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Romain Gary
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«- Tu seras un héros, tu seras général, Gabriele D'Annunzio, Ambassadeur de France - tous ces voyous ne savent pas qui tu es ! Je crois que jamais un fils n'a haï sa mère autant que moi, à ce moment-là. Mais, alors que j'essayais de lui expliquer dans un murmure rageur qu'elle me compromettait irrémédiablement aux yeux de l'Armée de l'Air, et que je faisais un nouvel effort pour la pousser derrière le taxi, son visage prit une expression désemparée, ses lèvres se mirent à trembler, et j'entendis une fois de plus la formule intolérable, devenue depuis longtemps classique dans nos rapports : - Alors, tu as honte de ta vieille mère ?»
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Signé Ajar, ce roman reçut le prix Goncourt en 1975. Histoire d'amour d'un petit garçon arabe pour une très vieille femme juive : Momo se débat contre les six étages que Madame Rosa ne veut plus monter et contre la vie parce que «ça ne pardonne pas» et parce qu'il n'est «pas nécessaire d'avoir des raisons pour avoir peur». Le petit garçon l'aidera à se cacher dans son «trou juif», elle n'ira pas mourir à l'hôpital et pourra ainsi bénéficier du droit sacré «des peuples à disposer d'eux-mêmes» qui n'est pas respecté par l'Ordre des médecins. Il lui tiendra compagnie jusqu'à ce qu'elle meure et même au-delà de la mort.
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«La viande ! C'était l'aspiration la plus ancienne, la plus réelle, et la plus universelle de l'humanité. Il pensa à Morel et à ses éléphants et sourit amèrement. Pour l'homme blanc, l'éléphant avait été pendant longtemps uniquement de l'ivoire et pour l'homme noir, il était uniquement de la viande, la plus abondante quantité de viande qu'un coup heureux de sagaie empoisonnée pût lui procurer. L'idée de la "beauté" de l'éléphant, de la "noblesse" de l'éléphant, c'était une idée d'homme rassasié...»
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«C'était un chien gris avec une verrue comme un grain de beauté sur le côté droit du museau et du poil roussi autour de la truffe qui le faisait ressembler au fumeur invétéré sur l'enseigne du Chien-qui-fume, un bar-tabac à Nice, non loin du lycée de mon enfance. Il m'observait, la tête légèrement penchée de côté, d'un regard intense et fixe, ce regard des chiens de fourrière qui vous guettent au passage avec un espoir angoissé et insupportable. Il entra dans mon existence le 17 février 1968 à Beverly Hills, où je venais de rejoindre ma femme Jean Seberg, pendant le tournage d'un film.»
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Pour Ludo le narrateur, l'unique amour de sa vie commence à l'âge de dix ans, en 1930, lorsqu'il aperçoit dans la forêt de sa Normandie natale la petite Lila Bronicka, aristocrate polonaise passant ses vacances avec ses parents. Depuis la mort des siens, le jeune garçon a pour tuteur son oncle Ambroise Fleury dit «le facteur timbré» parce qu'il fabrique de merveilleux cerfs-volants connus dans le monde entier. Doué de l'exceptionnelle mémoire «historique» de tous les siens, fidèle aux valeurs de «l'enseignement public obligatoire», le petit Normand n'oubliera jamais Lila. Il essai de s'en rendre digne, étudie, souffre de jalousie à cause du bel Allemand Hans von Schwede, devient le secrétaire du comte Bronicki avant le départ de la famille en Pologne, où il les rejoint au mois de juin 1939, juste avant l'explosion de la Seconde Guerre mondiale qui l'oblige à rentrer en France. Alors la séparation commence pour les très jeunes amants... Pour traverser les épreuves, défendre son pays et les valeurs humaines, pour retrouver son amour, Ludo sera toujours soutenu par l'image des grands cerfs-volants, leur symbole d'audace, de poésie et de liberté inscrit dans le ciel.
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Nouvelle édition augmentée de la fin initialement souhaitée par l'auteur
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Ce roman est un chant d'amour à cette «troisième dimension» de l'homme et de la femme : le couple. L'union de Yannick et Michel est rompue par un destin inéluctable. Mais un désespoir d'amour qui désespérerait de l'amour est pour eux une contradiction qu'ils ne peuvent admettre. Il faut donc triompher de la mort. Yannick dit à Michel : «Je vais disparaître, mais je veux rester femme. Je te serai une autre. Va vers elle. Va à la rencontre d'une autre patrie féminine. La plus cruelle façon de m'oublier, ce serait de ne plus aimer.» Et c'est ainsi qu'apparaît Lydia et que se reformera, dans une célébration passionnée, au-delà de l'éphémère, la patrie du couple, où «tout ce qui est féminin est homme, tout ce qui est masculin est femme».
