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Georges Picard
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Chaque jour Winnie, figure inspirée du personnage de Oh?! les beaux jours de Samuel Beckett, vient s'asseoir sur les marches de la butte Montmartre pour fouiller dans son cabas où sont enfouis des objets et des souvenirs qu'elle ne se lasse pas d'examiner. Boudou, son compagnon, est un clown énigmatique qui dirige l'improbable Cirque de l'Existence en compagnie de quelques partenaires dont Célimène, une araignée apprivoisée.
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Ce roman raconte l'amitié d'un homme, d'un chat borgne et de Nina, une fillette de sept ans, atteinte de trisomie.
Le narrateur a fui Paris pour se fixer dans un village où il a trouvé l'amour, quelques affections et quelques inimitiés. Dénué d'ambition, il se contente d'un emploi de plongeur dans un restaurant, ce travail n'affectant pas, comme il le dit, « le destin de son âme ». Son détachement de la vie pratique et ses originalités de comportement lui valent une réputation de « siphonné » qu'il revendique ironiquement. C'est un homme « bancal » qui, au-delà de ce que l'on nomme la normalité, voit dans son amitié avec la petite Nina une occasion d'approcher les zones énigmatiques de l'esprit et du coeur humain.
Dans cette ville peuplée d'habitants parfois étranges ou agressifs, sa relation, simple, directe, souvent drôle avec la fillette et avec le chat Marlou interroge ce que nous sommes profondément, au-delà des apparences psychiques et sociales. -
Monsieur Incapable est venu au monde avec un poil dans la main et une incapacité à réaliser quoi que ce soit de positif et de fructueux. Cet inadapté chronique refuse de travailler et de s'impliquer dans la société.
Sa religion n'a qu'un dogme : le salut de la planète viendra des flemmards et des incapables.
Il vit tantôt dans un dortoir caritatif, tantôt dans un grenier, comptant sur l'affection d'amis comme Raymond, un SDF philosophe, Mamamé de Clignancourt, la reine du pilaf, Fantine, amoureuse de l'amour, Adeline, une petite poétesse de rue... Malgré lui, il se trouve enrôlé dans des aventures absurdes qui le dépassent. Avec une bande d'anarchistes, il s'attaque au siège du patronat, échappe à la prison, n'échappe pas à un psy déprimé et à une infirmière délirante, avant de se faire élire à la tête du pays avec pour programme l'Incapabilisme : « Ne rien foutre, se la couler douce ».
Au moment où le Travail et l'Effort seraient sur le point d'être vaincus, Wall Street et sa mafia renvoient impitoyablement Monsieur Incapable à sa vocation première : glander.
Ce roman extravagant et nihiliste, dans la lignée d'Alfred Jarry, se moque joyeusement des valeurs productivistes de nos sociétés où l'on « s'use la santé au boulot pour gagner un fric que l'on s'empresse de dépenser d'une façon conne ou ignominieuse gagée sur la sueur de gamins bossant pour trois roupies. » Alors que la production et la consommation frénétiques ravagent la planète, l'Incapabilisme est-il la philosophie adéquate de notre temps ? L'auteur n'a aucune illusion, son espoir n'est pas politique, mais comique. S'il fait rire les lecteurs, le reste lui sera pardonné.
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Dans Cher lecteur, Georges Picard rend un vibrant hommage à deux de ses passions : passion de lire et passion d'écrire. Cer- taines des plus belles journées de son existence, passées à lire, à rêver, à méditer, il les doit à d'innombrables écrivains, célèbres ou peu connus, dont quelques auteurs réputés « confidentiels » qui ont, plus que d'autres, su faire vibrer leur vie dans leurs livres :
Benjamin Fondane, Georges Perros, Jean-Claude Pirotte...
«Tandis que nous vieillissons, le temps se resserre autour des vraies nécessités. Je ressens le besoin d'aller au coeur des choses, d'arracher à la vie ce qu'elle m'a caché jusqu'à présent, afin d'en savoir un peu plus sur son infinie complexité. Ce que l'expérience vécue m'a refusé, certains livres peuvent me l'offrir, et c'est pour- quoi j'ouvre généralement un nouveau volume prometteur dans un état d'attente et d'espérance qui n'aspire qu'à être comblé. »
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L'adulte est cousu d'enfant : éloge de la puérilité
Georges Picard
- Corti
- Domaine Francais
- 7 Octobre 2021
- 9782714312600
« L'adulte est cousu d'enfant » affirmait Witold Gombrovicz qui, dans son roman Ferdidurke (1937), pointait avec humour notre universelle immaturité.
