Filtrer
Pierre Autin grenier
-
Je ne suis pas un héros ; toute une vie bien ratée ; l'éternité est inutile
Pierre Autin-grenier
- Table Ronde
- La Petite Vermillon
- 19 Septembre 2019
- 9782710383307
«Moi mes secrets je me garde de les abandonner dans l'herbe, les laisser prendre racine en plein vent, pour que le premier venu sans peine me les arrache et s'en repaisse avec l'écoeurante gloutonnerie du malfrat qui, vous ayant mis à nu, ne songe plus qu'à vous tenir à sa merci, exploitant votre honte ou votre légitime pudeur pour chaque jour vous avilir un peu plus. Non, les moins infâmes je les tiens bien au froid sous mon coeur de pierre ; les plus obscènes dorment dans les soutes à charbon de mon âme, en compagnie d'abjections anciennes et de délires plus récents mais guère mieux avouables. Ainsi je m'offre bonne conscience à petit prix et pour le reste, le carnaval du quotidien, je montre dans la rue le masque de qui mérite cent fois de marcher tête haute.»
-
Friterie-bar Brunetti
Pierre Autin-grenier
- Table Ronde
- La Petite Vermillon
- 19 Septembre 2019
- 9782710383253
« Maintenant écoutez-moi, voici une véri- té dont je puis vous assurer pour l'avoir de longtemps éprouvée: on ne voyage bien en fait qu'au café, en compagnie d'un pana- ché, d'une verte, d'un Cinzano ou d'un pe- tit noir arrosé si vous préférez; un modeste reginglard de charbonnier ferait d'ailleurs tout aussi bien l'affaire. Table de bois, pichet auquel se réfère la main même si l'on n'a pas soif, chaleur enveloppante de la discrète musique du zinc souvent en sourdine sur le coup de neuf heures du matin, froissement des pages du journal que susurre un vieux de la vieille tout en lisant tandis qu'à ses côtés et l'air réfléchi un autre bourre avec applica- tion sa pipe à gros fourneau d'un paquet de gris. »
-
Elodie Cordou, la disparition
Pierre Autin-grenier, Ronan Barrot
- Les éditions du Chemin de Fer
- 4 Novembre 2010
- 9782916130279
Qu'est devenue Elodie Cordou ?
Où a-t-elle disparu ?
Pierre Autin-Grenier se lance à sa recherche et, dans les méandres de sa mémoire, le portrait, peu à peu, se dessine en creux : la pesanteur d'une famille de notables, le joug du pouvoir et de la finance et, par-dessus tout, un amour de la peinture confinant à la folie, seule échappatoire aux engluements de la bourgeoisie et aux puissances de l'argent.
Le dialogue s'instaure alors entre l'écrivain et le peintre, unis dans la quête d'un personnage de fiction que Ronan Barrot se plaît à confondre en peinture.
-
«À quoi bon ma vie immobile dans ce trou noir, je me dis, quand partout alentour s'agitent des ingénieurs en aéronautique, parcourent en tous sens la planète Messieurs les Administrateurs des Îles Éparses et que des experts assermentés près les tribunaux expertisent tandis qu'ailleurs attaquent formidablement des banques des bandits prodigieux ? Vrai, comment ne pas se demander ce que l'on est venu faire là au milieu et d'où nous vient cette audace de respirer le même air qu'eux ? Il est déjà fort tard dans la nuit quand, sous le couvercle de ma boîte de camembert, je parviens à réduire tous ces gens importants en bouillie et ramener leurs prétentions au niveau des miennes ; alors, adieu plomberie existentielle ! je glisse enfin vers le sommeil, tel un lézard sous la lune, lentement avançant sur ses petites pattes à la recherche de trèfles à quatre feuilles dans le gravier des cimetières.»
-
Elodie Cordou, une présence
Pierre Autin-grenier, Ibrahim Shahda
- Les éditions du Chemin de Fer
- 20 Mars 2015
- 9782916130736
Sitôt qu'entrée dans ma vie Élodie l'occupa tout entière, inspirant la part la plus secrète de mes pensées, guidant sans violence mon âme aveugle vers plus de clarté, par sa force de caractère et le raffinement de ses manières tout à la fois me révélant peu à peu à moi-même.
Qui donc est Élodie Cordou ? Une muse, une inspiratrice qui obsède l'écrivain ? Un personnage fascinant doué d'une capacité surnaturelle à pénétrer physiquement les toiles des plus grands maîtres ? Une mise en abyme de la création elle-même ?
Élodie Cordou, une présence donne à lire deux nouvelles variations sur cette mystérieuse héroïne, à laquelle Pierre Autin-Grenier avait déjà consacré un livre en 2010, Élodie Cordou, la disparition.
.
