Au royaume du hasardje suis le maître du tempstransporte des milliers de coeursdes millions de battementsIl me suffit de cravater quelques commutateurset j'avancerai l'heure de chacun d'entre euxJe ne sonne pas le tocsin, ni ne détiens de pouvoir divinje conduis le train
Laure, prof, est mariée, mère de deux filles et propriétaire d'un pavillon. À 40 ans, elle a parfois l'impression d'être la somme non pas de ses désirs, mais de l'effort et du compromis. Clément, célibataire, 50 ans, s'ennuie dans un bureau vitré, lassé de la vue qu'il offre autant que de YouPorn. Laure envie, quand elle devrait s'en inquiéter, la rage militante de sa fille aînée. Clément n'envie personne, sinon son chien. De la vie, elle attend la surprise. Il attend qu'elle finisse. Saisis par la passion et ses menaces, ils tentent de se débarrasser l'un de l'autre en assouvissant le désir... convaincus qu'il se dompte.Dans une langue nerveuse et acérée, Maria Pourchet nous offre un roman vif, puissant et drôle sur l'amour, cette affaire effroyablement plus sérieuse et plus dangereuse qu'on ne le croit.Renversant. Une stupéfiante vivacité. Le Monde des livres.Derrière sa belle allure cynique, ce texte est plein de sanglots. Maria Pourchet rappelle avec un talent brûlant que l'amour est une affaire de vie et de mort. Le Journal du dimanche.
Lorsqu'en février 1956 Romain Gary arrive à Los Angeles, le compagnon de la Libération n'a pas encore eu le Goncourt pour Les racines du ciel et n'a pas commencé à écrire La promesse de l'aube. Durant les quatre années où il exerce le poste de consul général de France dans la Cité des Anges se nouent tous les fils d'une histoire hollywoodienne qui va bouleverser à la fois l'homme et son oeuvre.Monsieur Romain Gary est le récit de la transformation d'un homme qui, par-delà ses multiples vies, cherche toujours à se réinventer. C'est aussi la fresque d'une époque intense sur laquelle souffle un grand vent de liberté.
Balla voit son monde s'effondrer lorsque son père abandonne subitement la concession familiale. Jusqu'alors, lui et ses amis jouaient, insouciants, dans la brousse de l'Ouest malien. Souhaitant garantir un avenir à ses enfants, sa mère quitte le village et emmène sa progéniture de Kayes à Bamako et de Bamako à Paris. Arrivé dans une France froide et inhospitalière, Balla ne connaît rien des codes de ce nouveau pays et devient, à six ans, la risée de son école et bientôt de toute sa famille. Squattant chez les uns chez les autres, l'enfant nomade se plonge dans le mutisme et rêve secrètement de revoir son père. Dali, une griotte qui pratique l'art de la divination, prédit un avenir radieux à l'élève parqué dans une classe destinée aux enfants arriérés. Depuis, le petit garçon est obsédé par l'intelligence et l'acquisition de la connaissance. Mettra-t-il fin au désespoir de sa mère qui l'emmène de force dans ses cours d'alphabétisation pour essayer de le sortir d'affaire ? Parviendra-t-il à se faire une place dans sa fratrie qui ne croit pas en lui ? La prophétie de Dali se révélera bien plus qu'une simple chimère...
Dans une langue aussi imagée qu'enjouée, Balla Fofana nous livre un très beau premier roman, largement inspiré de sa propre histoire. Il y raconte l'exil à hauteur d'enfant, la violence sourde qu'il engendre, mais surtout la force d'une femme, sa mère, à laquelle il rend un magnifique hommage.
Ni loup ni chien est un road-trip qui nous emmène au coeur du Dakota américain d'aujourd'hui.
Préface de Robert Plant Illustrations de Baudoin Dan, un vieil Indien lakota, veut écrire un livre sur son histoire et celle de son peuple. Pour ce faire, il contacte l'écrivian Kent Nerburn. Tout au long de l'expédition, qui les mène des villes délabrées des réserves indiennes jusqu'au monument historique érigé en l'honneur de Sitting Bull en passant par les prairies infinies du Dakota, Dan se livre. Tantôt incité par la situation, tantôt par un lieu, un acte ou une parole, il tisse son histoire et celle de son peuple avec une verve étonnante. Empreints de spiritualité et de douleur, mais aussi d'humour, ces récits se situent à la frontière littéraire entre les mémoires, la philosophie et l'anthropologie.