La plupart des humains tentent d'en refouler l'idée, les autres cherchent à la sublimer, notamment à travers l'art, les idéologies, les religions et les comportements de puissance. Mais la vérité, c'est qu'il n'y a pas de grandes personnes, comme disait Malraux. Faut-il s'en affliger et courir éternellement derrière l'illusion d'une maturité triomphante ?
Georges Picard prend le contre-pied de ce combat hypocrite perdu d'avance. Il imagine un narrateur prêtant l'oreille avec bienveillance à des hommes et des femmes de différents âges dont l'immaturité ressortit à ce que l'auteur nomme des puérilités subtiles. Celles-ci se manifestent par des superstitions incontrôlées, des questionnements existentiels angoissés, des aspirations idéalistes, des bouffonneries ou des fureurs désespérées.
Mais l'immaturité marque tout autant le militantisme politique manichéen, l'amour fou romantique ou l'intellectualité arrogante.
Ce petit tour des puérilités d'adultes à travers les confidences de personnages curieux et souvent attachants constitue une sorte d'éloge de ce qui demeure en nous de plus vivant : la persistance irréductible de l'enfance.
Après l'illusion, la connerie, le génie, la folie, l'insomnie, l'ivresse, Georges Picard poursuit l'exploration littéraire des marges de notre lucidité.
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« Pour être au clair avec soi-même, pour savoir de quoi sa propre pensée est réellement capable, l'épreuve de l'écriture paraît cruciale. Peut-être publie-t-on trop, mais il n'est pas sûr que l'on écrive suffisamment. Tout le monde devrait écrire pour soi dans la concentration et la solitude » Dans cet essai très personnel, Georges Picard part du désir de l'écriture comme « désir de se découvrir autant à soi-même qu'aux autres » pour développer sa conception du travail de l'écrivain, de la lecture et de la littérature. Il défend l'idée d'une littérature exigeante, libre, sourde aux sirènes du marketing et de la publicité, assumant crânement sa marginalité à une époque où sont privilégiés les livres conformes aux standards d'une lecture fluide, rapide et immédiatement digeste. « Aujourd'hui, la littérature est entrée en résistance contre un ennemi qui n'a pas de visage, qui n'a que l'identité vague et grise de l'indifférence. Cela ne doit pas décourager la passion d'écriture, au contraire. C'est justement parce qu'il n'y a rien à attendre du médiatique et du social en général, qu'écrire ressemble de mieux en mieux à une vocation désintéressée. »
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« Il faut être toujours ivre. Tout est là : c'est l'unique question » selon Baudelaire. Qui n'est jamais sorti de l'enclos de la sèche sobriété n'a qu'une connaissance étriquée de la vie et de lui-même. Il faut oser les expériences qui nous portent aux limites de la conscience, car l'ivresse est aussi un mode exaltant d'appréhension du Réel, comme l'ont montré jadis les poètes chinois et les mystiques persans, amateurs de poésie et de vin. Le secret en serait-il perdu dans nos sociétés partagées entre l'euphorie artificielle des rave-parties et la prophylaxie maussade des hygiénistesoe « Sans chimères et sans ivresses, la vie ne connaîtrait que des passions tristes » affirme l'auteur. Ce livre réhabilite une conception intimiste des ivresses maîtrisées, qu'elles soient ivresses du vin, de la mystique ou de la poésie, ivresse des sens ou ivresse de l'esprit.
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Petits essais de pensée dissonante
Georges Picard
- Corti
- Domaine Francais
- 26 Septembre 2019
- 9782714312266
Georges Picard n'est pas un écrivain des modes et de l'air du temps. Sa pensée est dissonante par rapport aux tendances actuelles, dogmatiques et tapageuses. Dans L'Obs (29/11/2018), Jérôme Garcin le décrit ainsi :
« Picard poursuit, sans s'épargner, sa grande entreprise de désabusement, commencée il y a trente ans. Ce moraliste facétieux écrit comme Sempé dessine, avec un humour et une élégance qui défient notre époque cha- grine et vulgaire. Il résiste. » Dans les Petits essais de pensée dissonante, les lecteurs retrouveront ou découvriront cet esprit allègre qui refuse le sectarisme et préfère encore l'ironie du paradoxe au confort des certi- tudes.