Pierre Autin-Grenier, qui nous a quittés en avril 2014, a toujours voué une admiration sans borne à Ibrahim Shahda, lui-même disparu en 1991. Lorsqu'il découvre ses peintures, en 1974, il lui écrit : "Je suis un jeune écrivain de vingt-sept ans, je n'ai pas les moyens comme on dit. Il faut aujourd'hui que vous me donniez une de vos toiles ou que vous acceptiez de me la céder à un prix possible pour moi.» Par-delà la vie, par-delà les brouilles, ces deux-là qui se sont aimés et s'admiraient, sont à nouveau réunis dans ce livre.
Postface de Ronan Barrot
-
-
Une histoire - i - je ne suis pas un heros
Pierre Autin-grenier
- GALLIMARD
- 25 Mars 1993
- 9782070733859
«Je ne sais pas ce qui se passe dans le Montana mais jamais personne ne m'écrit de là-bas. Je ne demande pourtant pas à recevoir des lettres de plusieurs pages en provenance directe d'Helena, la capitale ; non, mes espérances sont plus modestes et un simple mot, même d'un type perdu dans les Rocheuses, ferait parfaitement l'affaire. Sur les 808 100 habitants de cet Etat qui compte quelque 381 000 km>2, il devrait bien se trouver au moins un individu pour s'inquiéter de moi et me donner des nouvelles du Montana... Et puis, je me dis que peut-être personne n'a mon adresse dans le Montana, même une adresse très approximative. Après tout, ce n'est pas là une hypothèse complètement absurde. On pourrait aussi imaginer que pas un des 808 100 habitants n'a entendu parler de moi, ne serait-ce qu'une fois dans sa vie, et que là-bas le fait même que j'existe reste encore ignoré de tout le monde. Pourquoi pas !...»Pierre Autin-Grenier.
-
Pierre Autin-Grenier savait qu'il allait nous quitter. Alors il a préparé avec soin ce livre, celui qui paraîtrait de manière posthume. On y retrouve tout PAG : son style impeccable, son humour noir si caractéristique, sa tendresse aussi et son oeil ouvert sur le monde tel qu'il ne va pas. Mais il a également voulu ce livre comme une sorte de bilan, l'ultime inventaire de la vie d'un écrivain. PAG a tiré sa révérence, mais il l'a fait avec élégance, en nous laissant ce dernier cadeau.
-
-
Quand j'étais ecrivain
Pierre Autin-grenier, Christian Garcin
- Finitude
- 15 Novembre 2011
- 9782912667991
Deux écrivains se retrouvent dos à dos.
Côté pile, Christian Garcin nous conte comment un pari lancé à la légère autour d'une gibelotte de lapin l'opposa à son ami Paul Autant-Grognard. Côté face, Pierre Autin-Grenier avoue quant à lui qu'un pari similaire, consenti autour d'une bouteille de bourgogne, fit vaciller son amitié avec Christophe Garçon. Duels d'écrivains ou combats de coqs ? Les libraires font office d'arbitres et les éditeurs comptent les points.
-
-
«Au cours de la longue évolution de l'espèce ayant abouti à l'humain, souvent j'en suis venu à me mordre les doigts de n'avoir su rester, en ce qui me concerne, à scolopendre ou coccinelle, modestement m'être arrêté à margouillat paressant au soleil du côté de Sokoto m'eût certainement suffi et sans doute autrement combler que déboucher brutalement et sans préparation aucune sur la condition d'homme pour laquelle je n'ai jamais montré une très grande aptitude ni même le minimum des qualités requises, ce qui m'a longtemps laissé assez désorienté et, aujourd'hui encore, bien que cette drôle d'expérience approche pour moi le bout de l'impasse, j'en suis toujours à m'interroger sur la réelle nécessité qu'il y avait à me dresser sur mes deux pattes de derrière et aller de la sorte des années durant parmi mes congénères plutôt que demeurer tranquillement à croupetons au milieu des crapauds du bocage.»
-
«Lorsqu'ils se trouvèrent à nouveau réunis dans la minuscule mansarde, personne n'osa profaner d'aussi lourdes minutes de silence. Effarés, les yeux écarquillés au-delà du visage, bouche bée, ils demeurèrent immobiles indéfiniment, les bras ballants, cou tordu au ciel, à contempler, pantois, la déconcertante apparition... À un vague sentiment de malaise succédait imperceptiblement la sensation de plus en plus envahissante de succomber doucement au charme de quelque prodigieux envoûtement. Étourdissante extase à laquelle tous les six s'abandonnèrent bientôt corps et âme, parfaitement éblouis par la majesté divine de l'impressionnant personnage. On eût dit la beauté debout. Drapée à l'antique d'une ample étoffe plissée dans le bronze, l'allure sévère quoique bienveillante, la colossale statue rayonnait comme soleil captif entre les quatre murs pourris de ce galetas privé de toute lucarne. Elle occupait entièrement l'espace, dressée du sol à la charpente, et par ses dimensions mêmes semblait interdire qu'on l'approchât. Émanait de l'imposante déesse une étrange impression de défi et de détresse.» Pierre Autin-Grenier.