le Directoire, le Consulat, l'Empire et la Monarchie. Homme de l'ombre, disciple de Machiavel, Fouché aura survécu à tous les changements de régime sans jamais se départir de cette « absence de conviction » qui fascina Balzac autant que Stefan Zweig.
Élève chez les Oratoriens, il devint sous la Révolution un pilleur d'églises. Conventionnel modéré, il vota la mort du roi et participa activement au massacre des Lyonnais royalistes. Ambassadeur du Directoire à Dresde, il cambriola son ambassade. Ministre de la Police, à l'abri derrière ses fiches et ses mouchards, il tint tête à Talleyrand et à Bonaparte. Signataire du premier manifeste sur l'égalité, il meurt richissime, duc d'Otrante et sénateur.
Joseph Fouché, c'est l'art du reniement, la grâce du traître. Il n'y a pas de personnalité plus décriée que cet homme politique au sang-froid.
Stefan Zweig nous donne ici un saisissant portrait de Fouché, en qui il voit la première incarnation d'un type politique moderne : l'homme de l'ombre, dissimulé, manipulateur, actionnant en coulisses les mécanismes du pouvoir réel.
Illustrations sonores tirées de Beethoven : Symphonie n°7, deuxième mouvement, Allegretto
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L'histoire de la folie d'Amok, cette folie des Indes lorsque le soleil brûle et que l'air est suffocant. Un médecin caché sur un bateau raconte une histoire au narrateur : comment une femme est venue le voir, pleine d'orgueil, pour lui demander de pratiquer un avortement. Voulant mettre à l'épreuve le mépris qu'elle lui montre, et se sachant le seul médecin suffisamment doué pour mener à bien une telle opération interdite par la loi, il dit ne vouloir accepter que si elle se donne à lui...
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Une femme bourgeoise, Irène, trompe par ennui et curiosité son époux, un des plus éminents avocats de la ville. Peu à peu, l'angoisse d'être surprise se referme sur elle comme une eau qui monte. Un jour, une femme rustre l'accuse d'adultère à la sortie de chez le jeune pianiste, son amant. Dès lors, Irène vit dans une panique aiguë, constante, qu'elle s'efforce de masquer.
« Lorsque Irène, sortant de l'appartement de son amant, descendit l'escalier, de nouveau une peur subite et irraisonnée s'empara d'elle. Une toupie noire tournoya devant ses yeux, ses genoux s'ankylosèrent et elle fut obligée de vite se cramponner à la rampe pour ne pas tomber brusquement la tête en avant... Quand elle s'en retournait chez elle, un nouveau frisson mystérieux la parcourait auquel se mêlaient confusément le remords de sa faute et la folle crainte que dans la rue n'importe qui pût lire sur son visage d'où elle venait et répondre à son trouble par un sourire insolent. » S. Z.
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Le Voyage dans le passé, c'est le récit des retrouvailles entre un homme et une femme qui se sont naguère aimés - et voudraient s'aimer encore. Mais l'amour peut-il résister à l'usure du temps, à la trahison, à la tragédie?
Un texte bouleversant, inédit en français, où l'on retrouve toute la subtilité de l'art de Zweig, merveilleusement servi par la voix de Thibault de Montalembert, dont les qualités d'interprète ont été saluées par le Coup de coeur de l'Académie Charles Cros pour sa lecture des Inconnus dans la maison, de Simenon. -
Stefan Zweig est fasciné par les grandes aventures de l'esprit humain, et particulièrement celle de la création romanesque.
Trois maîtres, ce sont trois «géants» du XIXe siècle qui ont forgé un univers autonome, portant l'empreinte d'une puissante personnalité, avec ses types humains, ses lois morales, sa métaphysique.
Chez Balzac, l'élan créateur exprime une volonté de puissance par rapport à la société ; chez Dostoïevski, l'affirmation d'un destin tendu entre extase et anéantissement ; chez Dickens, l'accord entre un génie individuel et les traditions d'une époque. Chacun incarne ainsi un «type» d'artiste exemplaire.
Pénétration psychologique, admiration passionnée, intime complicité d'un romancier avec ses grands modèles, font de Trois Maîtres un chef-d'oeuvre critique inégalé.