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Au-dela de cette limite votre ticket n'est plus valable
Romain Gary
- Folio
- Folio
- 22 Septembre 1978
- 9782070370481
Jacques Rainier, cinquante-neuf ans, industriel, est aux prises avec des difficultés en affaires au moment où sa liaison avec une jeune Brésilienne le rend très heureux. À la suite des confidences angoissées d'un ami obsédé par le mythe de la virilité, la peur du déclin sexuel s'insinue en lui, l'envahit, le détruit, ne le quitte plus. En osant s'attaquer à un sujet tabou, Gary a soulevé un débat passionné, qui a connu un grand retentissement. Mais son livre cru et dur, dominé par un humour amer, reste aussi un roman d'amour plein de tendresse.
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«La cachette fut terminée aux premières lueurs de l'aube. C'était une aube mauvaise de septembre, mouillée de pluie ; les pins flottaient dans le brouillard, le regard n'arrivait pas jusqu'au ciel. Depuis un mois, ils travaillaient secrètement la nuit : les Allemands ne s'aventuraient guère hors des routes après le crépuscule, mais, de jour, leurs patrouilles exploraient souvent la forêt, à la recherche des rares partisans que la faim ou le désespoir n'avaient pas encore forcés à abandonner la lutte. Le trou avait trois mètres de profondeur, quatre de largeur...»
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La bonne moitié : Comédie dramatique en deux actes
Romain Gary
- Folio
- Folio Theatre
- 4 Avril 2024
- 9782073039781
Toute sa vie, Romain Gary s'est rêvé en homme de théâtre. Inspirée en partie de son roman Le Grand Vestiaire (1949), remaniée durant une trentaine d'années, La Bonne Moitié (1979) est pourtant l'une des deux seules pièces publiées de son vivant. À la fin de la Seconde Guerre mondiale, quatre adolescents orphelins ont été recueillis par un vieil homme engagé dans la Résistance. Mais quand ces derniers découvrent que leur protecteur est aussi un traître ayant collaboré avec la Gestapo, ils se trouvent confrontés à un dilemme : doivent-ils dénoncer le vieil homme ou l'aider à s'enfuir ? Puisqu'il a oeuvré en partie pour la Résistance, sa «bonne moitié» peut-elle suffire à l'exonérer de la «mauvaise» ? Face à ses juges improvisés, l'accusé n'est pas seulement un individu appelé à rendre compte d'actes personnels, il est aussi le représentant de l'humanité tout entière, avec ce qu'elle comporte de foncièrement mauvais et d'inhumain.
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Une page d'histoire et autres nouvelles
Romain Gary
- Folio
- Folio 3 Euros
- 7 Décembre 2023
- 9782073014573
Qu'ils soient ambassadeurs à Istanbul ou collectionneur d'art et amateur de belles femmes, soldats, prisonniers ou survivants de la guerre, tous les héros de Romain Gary sont des victimes du désespoir et de la folie humaine. Ils se débattent, s'agitent comme de pauvres pantins désarticulés et tentent en vain de résister aux forces qui les entraînent malgré eux...
Quelques nouvelles poétiques, souvent cruelles et désabusées, d'un grand magicien du rêve. -
«Elle courut vers le coffre-fort, tourna la clef dans la serrure et tira la lourde porte bordée de cuivre... Elle regarda à l'intérieur, poussa un soupir de soulagement : il y avait juste assez de place, juste assez... - Cache-toi là, vite ! Je vais les éloigner... Mais dépêche-toi donc, voyons ! Il obéit sans se presser, sans doute par souci du style, tenant toujours la rose dans une main et le pistolet dans l'autre. Elle saisit la sacoche avec les bijoux et la jeta à ses pieds... Elle lui fit un petit signe de la main, referma doucement la porte et tourna trois fois la clef dans la serrure.»
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«Les trésors que j'ai ramenés de là-bas sont immatériels et, lorsque le plume ne s'en saisit pas, ils disparaissent à jamais. Le romancier que je suis, amoureux de ces diamants éphémères, parfois très purs, parfois noirs, mais toujours uniques et bouleversants dans leur mystérieux éclat, est parti à leur recherche vers cette mine de richesse et de pauvreté inépuisable que l'on appelait jadis l'âme humaine - je dis "jadis", car le mot est passé de mode, avec son écho d'au-delà.» De Djibouti au Yémen, Romain Gary sillonne les terres brûlées et hostiles pour en rapporter un témoignage d'une rare force.