Les trente et un sujets abordés dans ce livre sont en quelque sorte intemporels, bien qu'ils résonnent souvent avec l'actualité. Ce sont des réflexions très personnelles sur l'indignation, la gaieté, la tristesse, le men- songe, l'imbécillité, la clarté, la solitude, la poésie, la musique, la nature, les animaux, le sacré, l'âme..., autant de thèmes qui sont « des croisées de chemins de mon monde intérieur » comme dit Georges Picard. Les lecteurs pourront se les approprier comme des occasions de suivre leurs propres pensées avec, contre ou indépendamment de l'auteur.
Avec ce vingt-cinquième livre (tous publiés aux Éditions Corti), Georges Picard poursuit son oeuvre dans la grande tradition des es- sayistes dans le sillage de Montaigne.
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Chaque matin, la presse nous apporte son lot de nouvelles monstrueuses.
La mort et la souffrance d'un côté, la tyrannie et la corruption de l'Autre. Volontairement ou non, les hommes choisissent presque toujours le pire. Et il faudrait garder son sang-froid ; accepter avec philosophie l'amoncellement de l'horreur quotidienne et l'encerclement de la sottise ! Les occasions encore des optimistes glorifier la bonté du monde. Dans le détail, le monde n'est d'ailleurs pas si moche : c'est la vue d'ensemble qui gâte tout.
S'énerver, dira-t-on, la belle affaire...La culture de l'énervement est, en effet, un programme un peu court pour diriger une existence. Ce n'est pas en tapant du poing sur la table ou sur le pif du voisin que l'on risque de s'ouvrir une voie vers le bonheur. Il ne faudrait pas croire que l'auteur soit inconscient au point d'ériger la tension nerveuse en principe positif de vie. Pourtant, il ne peut se défendre contre l'impression de tenir là quelque chose d'intéressant.
Héraclite disait déjà que tout advient par discorde. En tant que posture éthique, l'énervement pourrait avoir sa place parmi les attitudes recommandables. Dans ce livre, Georges Picard énonce quelques-uns des faits majeurs ou mineurs qui provoquent chez lui la révolte ou le ricanement agacé : l'aliénation du travail salarié subi, la toute-puissance des technoscientistes et des économistes, le fanatisme du sport patriotique, l'obnubilation télévisuelle, l'arrogance intellectuelle et , par dessus tout, l'irrésistible penchant humain pour le malheur.
L'énervement , au fond, une façon d'exposer, par le biais de l'humeur, une sorte de philosophie réactive de l'existence qui s'achève quand même sur un sourire.
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Petit traite a l'usage de ceux qui veulent toujours avoir raison
Georges Picard
- Corti
- 21 Septembre 1999
- 9782714307033
" seuls les naïfs peuvent croire qu'une discussion vise à résoudre un problème ou à éclaircir une question difficile.
En réalité, sa seule justification est d'éprouver la capacité des participants à désarçonner leur adversaire. l'enjeu n'est pas de vérité, mais d'amour-propre. le beau parleur l'emporte sur le bafouilleur, le téméraire sur le timide, le fonceur sur le scrupuleux. etre de bonne foi équivaut à additionner les handicaps, le scrupule s'ajoutant à la circonspection pour alourdir la langue. qu'est-ce que la bonne foi ? une conduite d'échec, un véritable suicide.
" en soixante-trois chapitres, ce petit traité développe différentes facettes de l'art difficile d'avoir toujours raison, quels que soient l'adversaire, les circonstances ou l'objet de la controverse. comme l'explique georges picard : " ce qu'il importe de retenir, c'est qu'un bon cerveau n'est rien sans une bonne technique, et que l'on peut apprendre à avoir raison sur un sujet donné comme on apprend l'anglais ou la chimie organique.
