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Michel Simonot
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Pendant l'extermination, ceux qui maintenant sont morts se sont soulevés, ils ont écrit, enterré leurs récits, caché les livres : leur résistance face à la déshumanisation. Pour demeurer vivants. Par les mots.
Après l'extermination, c'est au témoin de prendre la parole. Il doit rendre visibles leurs traces, déterrer leurs mots, affronter l'Histoire, dire la nudité des faits. C'est lui qui parle pour l'absent, le mort, l'inaudible, le refusé, l'invisible.
En s'adressant, par-delà la Shoah, à tous les massacrés, Michel Simonot interroge le rôle du témoin, loin de tout pathos, et invite le mort à prendre part par lui-même à ce qui s'énonce dans une fiction poétique qui suit le récit et l'exposition brute de faits.
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À onze heures, des jeunes se rassemblent sous l'horloge de l'ancienne poste. L'un d'entre eux n'est plus là. Parti. Mais où ? Certains racontent qu'on l'aurait vu ici ou là. Celui qui se dissimule sous le prénom de Jul est parti traverser le temps pour rester vivant. Faut-il rester ici ou le rejoindre ?
Avec toujours l'exigence d'une langue poétique puissante, Michel SIMONOT trace un chemin d'espoir pour des jeunes qui semblent naufragés au pied des tours. -
Un soir d'octobre. Trois enfants courent parce que la police court derrière eux. Ils se réfugient dans un transformateur. Un policier voit, n'alerte pas. Deux enfants meurent. Un survit. Des semaines d'émeutes s'ensuivent. Dix ans plus tard, un tribunal reconstitue les faits - heures, minutes, secondes, voix enregistrées de la radio de la police. Dix ans plus tard, le survivant est encore et toujours celui qui porte dans sa peau les deux enfants morts, celui qui fait face à la police, celui que l'on a oublié.
Comme une tragédie jamais achevée. Au-delà des faits dans leur crudité, au-delà des mots entendus ou prononcés au tribunal, Delta charlie delta déploie, à travers une forme chorale, une force symbolique et inscrit l'engrenage, la culpabilité individuelle et collective, dans une dimension humaine, éthique, politique.
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On peut vivre à Falderstrath. Il y a des gens qui vivent à Falderstrath. Ils naissent, ils vivent, et crèvent à Falderstrath. On ne peut pas tous partir de Falderstrath.
A Falderstrath on y est tranquille, personne ne connaît, ce n'est pas sur les cartes. Non ce n'est pas sur les cartes (...) Et dans la solitude de Falderstrath, quand on écoute aux fenêtres, vous n'imaginez pas comme on est nombreux...
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Des mots changent de sens. D'autres surgissent et, subrepticement, se substituent aux précédents. Des qualificatifs sont associés aux vocables pour en changer les enjeux. Ce que Michel Simonot nomme, dans le champ culturel, retournement, désigne un usage de la langue par lequel l'idéologie néolibérale amène, progressivement, à percevoir ses critères comme incontournables, quasi naturels. S'ensuit une dépolitisation de la politique culturelle publique et de ses fondements. Le néolibéralisme tend à infuser dans tous les domaines. La langue est un vecteur essentiel de cette infusion. La culture n'y échappe pas. Écrit sous forme d'un dictionnaire critique, l'ouvrage de Michel Simonot déconstruit pas à pas ce nouveau langage et nous ouvre la possibilité de repenser à neuf les enjeux de futures politiques culturelles.
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Des écrivains à la bibliothèque de la Sorbonne Tome 5
Sylvie Germain, Jean Lancri, Gaëlle Obiégly, Michelle Porte, Michel Simonot
- Editions De La Sorbonne
- Breves
- 14 Septembre 2023
- 9791035108946
Jean Lancri, Gaëlle Obiégly, Sylvie Germain, Michel Simonot et Michelle Porte, à l'invitation conjointe de la Bibliothèque interuniversitaire de la Sorbonne et de la Maison des écrivains et de la littérature, arpentent tour à tour la bibliothèque, la font parler dans sa langue intertextuelle, créent des liens inattendus entre des fragments de lectures ou d'événements dispersés, inventent un récit, un voyage, une aventure, et, en hommage à Edmond Jabès, laissent la place centrale qui lui revient à la question, celle de l'altérité.