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Le narrateur, Fosco Zaga, est un vieillard.
Hors d'âge. deux cents ans peut-être. chargé d'amour, il ne peut pas mourir avant qu'un autre homme aime comme il a aimé, et prenne la relève. tout a commencé en russie, sous le règne de la grande catherine, où giuseppe zaga, le père, exerçait ses talents de magnétiseur, alchimiste, astrologue, et surtout guérisseur de la grande catherine. sa jeune femme, teresina, moqueuse, espiègle, dont le talent naturel tranche dans cette tribu d'enchanteurs, est à peine plus âgée que Fosco.
Et Fosco l'aime d'un amour infini qui l'oblige, deux siècles plus tard, deux siècles plus tard, à ressasser ses souvenirs, encore et toujours, pour empêcher teresina de mourir réellement. et elle ne meurt pas, comme si la plume de fosco l'écrivain était parée de tout l'attirail d'illusionniste qu'il avait découvert, avec teresina, dans un grenier magique de l'ancienne russie.
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«- Je vous préviens que ça ne se passera pas comme ça. Il est exact que je viens d'avoir quatre-vingt-cinq ans. Mais de là à me croire nul et non avenu, il y a un pas que je ne vous permets pas de franchir. Il y a une chose que je tiens à vous dire. Je tiens à vous dire, mes jeunes amis, que je n'ai pas échappé aux nazis pendant quatre ans, à la Gestapo, à la déportation, aux rafles pour le Vél'd'Hiv', aux chambres à gaz et à l'extermination pour me laisser faire par une quelconque mort dite naturelle de troisième ordre, sous de miteux prétextes physiologiques. Les meilleurs ne sont pas parvenus à m'avoir, alors vous pensez qu'on ne m'aura pas par la routine. Je n'ai pas échappé à l'holocauste pour rien, mes petits amis. J'ai l'intention de vivre vieux, qu'on se le tienne pour dit !»
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Entretiens avec François Bondy
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"Avec l'amour maternel, la vie vous fait à l'aube une promesse qu'elle ne tient jamais." Et c'est ainsi que Romain Gary explique le titre qu'il donne à son autobiographie, La Promesse de l'aube. Fils unique d'une mère qui rêve sa progéniture en génie - un futur Victor Hugo, un aviateur pionnier comme Guynemer, un don Juan... -, il sera à la hauteur de beaucoup de ses attentes même quand elle ne sera plus là pour le constater... Cette autobiographie, un peu romancée, est poignante et également drôle, servie par un style brillant. On tourne les pages sans même s'en apercevoir. + un dossier en quatre parties : Je découvre J'analyse Nous avons la parole Prolongements Classe de troisième.
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«"Je pense ne plus avoir assez de vie devant moi pour écrire une autre autobiographie." Ces paroles, dans cet entretien accordé par Romain Gary à Radio-Canada, serrent le coeur. Peu de mois après l'enregistrement, il mettait fin à ses jours, le 2 décembre 1980. Si l'on retrouve, dans la présente transcription de cet entretien, bien des confidences, des anecdotes, des opinions déjà lues dans La Promesse de l'aube et La nuit sera calme, il faut le considérer comme le dernier état de son autobiographie, ou tout au moins de ce qu'il a bien voulu dévoiler de l'ambition, des espoirs, des succès et des humiliations qui ont fait sa vie.» Roger Grenier.
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Dans toute l'Amérique Centrale, et aussi dans les Andes, les hommes se maintiennent en vie en se nourrissant de substances hallucinogènes.
On les appelle les " mangeurs d'étoiles ". il y a plusieurs siècles, deux moines franciscains, motolinia et sahagun, décrivaient déjà cette pratique dans leur histoire des aztèques.
Au milieu des volcans d'essence infernale, dans une amérique latine en plaine mutation, ce roman picaresque et poétique peint une humanité qui semble faite de saltimbanques. ils gravitent autour d'une héroïne déchue, qui se détruit à force d'idéalisme.
A chacun son étoile selon sa faim.
