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Juan rodolfo Wilcock
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Le livre des monstres paru en 1978, peu après la mort de l'auteur, recueille des textes courts sans liens directs entre eux, comme dans le Stéréoscope des solitaires (Gallimard, 1972). On y retrouve ce goût pour les portraits d'être prodigieux qui rappelle celui du Borges, ami et maître de Wilcock, du Livre des êtres imaginaires.Mais ici les êtres dotés de caractéristiques tout à fait hors-normes, parfois effrayants dans leur apparence, ne montrent aucune accointance avec le prodigieux ou le divin. Au contraire ils se révèlent banals, ordinaires, avec les travers petits-bourgeois les plus prosaïques. A travers cette tératologie de la vie quotidienne filtre une vision satirique de la société :
Inutile d'aller chercher bien loin, les monstres sont parmi nous, et ils sont déplorables.
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Les conseillers municipaux d'une petite ville d'Italie dénuée de toute attraction touristique décident d'y faire élever un petit temple étrusque. Personne cependant ne sait à quoi peut ressembler un temple étrusque, et l'indispensable main-d'oeuvre étrusque fait manifestement défaut. Pressés de suivre les habitants de la ville que la canicule chasse, qui vers la mer et qui vers la montagne, les conseillers désigneront comme maître d'oeuvre un jeune postier venu réparer le téléphone, Atanassim, qui les convainc sans peine qu'Oscar, Astor et Ménius, trois nègres campant dans les bois proches, pourraient faire de très présentables Étrusques. Les travaux commencent dans la ville désertée. Atanassim multiplie sur le papier tous les dessins imaginables du futur monument, le trou s'approfondit, devient cratère, et, d'écroulement en écroulement, la ville est bientôt entièrement détruite... Composé de dix-huit rapides chapitres au centre desquels prend place une majestueuse paraphrase de l'Épopée de Gilgamesh, ce roman de Wilcock n'est rien de moins, sous la forme d'une sotie froidement délirante, qu'une tentative de mythologie de certains traits du monde actuel. On a souvent nommé Swift, Kafka ou Borges à propos de l'auteur. La démesure humoristique de ce dernier livre en même temps que la précision extrême d'un style narratif où le moindre détail surprend par son insolite justesse font également penser, cette fois, à Jarry aussi bien qu'à Raymond Roussel.
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Le stéréoscope des solitaires
Juan rodolfo Wilcock
- Gallimard
- Du Monde Entier
- 13 Septembre 1976
- 9782070294237
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La synagogue des iconoclastes
Wilcock Juan Rodolfo
- Gallimard
- Du Monde Entier
- 16 Novembre 1977
- 9782070298242
Cette Synagogue des iconoclastes présente la galerie de trente-cinq vies imaginaires : tous hommes de génie - théoriciens, utopistes, savants, inventeurs de tous horizons, de toutes disciplines, dont les idées, si elles avaient été suivies, auraient très certainement changé du tout au tout la face du monde. Ces idées, Wilcock les expose dans leur diversité, avec toute l'aisance de toute la concision que donne la grande érudition encyclopédique, tantôt à travers la biographie du génie considéré, tantôt par l'analyse de l'ouvrage capital qu'il est censé nous avoir laissé. On pense aux portraits imaginaires de Schwob, aux livres inventés de Borges, et aussi à cette encyclopédie des fous littéraires, parfaitement authentiques, que Queneau introduisit dans Les enfants du limon. Mais la profusion des thèmes, l'ingéniosité sans cesse renouvelée de Wilcock, son inépuisable ressource d'humour, presque toujours homicide, finit, de rire en rire, par conduire à un résultat quelque peu terrifiant. Ces «iconoclastes» - chacun d'eux brise en effet quelque chose de l'image que nous nous faisons du monde - nous proposent un contre-univers auquel nous n'avons que peu de certitudes à opposer. Car - tel est sans doute le point fort de ce livre de folie merveilleuse - presque toutes ces théories sont plausibles, ou ne le sont guère moins que beaucoup de celles qui courent les rues, et dont il est gravement discuté en chaire et sur les ondes.