«Chaque matin je me lève à l'aube, quand les brumes de la vallée trempent le pied de la montagne. La veille, Maman a allongé le fond de soupe laissé sur le poêle; j'en remplis une gourde, puis me barbouille le visage de cendres et décroche mon arc. Avant de sortir, je pose un baiser sur son front. Des notes d'amande et de reine-des-prés s'échappent de ses cheveux.»Gemma, sa soeur et leurs parents ont trouvé refuge dans un chalet de montagne isolé. La famille vit depuis des années à l'abri d'un virus qui a décimé la quasi-totalité de l'humanité. Gemma, née et élevée dans ce «Sanctuaire», obéit aux lois imposées par son père. Elle a apprivoisé chaque recoin de son territoire, devenant une chasseuse hors pair. Mais ces frontières imposées commencent à devenir trop étroites pour l'adolescente...
Dans le Grand Est, au coeur d'une immense étendue glacée, la narratrice a été recueillie par des pêcheurs après la mort de sa grand- mère Baba. Les journées passent, identiques, en harmonie brutale avec la nature. Jusqu'à ce qu'elle rencontre Igor, un homme magnétique, étrange et sauvage. Celui qu'elle attendait. Elle découvre l'amour, décuplé par une nature étonnamment vivante et par tout ce que la jeunesse porte d'insolence. Igor livre du poisson séché à de vieilles femmes isolées dans la montagne. Cinquante ans auparavant, le pays a été ravagé par une guerre, ne laissant que des femmes et des enfants. Les survivants ont voté pour le Grand-Oubli, et seules les aïeules conservent secrètement la mémoire du passé. Avant de mourir pourtant, Baba a révélé à sa petite-fille l'existence des Invisibles, des créatures redoutées et honnies. À mesure que la narratrice côtoie Igor, le mystère qui l'entoure s'épaissit. Qui est Tochko, cet Invisible dont il paraît si proche ? Alors qu'une tempête les précipite dans la tourmente, la narratrice plonge dans les légendes et les souvenirs de ceux qui survivent au fil des saisons. Au plus noir du conte, Laurine Roux dit dans ce premier roman le sublime d'une nature souveraine et le merveilleux d'une vie qu'illumine le côtoiement permanent de la mort et de l'amour.
Ayant décidé de retracer le singulier destin de son aïeule Marguerite, Gabriel Aghulon plonge dans l'aventure d'un siècle : l'affaire Dreyfus, la Grande Guerre, les Années folles, la Nuit de Cristal, mai 68... jusqu'aux attentats du World Trade Center. Au gré de ces événements s'écrit la saga du clan Aghulon, où gravitent maints personnages hauts en couleur - un magnanier obsessionnel, un cuisinier truculent, un zoologue obsédé par les termites albinos, une vigneronne avant l'heure, un musicien minimaliste, etc. - dont le chemin croise celui de personnalités majeures, telles Louis Pasteur, Serge Diaghilev, Robert Desnos, Picasso...
Au centre de cette marqueterie, la fameuse Marguerite, clef de voûte de ce petit peuple que les turbulences historiques vont exalter ou chahuter, sans cesser d'être chaperonné, au fil des ans, par une lignée de chats philosophes : Socrate, Érasme, Diogène puis Newton.
Tour à tour roman d'aventure, feuilleton littéraire, chronique familiale et polar, Sur l'épaule des géants relate l'épopée d'un siècle avec humour, vivacité et fougue.
De son écriture imperturbablement habitée par la sensualité des odeurs et de la matière, Laurine Roux, dans L'Autre Moitié du monde, s'éloigne à petits pas des univers oniriques qu'on lui connaissait pour se faire l'archéologue sensible d'une épopée collective qui emporte les individus.
Espagne, début des années 1930. Des paysans s'éreintent dans les rizières du delta de l'Èbre pour le compte de doña Serena, une marquise impitoyable, mère d'un jeune garçon cruel et lubrique. Sous son joug, les employés arrachent les rares joies qu'autorise la fraternité de la misère.
Parmi eux grandit Toya, gamine ensauvagée qui connaît les salines comme sa poche. Quand un instituteur s'installe dans le delta, apportant avec lui ses idéaux révolutionnaires et son amour de la musique, la jeune fille s'éveille aux sentiments en même temps qu'à l'esprit de la révolte. Si bien qu'en 1936, lorsque éclate la Guerre civile, c'est à corps perdu qu'elle se jette dans l'expérience libertaire, avec son lot d'espérances folles et de désenchantements féroces. Sans soupçonner à quel point son destin aura dorénavant partie liée avec l'histoire d'une Espagne que le franquisme s'apprête à faire basculer.
De son écriture imperturbablement habitée par la sensualité des odeurs et de la matière, Laurine Roux, dans L'Autre Moitié du monde, s'éloigne à petits pas des univers oniriques qu'on lui connaissait pour se faire l'archéologue sensible d'une épopée collective qui emporte les individus.