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Dans un souterrain peuplé de squelettes, le jeune Tulipe cherche désespérément la sortie. En chemin, il dialogue avec des morts aussi effrayants que grotesques : trois soeurs maquerelles régissent un bordel d'outre-tombe, des flics tabassent un prévenu jusqu'à le rendre «tricolore», Jim et Joe jouent sadiquement avec les têtes d'un pierrot et de sa colombine, un poilu avoue avoir laissé sa place à un Allemand dans la tombe du Soldat inconnu, un moine le supplie de le remplacer pour garder le Saint-Graal, etc. Un Dieu ivre et grossier préside aux misères de ce petit monde grouillant de cafards et de mites. Le débonnaire Tulipe y va lui aussi de ses histoires, celles des clients tordus de l'hôtel tenu par sa femme. Chez les vivants comme chez les morts, l'âme humaine ressemble à «une petite putain crasseuse et malodorante». Tulipe se réveille dans un cimetière, la gueule de bois et les bras en croix.
Sous l'influence de Poe, Céline ou encore Jarry, ce premier roman inédit aux allures de danse macabre, écrit à l'âge de dix-neuf ans, dépeint avec sarcasme la société de l'après-guerre et de la crise des années trente. Dans sa présentation, Philippe Brenot montre que Le Vin des morts, signé Romain Kacew, ne quittera jamais les poches de Romain Gary et qu'il lui servira de vivier, quarante ans plus tard, pour écrire les romans d'Émile Ajar.
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«Après avoir signé plusieurs centaines de fois, si bien que la moquette de ma piaule était recouverte de feuilles blanches avec mon pseudo qui rampait partout, je fus pris d'une peur atroce : la signature devenait de plus en plus ferme, de plus en plus elle-même, pareille, identique, telle quelle, de plus en plus fixe. Il était là. Quelqu'un, une identité, un piège à vie, une présence d'absence, une infirmité, une difformité, une mutilation, qui prenait possession, qui devenait moi. Émile Ajar.Je m'étais incarné.»Romain Gary.
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J'ai soif d'innocence ; autres nouvelles à chute
Romain Gary
- Larousse
- Les Contemporains Classiques De Demain
- 22 Février 2012
- 9782035866066
Six nouvelles à chute : J'ai soif d'innocence, Un humaniste, Le Faux, Citoyen pigeon, Tout va bien sur le Kilimandjaro, Je parle de l'héroïsme...Les mesquineries de la vie conduisent souvent à un besoin d'évasion. Par-delà l'horizon, on retrouvera à coup sûr cette pureté qui nous fait tant défaut. Dans l'indolence des lagunes océanes, tout semble n'être que paix et gentillesse. On marche sur les traces de Gauguin, qui fut lui-même tant séduit par la vie désintéressée des gens des antipodes... Et pourtant, ce calme et ces lieux paradisiaques peuvent réserver bien des surprises... Ces six nouvelles aux chutes troublantes nous prennent à contrepied et invitent à se méfier des apparences, des faux-semblants et autres idéalisations.
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«Il s'accouda à la balustrade et fuma se première cigarette en regardant les oiseaux tomber sur le sable : il y en avait qui palpitaient encore. Personne n'avait jamais pu lui expliquer pourquoi ils quittaient les îles du large pour venir expirer sur cette plage, à dix kilomètres au nord de Lima.» «Il n'y a pas eu préméditation de ma part : en écrivant ces récits, je croyais me livrer seulement au plaisir de conter. Ce fut en relisant le recueil que je m'aperçus de son unité d'inspiration : mes démons familiers m'ont une fois de plus empêché de partir en vacances. Mes airs amusés et ironiques ne tromperont personne : le phénomène humain continue à m'effarer et à me faire hésiter entre l'espoir de quelque révolution biologique et de quelque révolution tout court.» Romain Gary.
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«Mon nom est Cohn, Gengis Cohn. Naturellement, Gengis est un pseudonyme : mon vrai prénom était Moïché, mais Gengis allait mieux avec mon genre de drôlerie. Je suis un comique juif et j'étais très connu jadis, dans les cabarets yiddish : d'abord au Schwarze Schickse de Berlin, ensuite au Motke Ganeff de Varsovie, et enfin à Auschwitz. [...] Personnellement, je ne suis pas resté dans ce camp illustre. Je m'en suis miraculeusement évadé, en décembre 1943, Dieu soit loué. Mais je fus repris quelques mois plus tard, par un détachement de SS sous les ordres du Hauptjudenfresser Schatz, que j'appelle Schatzchen dans l'intimité : un terme câlin qui veut dire "petit trésor", en allemand. Mon ami est maintenant commissaire de police de première classe, ici, à Licht. [...] Nous ne nous sommes plus quittés, Schatzchen et moi, depuis cette belle journée d'avril 1944. Schatz m'a hébergé : voilà bientôt vingt-deux ans qu'il cache un Juif chez lui.»