Ni loup ni chien, qui retrace le destin d'un vieil Indien lakota et de ses ancêtres, est une histoire à la fois intime et universelle revenant sur la façon - douloureuse, vorace et violente - dont les États-Unis se sont construits, histoire racontée avec simplicité, honnêteté, rage et humour. Ce n'est pas un livre sur la spiritualité indienne - même s'il en est pétri - mais bien un dialogue véridique, fougueux et réconciliateur, dont Robert Plant, l'un des membres du groupe Led Zeppelin et grand voyageur, clame qu'il en a fait son compagnon pour comprendre les États-Unis d'hier et d'aujourd'hui .
Ils ont un bel appartement à la décoration soignée. Un job qu'ils aiment. Des amis intéressants. Une vie amoureuse stable. Bref, ils ont tout pour être heureux, et d'ailleurs ils le sont. Vraiment ?Un couple d'Italiens s'installe à Berlin. Webdesigners, ils explorent à fond la vie d'expatriés que leur offre la capitale allemande. Elle correspond en tout point à ce qu'ils avaient rêvé et aux images de réussite qui saturent les réseaux sociaux. Mais derrière le vernis, derrière l'apparente «perfection» de leur existence bien rangée, quelques grains de sable commencent à apparaître et menacent peut-être de faire dérailler la machine. Très vite, alors que la gentrification fait rage dans la ville, le malaise les gagne. La vie est rarement «comme sur les images», et ces personnages risquent fort de le comprendre tôt ou tard...Dans Les perfections, Vincenzo Latronico scrute en entomologiste cruel les moindres contradictions de ses héros pris entre impuissance et perte de sens. Pas sûr que la génération des millennials sorte grandie de ce roman, qui peut aussi être lu comme un hommage aux Choses de Perec à l'heure d'Instagram.
Dans une petite ville du Maine, la veille de Noël, toute la communauté s'apprête à célébrer les cent ans de Betty Holmes, l'ancienne institutrice. À la stupeur générale, en ce jour de fête, Miss Holmes fait des révélations surprenantes sur une mystérieuse disparition vieille de soixante ans et sur un de ses anciens élèves devenu célèbre. Betty ne verra pas Noël...
Nouvelle-Angleterre, 1930. Au coeur d'un été torride, la vieille ferme familiale au charme bucolique, ce « paradis de l'enfance » où la nature recèle de jeux à chaque coin d'arbre, est frappée par la tragédie, celle du décès du père de la famille dans un accident. Alexandra, sa femme, ne s'en remet pas et reste cloîtrée toute sa chambre ; il n'y a que la grand-mère Ada pour veiller sur les jumeaux de 12 ans, Niles et Holland. Niles est un enfant modèle, le genre à rendre ses parents fiers ; Holland, lui, est plus déroutant, plus insolent, plus insondable. Si fusionnels autrefois, les deux enfants paraissent s'éloigner et c'est Niles qui en souffre le plus, d'autant que la famille est confrontée à des événements étranges qui l'isolent de plus en plus. Dans cet été qui n'en finit pas, les jeux de l'enfance prennent un tour inquiétant et pour les deux jumeaux, un destin tragique semble s'étendre sur eux comme l'ombre menaçante de nuages noirs.
Succès commercial et critique, la parution de L'Autre en 1971 a lancé la carrière de romancier de Thomas Tryon. L'Autre a été traduit partout dans le monde et a fait l'objet d'une adaptation cinématographique par Robert Mulligan en 1972.
Un premier roman frénétique, le récit de soeurs jumelles autistes se faisant vengeresses de toutes les violences subies durant leurs jeunes années Mireille et Marie ont vécu silencieuses de longues années, à porter seules, ensemble, leur anormalité. Pour ces soeurs jumelles autistes, les coups ont été encaissés très tôt : la mort du père, l'alcoolisme de la mère, une société violente et déshumanisante. Ballottées d'une famille d'accueil à l'autre, meurtries par des blessures profondes, celles que l'on disaient douces, calmes et timides, décident, à la suite d'un énième renvoi chez leur mère, de se faire justice elles-mêmes.