" il est de fait que le monde, en tout temps et en tout lieu, ne court qu'après un objectif : avoir toujours raison. les lecteurs qui s'aventureraient à contester ce point de vue ne feraient, du reste, qu'apporter de l'eau au moulin de l'auteur, trop content d'avoir raison contre eux à si bon compte.
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Merci aux ambitieux de s'occuper du monde à ma place
Georges Picard
- Corti
- Domaine Francais
- 5 Février 2015
- 9782714311375
Retiré dans un village de la Beauce profonde, le narrateur écrit à un ami qu'il n'a pas revu depuis quinze ans. Dans cette lettre peu conventionnelle, il lui confie ses colères, ses rires et son scepticisme vis-à-vis des valeurs artificielles d'une société où personne n'est jamais content, où chacun veut tout et son contraire, faute de comprendre qu'il n'y a pas de vie idéale, seulement des arrangements.
Ce moraliste sans catéchisme aime Baudelaire, Georges Perros, Jean-Claude Pirotte, écrivains qui ont, comme lui, un sentiment mélancolique de l'existence. Son goût pour les idées paradoxales, les apories psychologiques et les traits d'ironie donne à sa lettre le piquant d'un pamphlet et la nonchalance d'un art discret de vivre.
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Dans cet essai d'autobiographie circonspecte, Georges Picard tâche de dégager les traits marquants d'une personnalité confrontée dès sa naissance à l'agressivité d'un monde peu disposé à l'accueillir. " Le sentiment m'habita très tôt de ne pas vivre tout à fait dans le même monde que la majorité des personnes qui m'entouraient, en maison d'enfants, au lycée, plus tard dans la société. Nous n'avions ni les mêmes antennes, ni les mêmes récepteurs émotifs et intellectuels. Le quiproquo était permanent. Pour y échapper, je sondais chez autrui la capacité de s'émouvoir pour ce qui me touchait le plus, et que je peux résumer par une généralité : un certain goût de l'aventure intérieure, ce qui supposait le mépris ou l'indifférence vis-à-vis de ce que l'on prétend le plus réel, l'utilité, l'efficacité, la matérialité de l'action quotidienne ramenée à son niveau le plus prosaïque. " Élevé dans une pension d'accueil pour les enfants juifs de l'après-guerre, l'adolescent devra à la lecture et à la musique les moments de grâce d'une jeunesse sauvée par un idéalisme revendiqué et provocateur, dans un milieu où la survie sociale était la principale urgence. Ce livre de confidences et de réflexion, écrit dans des registres contrastés - cocasse, ironique, mélancolique ou grave -, tente le portrait psychologique d'un garçon par le double versant de vérités intimes (dessinant la cartographie d'un monde intérieur) et d'engagements collectifs (guerre d'Algérie, Mai 68). Mais il est aussi une méditation sur l'improbabilité de cerner de façon rigoureusement cohérente toute identité individuelle. " Hors tout mysticisme, je tiens à l'idée que la vie de chacun est une énigme et, bien sûr, d'abord pour lui-même (...). Ce que peut espérer de mieux celui qui s'autobiographie, c'est de moins bien se comprendre après qu'avant, en étant plus près du noyau brumeux de son être."
Du même auteur chez José Corti : Histoire de l'illusion, 1993 ; De la connerie, 1994 ; Du malheur de trop penser à soi, 1995 ; Le Génie à l'usage de ceux qui n'en ont pas, 1996 ; Tout m'énerve, 1997 ; Pour les yeux de Julie, 1998 ; Petit traité à l'usage de ceux qui veulent toujours avoir raison, 2000 ; Le Vagabond approximatif, 2001 ; Crème de crimes, 2002. ; Tous fous, 2003 ; Le Bar de l'insomnie, 2004 ; Du bon usage de l'ivresse, 2005 ; Tout le monde devrait écrire, 2006.
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De la Beauce aux Cévennes, l'auteur égrène rencontres, souvenirs et méditations au cours de pérégrinations à travers les campagnes.
Marcheur infatigable mais sans exploits, ami des chats, des oiseaux et des compagnons de rencontre, il accorde à l'errance la valeur symbolique d'un mode d'être et de penser. Un vagabondage mêlant réalité et imagination, dont notre marcheur revendique le caractère d'improvisation joyeuse : " Si les gens ne comprennent pas toujours ce qui motive mon cheminement incertain, trop erratique et désinvolte pour ressembler à une expédition sportive, trop obstiné pour être identifiable à une promenade touristique ou hygiénique, ils me prennent grosso modo pour ce que je suis : un marcheur.