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Correspondance
Sigmund Freud, Stefan Zweig, Gisella Hauer, Didier Plassard, Roland Jaccard, Lidia Breda
lu par JEAN-FRANCIS MAUREL; MARC-HENRI BOISSE- Brumes De Mars
- 14 Mars 2013
- 3760160780200
Zweig est vraiment le fils que Freud aurait aimé avoir : il apprécie en lui sa " modestie intérieure " tout en étant séduit par l'écrivain, si proche à bien des égards d'Arthur Schnitzler qu'il considérait comme son " frère jumeau " (Roland Jaccard).
Pendant trente ans, Freud et Zweig vont échanger des lettres dans lesquelles percent l'admiration, et même une certaine affection, qu'ils ont l'un pour l'autre. Freud considère très vite Zweig comme un écrivain visionnaire, et Zweig est un des premiers à entrevoir le génie de son ainé.
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Amerigo ; récit d'une erreur historique
Stefan Zweig
- Le Livre Qui Parle
- Voyager
- 7 Juillet 2018
- 3354621002644
Pourquoi a-t-on utilisé , pour baptiser cette partie du monde, le prénom d'Amerigo Vespucci?
Alors même qu'il s'installe en Amérique, Stefan Zweig reconstitue l'enchevêtrement des circonstances, des hasards, des malentendus qui sont à l'origine de cette étrange erreur.
Écrivain constamment soucieux d'élargir son horizon, il nous invite ici à voir le monde avec les yeux des hommes du xve siècle, leurs connaissances, leurs incertitudes, Grace à ses talents de conteur, Stefan Zweig mène l'enquête, échafaude les différentes pistes possibles pour expliquer ce malentendu historique.
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Grand émoi chez les clients d'une petite pension de la Côte d'Azur au début du siècle : la femme d'un des pensionnaires, Mme Henriette, est partie avec un jeune homme qui pourtant n'avait passé là qu'une journée.
Seul le narrateur prend la défense de cette créature sans moralité. Et il ne trouvera comme alliée qu'une vieille dame anglaise sèche et distinguée. C'est elle qui, au cours d'une longue conversation, lui expliquera quels feux mal éteints cette aventure a ranimés chez elle.
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Le bouquiniste Mendel et 2 autres nouvelles
Stefan Zweig
- Le Livre Qui Parle
- 10 Décembre 2020
- 3354621002880
Le bouquiniste Mendel Dans la Vienne du début du siècle, il n'est pas un bibliophile qui ne connaisse Jakob Mendel, catalogue vivant de l'ensemble du savoir imprimé. Monomaniaque à la mémoire prodigieuse, affreusement peu doué en affaires, il est affligé d'une boulimie bibliographique qui fait de lui un homme précieux. Il délivre ses expertises érudites à tous les amateurs ou spécialistes qui ont le bon sens de venir le consulter. La collection invisible . Le collectionneur, aveugle dès avant le début de la Première Guerre mondiale, est persuadé de posséder une formidable collection, digne de faire pâlir d'envie le conservateur du «cabinet royal des estampes de Vienne ou de Paris,» ce que semble attester les achats effectués depuis près de soixante ans chez l'antiquaire. Mais la réalité est bien autre. La peur Irène Wagner cette grande bourgeoise, a un mari. Mais, elle qui a tout, elle se sent lasse, inutile, c'était jusqu'à ce qu'elle rencontre un jeune peintre de basse extraction.
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Scandale dans une pension de famille « comme il faut », sur la Côte d'Azur du début du siècle : Mme Henriette, la femme d'un des clients, s'est enfuie avec un jeune homme qui pourtant n'avait passé là qu'une journée... Seul le narrateur tente de comprendre cette « créature sans moralité », avec l'aide inattendue d'une vieille dame anglaise très distinguée, qui lui expliquera quels feux mal éteints cette aventure a ranimés chez elle.
Ce récit d'une passion foudroyante, bref et aigu comme les affectionnait l'auteur de Lettre d'une inconnue et du Joueur d'échecs, est une de ses plus incontestables réussites.
Tension, densité, émotion : tous ces mots conviennent autant à ce magnifi que récit de Stefan Zweig qu'à l'interprétation magistrale qu'en donne Marie-Christine Barrault.