C'est le début d'un périple qui les mène du nord au sud de la France, à la reconquête de la place qui leur revient. Furies assoiffées de vengeance, les deux soeurs traquent un à un leurs anciens tortionnaires, infligent rigoureusement leurs châtiments, sans exception. Et, lorsqu'elles arriveront enfin face au dernier des coupables - le plus surprenant -, iront-elles jusqu'au bout de leur plan ?
Ce récit frénétique et envoûtant se révèle une ode puissante à l'amour sororal et à la justice. Quel qu'en soit le coût.
Au coeur des années 1930, de nombreuses familles italiennes ont émigré dans le quartier de Red Hook, à Brooklyn. C'est là que vivent les petites Sofi a et Antonia, adorables voisines et amies absolues. Et si elles sont aussi proches, c'est qu'elles ont un point commun singulier : leurs pères font partie de la mafia. Or, en regardant chaque jour leurs mères subir une vie faite d'inquiétude, les fillettes se jurent de ne jamais épouser d'hommes oeuvrant pour la Famille.Quand il arrive malheur au père d'Antonia, le fil de son amitié avec Sofia se fragilise, d'autant que leurs rêves se mettent à diverger : l'une voudrait faire des études quand l'autre préfère les frivolités. Mais quels chemins prendront les deux amies lorsqu'une fois adultes elles devront vraiment choisir qui devenir, et qui aimer ?Un premier roman délicat et puissant qui dévoile la force de deux destinées inoubliables. La Famille est une magnifique histoire d'amitié féminine liée à une exploration fascinante des coulisses de la mafia, vue par des femmes.
L'histoire commence en Espagne, par deux naissances et deux abandons. En juin 1943, une prostituée obèse de Bilbao donne vie à un garçon qu'elle confie aux jésuites. Un peu plus tard, en Galice, une femme accouche d'une fille et la laisse aux soeurs d'un couvent. Elle revient la chercher dix ans après. L'enfant est belle comme le diable, jamais elle ne l'aimera.
Le garçon, c'est Julian. La fille, Victoria. Ce sont le père et la mère de Maria, notre narratrice.
Dans la première partie du roman, celle-ci déroule en parallèle l'enfance de ses parents et la sienne. Dans un montage serré champ contre champ, elle fait défiler les scènes et les années : Victoria et ses dix frères et soeurs, l'équipe de foot du malheur ; Julian fuyant l'orphelinat pour s'embarquer en mer. Puis leur rencontre, leur amour et leur départ vers la France. La galicienne y sera femme de ménage, le fils de pute, gardien du théâtre de la Michodière. Maria grandit là, parmi les acteurs, les décors, les armes à feu de son père, basque et révolutionnaire, buveur souvent violent, les silences de sa mère et les moqueries de ses amies. Mais la fille d'immigrés coude son destin. Elle devient réalisatrice, tombe amoureuse, fonde un foyer, s'extirpe de ses origines. Jusqu'à ce que le sort l'y ramène brutalement. A vingt-sept ans, une tarologue prétend qu'elle ne serait pas la fille de ses parents. Pour trouver la vérité, il lui faudra retourner à Bilbao, la ville où elle est née. C'est la seconde partie du livre, où se révèle le versant secret de la vie des protagonistes au fil de l'enquête de la narratrice.
Stupéfiant de talent, d'énergie et de force, Les gens de Bilbao naissent où ils veulent nous happe dès le premier mot. Avec sa plume enlevée, toujours tendue, pleine d'images et d'esprit, Maria Larrea reconstitue le puzzle de sa mémoire familiale et nous emporte dans le récit de sa vie, plus romanesque que la fiction. Une histoire d'orphelins, de mensonges et de filiation trompeuse. De corrida, d'amour et de quête de soi. Et la naissance d'une écrivaine.
ENTRE 1868 et 1869, quatre très jeunes femmes convergent vers Lyon pour travailler dans la première branche mécanisée de l'industrie de la soie : « ovalistes », elles garniront les bobines des moulins (ovales) afin de donner au fil grège la torsion nécessaire au tissage.
Rien ne les destinait à se rencontrer, hormis la nécessité de gagner leur vie : Toia est piémontaise, le curé du village l'a recommandée au colporteur chargé de recruter des filles de bonne moralité comme ouvrières non qualifiées. Ne sachant ni lire ni parler le français, elle arrive seule à Lyon en diligence, l'adresse de l'atelier notée sur un papier qu'elle montre à qui pourra l'aider.