Ni maraudeur (on me tirerait dessus), ni randonneur patenté (on me soutirerait des compliments sur les beautés régionales et la supériorité touristique du département sur ses voisins). Cela me va bien, cette espèce d'entre-deux étant conforme au caractère gentiment aberrant de mon voyage ".
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" Les hommes sont si nécessairement fous que ce serait être fou par un autre tour de folie de n'être pas fou " écrit Pascal.
Pensée profonde, d'une actualité éternelle, qui n'a peut-être pas été suffisamment prise au sérieux, tant il est vrai que malgré l'accablante accumulation des signes de la folie humaine, nous continuons à nous croire plutôt raisonnables. La cause de cet aveuglement s'explique aisément si l'on répond à la question : qui est fou ? Le fou, c'est l'Autre, évidemment. Il est presque excitant de voir avec quelle habileté l'homme dénonce l'homme, et chaque parti, le parti adverse.
L'une des grandes faiblesses humaines est l'incapacité d'observer ceux que l'on estime fous avec des yeux qui leur accordent un tant soit peu de raison, ou de s'observer soi-même par les yeux de ses fous sous l'angle où eux-mêmes ne s'admettent pas fous. La Folie, jadis bénéficiaire de l'Eloge ironique d'Érasme, a été la cible privilégiée des rationalistes et des psychanalystes. Bien qu'elle ne soit plus à la mode aujourd'hui, clans un monde imbu de lui-même, car persuadé qu'il détient les formules de toutes les réussites, tant scientifiques que morales, Georges Picard trouve encore à la Folie la vertu réjouissante de troubler les bonnes consciences et de titiller la Raison dans son usage dogmatique.
D'où l'idée de créer un Club de la Folie Conséquente dans lequel seraient admis tous les fous lucides désireux de tirer les conséquences pratiques de leur état. On y marcherait sur la tête, on s'y tirerait la langue devant des miroirs et, surtout, on y philosopherait à la bonne franquette, sans prétention et sans parti pris, un verre à la main. Les quarante-quatre chapitres de Tous Fous constituent un échantillon possible de ces échanges.
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Un humoriste gai comme une porte de prison. Un original qui cultive sa laideur, ce qui ne l'empêche pas de plaire aux femmes. Un collectionneur de miroirs obsessionnel et mégalomane. Une amoureuse qui confond ses amants entre eux. Une mythomane géniale. Un clown métaphysique. Trois jeunes femmes délurées qui sèment la terreur dans un village. Un roi, intoxiqué par les sermons de Bossuet, qui s'enfuit de son palais pour devenir mendiant...
Telles sont quelques-unes des figures que l'on croisera dans ces pages où l'ironie côtoie la poésie, et le tragique l'humour débridé. Soit, au total, soixante dix-huit histoires et portraits, subtils et percutants, ciselés à la pointe fine par l'auteur de De la Connerie et du Petit traité à l'usage de ceux qui veulent toujours avoir raison.
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L'hurluberlu ou la philosophie sur un toit
Georges Picard
- Corti
- Domaine Francais
- 6 Septembre 2012
- 9782714310897
Révulsé par une société qu'il juge débile et décervelante, le personnage de ce livre assume sa réputation d'hurluberlu : " Comme le monde serait ennuyeux si on se contentait de le prendre au pied de la lettre ! J'ai toujours pensé qu'il fallait dépayser les choses pour se dépayser soi-même. " Il le fait ardemment, avec la conscience ironique et aiguë d'être ce qu'il est, un rêveur philosophe en rupture avec les routines sociales.
Pendant quelque temps, il vit sur le toit d'un immeuble parisien où il installe un matelas mousse, un duvet, un réchaud à gaz et quelques livres dans une caisse en guise de bibliothèque. " Ma parole, je crus bien avoir trouvé ma vraie place dans cette vie. " Sa compagne Janina, son ami dadaïste Getty, le professeur Schuzmeyer directeur d'une clinique psychiatrique, et divers personnages de rencontre dont le pittoresque alimente sa bonne humeur, lui fournissent la clé de sa philosophie : " Un individu qui ne revendique pas sa nature profonde de clown est perdu pour moi. Car il y a pire que le clown, il y a l'homme sans lucidité intérieure. "
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Le Réel, c'est l'évidence même.