Il en va de même pour Rosalie Plantevin, originaire de la Drôme où sévit la maladie du mûrier : elle n'a pas trouvé à s'y employer pour nourrir son enfant, laissé en pension à sa soeur. Marie Maurier, elle, vient de Haute- Savoie, où son père est carrier. Vive, drôle, elle amusera tout le monde, dans son atelier de la Guillotière. La très blonde Clémence Blanc est la seule Lyonnaise du quatuor, que révolte la mort en couches de l'amie avec qui elle partageait un minuscule garni.
Dans une magnifique métaphore autour de la forme ovale - celle du moulin, celle du stade -, Maryline Desbiolles imagine ses quatre personnages en relayeuses se passant le témoin pour une course qui les mènera, non pas à un record, mais à devenir parties prenantes d'un événement d'importance : la première grève de femmes de l'histoire.
C'est en juin 1869 que Philomène Rozan, figure bien réelle que l'autrice met en scène en camarade d'atelier de Clémence, prend la tête du mouvement :
Pour énoncer leurs revendications salariales, demander de meilleures conditions de travail et de logement et poser un préavis de grève, les filles ont recours à un écrivain public. Les maîtres mouliniers font bien sûr la sourde oreille. Elles s'enhardissent pourtant et, pendant quelques jours, le mouvement va s'amplifier. Le livre avance alors au rythme exaltant d'une troupe féminine s'autorisant enfin à cesser de courber l'échine :
Nos quatre relayeuses y apparaissent comme en couleur, dans une foule anonyme en noir et blanc, titubantes dans l'élan de leur propre audace.
La course aura été belle, Philomène Rozan repérée par Marx lui-même pour participer au congrès de l'Association internationale des travailleurs à Bâle, en septembre de cette année 1869. Mais trois hommes iront finalement à sa place, dont Bakounine.
L'acuité, la poésie, l'humour, la concision de l'écriture font ici merveille pour donner voix et corps à ces oubliées de l'histoire.
Chili, années de la dictature de Pinochet.
M, une petite fille, accompagne D, son père représentant en quincaillerie, dans ses tournées et se passionne pour les objets qu'il vend tant ils lui paraissent être l'ordre même de l'univers. Elle rencontre ainsi les autres voyageurs de commerce, qui constituent «une famille sans parents et donc plus supportable qu'une autre», aide son père à falsifier ses notes de frais, écoute les histoires, drôles ou tragiques, des uns et des autres... jusqu'au jour où son monde se délite.
Avec Kramp, cet objet littéraire inattendu et d'un charme indéfinissable, María José Ferrada incarne une voix nouvelle et puissante de la littérature chilienne.
Paris, 1935Lors de la première du Rigoletto de Verdi à l'Opéra-Comique, un jeune ténor défraie la chronique en volant la vedette au rôle-titre. Le nom de ce prodige ? Elio Leone.Né en Italie à l'orée de la Première Guerre mondiale, orphelin parmi tant d'autres, rien ne le prédestinait à enflflammer un jour le Tout-Paris. Rien ? Si, sa voix. Une voix en or, comme il en existe peut-être trois ou quatre par siècle.Cette histoire serait très belle, mais un peu trop simple.L'homme a des failles.D'ailleurs, est-ce vraiment de succès qu'il rêvait ?En mettant en scène avec une générosité folle et une grande puissance romanesque d'inoubliables personnages, Alexia Stresi nous raconte que ce sont les rencontres et la manière dont on les honore qui font que nos lendemains chantent et qu'on sauve sa vie.
« Well... avec de la chance, on retrouvera ton corps au printemps. » Le vieux barbu en chemise à carreaux ne plaisanta qu'à moitié lorsqu'il apprit mon intention de traverser l'Alaska. Seul à bord d'un petit canoë, je m'apprêtais à naviguer deux-mille kilomètres sur le Yukon, d'un bout à l'autre de « la dernière frontière ». C'est ainsi que les Américains ont baptisé? ce territoire vaste comme trois fois la France. Au gré du courant, de la frontière canadienne à la mer de Béring, s'est dévoilé un Grand Nord loin des fantasmes, terre sauvage et hostile où se côtoient le beau et le tragique, la violence et l'humanité la plus profonde....
C'est le récit de cette grande aventure entreprise il y a quelques années que Volodia Petropavlovsky nous livre ici avec sincérité et humour.