Mais c'est aussi un objet impossible à penser. A travers quarante deux variations d'inspiration philosophique ou poétique, le Réel est interrogé et sondé, dans sa globalité métaphysique comme dans ses détails concrets, jusqu'à montrer qu'il n'est jamais cette évidence que l'on croit. Ce livre constitue un exercice de vertige et d'humour. Il n'est pas destiné à remettre les idées en place, mais plutôt à les chambouler.
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Ce livre n'est pas un traité de philosophie. L'auteur y pense comme il veut sur le fait de penser comme on veut : « Le plaisir de penser me semble provenir d'une impression de liberté intérieure, encore plus que de l'espoir d'établir des vérités. Les idées valent par elles-mêmes quand on en a le goût. Toutes n'appellent pas l'approbation ou le rejet. Quand elle n'est pas sollicitée par une question pressante, la pensée a la gratuité d'une activité esthétique, et c'est sans doute ce qu'elle est, indépendamment de sa qualité intrinsèque. Un peu comme le plaisir de marcher, de courir, de siffler, de chanter ; comme tout dégourdissement physique ou mental motivé par l'amusement d'exister. » Georges Picard défend l'idée que la vitalité de la pensée vaut autant que les conclusions auxquelles elle aboutit. Renouant avec l'esprit dilettante symbolisé par le Neveu de Rameau (« Mes pensées, ce sont mes catins »), il penche pour une conception désillusionnée mais dynamique de la pensée. « Les théoriciens qui ont la prétention de nous faire croire à la nécessité des idées qu'ils défendent, alors qu'elles sont au plus judicieuses ou originales, que leur pertinence est celle d'une logique singulière, donc arbitraire, jouent avec notre crédulité de lecteurs assoiffés de belles histoires. La jouissance de penser ne suppose pas une fidélité éternelle à ses opinions. » Georges Picard a publié vingt livres aux éditions Corti dont De la Connerie, Petit traité à l'usage de ceux qui veulent toujours avoir raison, Le philosophe facétieux, L'hurluberlu ou la philosophie sur un toit.
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Sortir de ses routines, ne cesser d'aller « ailleurs » : tel est le sous-en- tendu de ce roman dont les péripéties et le ton ironique laissent entre- voir la profondeur de l'éternel dilemme humain : partir ou pas.
Le narrateur, « nomade entravé », est fixé depuis quatre mois dans une petite ville portuaire qu'il ne parvient pas à quitter. Pour sortir de cet attentisme, il consulte un psy qui lui conseille d'écrire un pamphlet à la Cioran susceptible de le purger de ses humeurs. Un vieil écri- vain local, alcoolique et pittoresque, mystérieusement engagé dans une oeuvre incompréhensible, essaie de l'en dissuader au nom de la pureté littéraire : l'écriture, la vraie, ne doit pas soigner, mais tuer l'écrivain, le vider complètement. Hésitant, sceptique, le narrateur tergiverse sous le regard amusé de Solène, une voisine, et sous les quolibets de ses com- pagnons de bistrot. Sa rencontre avec des migrants africains, essayant envers et contre tout de passer en Angleterre, va redéclencher en lui le goût de l'action et l'ardeur du départ.