Il y a la Méditerranée, la lumière, l'île d'Elbe au loin. Mais ce n'est pas un lieu de vacances. C'est une terre sur laquelle ont poussé brutalement les usines et les barres de béton. Depuis les balcons, on a vue sur la mer, sur la plage, une scène idéale pour la jeunesse de Piombino. Entre drague et petites combines, les garçons se rêvent en chefs de bandes, les lles en starlettes de la télévision.
De quoi oublier les conditions de travail à l'aciérie, les mères accablées, les pères démissionnaires... Anna et Francesca, bientôt quatorze ans, sont les reines de ce royaume cabossé. Ensemble, elles jouent de leur éclatante beauté, rêvent d'évasion et parient sur une amitié inconditionnelle pour s'emparer de l'avenir.
Un soir d'été, bien avant le Covid, un accident de voiture m'a brusquement fait perdre l'odorat. Moi qui adorais les odeurs, je n'imaginais même pas qu'elles puissent s'évanouir ! Et pourtant, tout ce que je respirais semblait désormais « vide » : l'odeur des aliments, de la nature, celle des autres, la mienne... Disparues ! La vie n'avait plus de saveur. Même mes émotions et souvenirs en ont été affectés.
Pour conjurer le sort, j'ai tenu un journal de mon voyage dans cet étrange univers aseptisé, tout en essayant de comprendre ce qui m'arrivait, et comment fonctionnait notre nez. Je suis également allée à la rencontre de nombreux « orfèvres » des odeurs : parfumeurs, vignerons, médecins, chimistes ou grands chefs.
J'ai écrit ce livre pour célébrer l'odorat, ce sens méconnu dont sont privées des dizaines de millions de personnes dans le monde - notamment à cause du Covid. Mais avant la pandémie, qui savait ce que signifie l'anosmie ? Dénigrée par Kant ou Freud, en voie de réhabilitation par les aficionados d'une époque en quête de plaisirs, l'olfaction recèle pourtant bien des surprises. Et les questions sont infinies : savez-vous qu'il existe près de mille milliards d'odeurs différentes ? L'odorat et le goût, est-ce la même chose ? Pourquoi sent-on mieux la vanille que le basilic ? Y a-t-il des odeurs plus fortes que d'autres ? Peut-on réapprendre à sentir ? Et ça fait quoi de ne plus percevoir l'odeur de son partenaire ?
Françoise-Marie Santucci raconte son quotidien d'anosmique. Toujours passionnée par les parfums, les vins et les mets, elle décrit avec humour la perte de ses sensations olfactives et fournit une foule d'explications claires et captivantes sur le fonctionnement de notre nez.
« Tous les deux, nous dormons. Dans la rue, dans la chambre, à la table du coin dans l'ombre, il me parle en dormant, il me raconte sa vie qui est aussi la mienne, il me dit ce qu'il voit que je vois moi aussi. Je dors et je l'écoute. Je n'ai rien d'autre à faire. C'est comme si je vivais deux fois au même moment, une fois de trop. ».
Celui qui raconte cette histoire a une vie bien réglée : le matin il rédige des publireportages pour une agence de voyages, l'après-midi il se rend dans un centre d'art où il compose des poèmes en pensant à une employée qui porte un tee-shirt à rayures. Il observe attentivement le monde sans vraiment y prendre part.
Et puis il y a cette voix, celle du dormeur, qui commente sa vie en permanence et prend de plus en plus de place.
Nous pensons tous connaître les grandes lignes de la geste de Jeanne d'Arc. Nous ignorons bien souvent qu'au début cellesci étaient au nombre de quinze petites Jehanne, rassemblées en secret sur ordre de la grande Yolande d'Aragon afin d'être formées, dans le but de révéler une prophétesse : au programme, entraînement à la décollation de Bourguignons, techniques pour éviter le bûcher, méthode Guillemette Latubée et cours sur les Vies parallèles des Femmes Illustres.
Car à l'aube du XVe siècle, l'Histoire du Royaume de France n'a plus aucun sens : Armagnacs, Bourguignons et Englishes se disputent le trône, chaque camp se considérant légitime. Celle qui se montrera la guérillère la plus forte et la plus vaillante devra libérer Orléans et sacrer Roi le Dauphin (du moins, voici le prétexte de cette quête exceptionnelle). C'est Jehanne la Douzième qui s'impose nettement. Or son profil n'a rien à voir avec ce que Yolande d'Aragon imaginait...
Porté par une langue vive aussi tranchante que le fil d'une épée, ce roman fougueux, original et drôle interroge la manière dont sont construits les grands récits et personnages historiques. Avec une grande inventivité, l'auteur mêle les registres de langues et les genres littéraires pour révéler la véritable épopée de grandes guérillères.
S'apercevant un matin qu'elle ne fait plus de rêves, la journaliste Camille Dutilleul part à leur recherche. Son enquête la mène à un groupe de scientifiques qui étudient l'influence de l'eau sur les songes : il y aurait chez les endormis, transmis par l'eau, un royaume unique et commun. Mais leur principal sujet d'études, Andrea, un jeune poète napolitain, est malade. Lui non plus ne rêve plus et sa peau bleuit.Camille l'enlève. Commence alors une cavale au ralenti dans un monde gagné par le virus de la hâte. De la rue Bernoulli à la Touraine, de Belgrade à Istanbul, les rêveurs de tous les pays s'unissent contre ce qui fait écran entre eux.Roman d'aventures, polar existentiel, La disparition des rêves nous embarque dans un fabuleux road trip.
Après "L'invention des corps" et "Le grand vertige", toujours en phase avec les vibrations du monde, Pierre Ducrozet change de focale pour raconter une famille dont l'astre vital est la musique, une famille où l'amour (et les malentendus) circulent dans toutes les tonalités. Où l'on retrouve son énergie, sa plasticité, sa vitesse au service d'une profondeur nouvelle dans une anti-saga affranchie des modèles, une histoire intime, sauvage et informelle de la musique au XXe siècle, un roman qui danse et qui sonne comme un concert et une tempête. Au plus près des personnages, dans l'exploration de ce qui les lie et les délie, "Variations de Paul" nous happe et nous bouleverse.
Fis déchu totalement ruiné à l'approche de la cinquantaine, Diego Lambert n'a qu'une seule issue, demander de l'aide à son père, directeur d'une multinationale de céréales.
Celui-ci, maitre en manipulation, lui propose 50.000 € s'il accepte de remplacer sa DRH, en arrêt maladie le temps de la restructuration de l'entreprise, et d'effectuer son plan social.
Diego accepte et prend les choses en main, mais pas exactement comme son père l'aurait souhaité !
« La situation était limpide pour ma belle personne. Mon père m'avait nommé dans le rôle de la pire des putes : celui du liquidateur. Me nommer au poste de pseudo DRH, en fait chef du personnel, faisait de moi l'affreux capitaliste qui allait devoir se séparer de quinze salariés. ».
Dans cette farce oedipienne rythmée comme un polar, avec un regard satyrique hilarant qui fait merveille sur l'entreprise, l'économie de la rentabilité et les dérives capitalistes, Nicolas Rey change tout, tout en restant comme on l'aime :
Délicieusement immoral !
Dans un menu enfant, on trouve un burger bien emballé, des frites, une boisson, des sauces, un jouet, le rêve. Et puis, quelques années plus tard, on prépare les commandes au drive, on passe le chiffon sur les tables, on obéit aux manageurs : on travaille au fastfood.
En deux récits alternés, la narratrice d'En salle raconte cet écart. D'un côté, une enfance marquée par la figure d'un père ouvrier. De l'autre, ses vingt ans dans un fastfood, où elle rencontre la répétition des gestes, le corps mis à l'épreuve, le vide, l'aliénation.
Lorsque son père part vivre sa retraite au Maroc, épouse une femme aussi jeune qu'elle, se convertit à l'islam et annonce qu'il la déshérite, Carina, la « fille préférée » sombre dans la douleur. Qui est véritablement ce père ? Quelles colères enfouies est-il en train de faire ressurgir ?
Il est des romans écrits par urgence vitale. Tempêtes et brouillards est de ceux-là. Hanté par la figure du Roi Lear, entremêlant souvenirs à vifs, conversations, réflexions sur l'héritage, l'amour filial, les gestes post-coloniaux qui s'ignorent, l'écriture et le pardon, il traverse la noirceur et la brûlure vers la réappropriation de soi. Porté par une écriture incantatoire, un suspense intime, il signe la profession de foi d'une écrivaine.