Dans ce récit, le lecteur retrouvera le ton si personnel de Georges Picard, « écrivain de la distance intérieure ». Comme l'a écrit Michel Camus : « Son humour est d'autant plus implacable qu'il est secrète- ment fondé sur un art de s'ouvrir les abîmes. »
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Un philosophe peut-il être facétieux, c'est-à-dire farceur, moqueur, espiègle ? Tel est, en tout cas, le personnage de ce livre qui porte sur la philosophie un regard impertinent. Aux systèmes doctrinaires, il préfère " la philosophie souillon mais vivante, approximative mais fébrile, voire légèrement déglinguée " telle qu'il l'improvise avec ses amis autour d'une bouteille de bonne année. " Au diable les théories absconses qui font de la philosophie une théologie jargonnante ! Nous sommes saturés de concepts et de dictionnaires, et de résumés de doctrines (encore un joli mot ! ) " Aimant rire autant que philosopher, notre disciple de Diogène forme avec ses copines et ses camarades un groupe voué à l'amitié, à la philosophie et à l'amusement. La cible de leurs canulars : la fatuité de certains " grands penseurs " qui cachent des idées banales ou inconsistantes derrière un hermétisme indigeste. Car, pour nos amis, la philosophie est moins une discipline qu'une façon " d'être en osmose avec le monde, en appétit et en éveil permanents par rapport à ce qui engage le plus profondément notre vitalité intellectuelle, spirituelle et affective. L'hygiène de l'esprit exige aération, clarté et réactivité. Je ne comprends pas qu'on ne se rende pas disponible à l'idée qui passe et déroute, à l'étrangeté cachée du sens qui foisonne sous les plus banales observations..." Un livre vif, tonique, joyeusement iconoclaste.
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" Je ne sais pas s'il est de bon ton de se croire supérieur à la moyenne des trancheurs de gorge qui peuplent la planète, mais sans fausse modestie, je me crois quelqu'un.
Si je n'ai pas inventé le papier buvard, j'ai fait progresser la méthodologie criminelle qui ne sera plus après moi ce qu'elle était avant. Avant, c'était de la pure improvisation, en dépit des efforts publicitaires de Thomas de Quincey pour faire croire que l'assassinat pouvait être considéré comme l'un des beaux-arts. Le fait qu'il n'ait pas eu accès à ma documentation personnelle enlève beaucoup de fonds à son oeuvre.
En ce qui concerne la compréhension du crime, je me méfie des intellectuels. " Ce volume contient deux nouvelles d'humour noir, Crème de crimes et Un par an, et deux d'humour rose, Le larbin de Verlaine et Dutillon et son auteur. Il comprend également une surprise finale pour les lecteurs qui arriveront au bout, quelques-uns pouvant mourir avant, de rire de préférence. Georges PICARD
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Trois personnages, deux hommes, une femme, se retrouvent somnambuliquement, soir après soir, dans un bar.
Soustraits à la routine immémoriale du rythme biologique, ils ne dorment plus. Ils sont passés du côté des fantômes, traversant les nuits sur le qui-vive et les jours au jugé. Charlie, le barman manipulateur, Erda, la maîtresse paradoxale d'un amant qui dort toujours, et le narrateur, errant pendant la journée dans Paris sous le coup d'une confusion mentale qui lui fait perdre jusqu'à son identité, forment, selon son expression, une sorte de " triade mythologique " Quelle farce ! Je riais jaune en imaginant qu'il existait une probabilité pour que nos existences restent unies à jamais, figées dans une insomnie transcendantale.
L'Insomnie est ici la matrice d'un récit ironique où le narrateur partage une amitié muette avec un Vampire, des coups avec des passants et des propos désabusés avec ses compagnons de bar, dans l'attente d'une révélation sur le sens de cette veille perpétuelle.
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Pour déclarer sa flamme à Julie, Choiseul a mis le feu à un immeuble et causé l'idignation d'une poignée de malchanceux qui se trouvaient sur les lieux.
Mais cet exploit ne suffit pas à la jeune femme. " je me donnerai à toi dit Julie à Choiseul, le jour où tu m'auras vraiment épatée. " Comment Choiseul va-t-il s'y prendre ? Dans ce petit roman qui se moque de la logique et du sens commun, les personnages, tous fous, pourraient sortir d'un film des Marx Brothers : un juge au gros pif qui mange des cravates en soie et fait chanter les hommes politiques, un Irlandais incombustible, insubmersible et blindé au whiskey, une actrice timbrée de son César dont elle ne se sépare jamais, même dans son bain ou en faisant l'amour, une secrétaire espionne à l'oreille hypertrophiée à force d'écouter aux portes, une prostituée sénégalaise qui prépare un diplôme de cryptographie, plus d'autres personnages aussi pittoresques que déjantés...
Bref, tous piqués - l'auteur lui-même ne se sentant pas très bien. Sa seule excuse : faire rire. S'il y parvient, il lui sera beaucoup pardonné.
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