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Nina Bouraoui, marraine de la librairie
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Je ne sais pas ce que déclenche la mort d'un père, je ne sais pas si je vais me briser me tordre ou grandir, m'élever. Je sais que je vais devenir une autre personne, j'espère être meilleure, progresser, j'espère ne jamais perdre ma douceur et mon étonnement sur le monde, j'espère que je saurai remplacer ce qui va désormais me manquer. (...) Il y aura une force nouvelle et inconnue parce que je ne veux pas tomber. »
Face à la douleur, Nina Bouraoui se tourne vers l'écriture, et mêle la vie de son père à la sienne. Tous les souvenirs reviennent de Paris à Alger, un art de jouer et d'aimer, une façon de vivre et d'observer. Nina Bouraoui raconte ce grand seigneur à l'existence hautement romanesque, et imagine les secrets qu'il emporte. C'est le bouleversant récit d'une perte et d'un rendez-vous par la mémoire et l'amour.
« Pudique et poignant » Le Point -
« Je pense souvent à ce qu'il restera, à ce qu'Erwan gardera de moi, de son enfance, j'aimerais saisir, révéler ses sensations sur la pellicule photographique, graver nos instants, craignant que l'amour ne disparaisse avec les souvenirs, graver l'odeur du jasmin quand nous nous approchons de notre maison, odeur de la stabilité du lieu intérieur malgré les désordres de mon coeur, contre la violence extérieure, réelle ou imaginaire, de la mer, des hommes. » À travers la voix incandescente de Madame Akli, Nina Bouraoui nous offre un roman brûlant, sensuel et poétique qui réunit toutes ses obsessions littéraires : l'enfance qui s'achève, l'amour qui s'égare, le désir qui fait perdre la raison.La beauté de cet ouvrage inquiétant tient dans le contraste entre l'exaltation de la nature, la lumière idyllique des lieux et l'obscure prison mentale de l'héroïne. L'Obs.Puissant et magnifique. Le Parisien.
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« Je m'appelle Sylvie Meyer. J'ai cinquante-trois ans. Je suis mère de deux enfants. Je suis séparée de mon mari depuis un an. Je travaille à la Cagex, une entreprise de caoutchouc. Je dirige la section des ajustements. Je n'ai aucun antécédent judiciaire. ».
Sylvie est une femme banale, modeste, ponctuelle, bonne camarade, une femme simple, sur qui on peut compter. Lorsque son mari l'a quittée, elle a essayé de faire comme si tout allait bien. Lorsque son patron lui a demandé de faire des heures supplémentaires, de surveiller les autres salariés, elle n'a pas protesté.
Jusqu'à ce matin de novembre où elle se révolte contre toute cette violence du monde, des autres, contre sa solitude. En une nuit, elle détruit tout. Ce qu'elle fait est condamnable, passable de poursuites, d'un emprisonnement... mais le temps de cette révolte Sylvie se sent enfin vivante. Elle renaît.
Un portrait de femme magnifique, bouleversant : chaque douleur et chaque mot de Sylvie deviennent les nôtres et font écho à notre vie, à notre part de pardon, à nos espoirs de liberté et de paix.
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Tous les hommes désirent naturellement savoir
Nina Bouraoui
- Le Livre de Poche
- 2 Janvier 2020
- 9782253237563
« J'écris les travées et les silences, ce que l'on ne voit pas, ce que l'on n'entend pas. J'écris les chemins que l'on évite et ceux que l'on a oubliés. J'étreins les Autres, ceux dont l'histoire se propage dans la mienne, comme le courant d'eau douce qui se déverse dans la mer. Je fais parler les fantômes pour qu'ils cessent de me hanter. J'écris parce que ma mère tenait ses livres contre sa poitrine comme s'ils avaient été des enfants. »
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Le désir d'un roman sans fin : Écrits (1999-2022)
Nina Bouraoui
- Lattes
- Litterature Francaise
- 3 Janvier 2024
- 9782709671934
« Tous ces textes ont été publiés, dits une première fois. J'ai retrouvé les plus anciens d'entre eux dans des journaux, des magazines. Je les ai recopiés mot à mot sans jamais rien corriger.
Les mots ici rassemblés sont miroirs et reflets, opérant telle la boule à facette qui éclaire une partie du visage comme une partie d'un roman passé ou à venir. Aucun n'a ma préférence, aucun ne me fait honte. L'art d'écrire ressemble à l'art d'aimer, dans sa grâce, dans ses abîmes et dans l'espoir qu'il fait naître. » Ces textes de Nina Bouraoui, écrits entre 1999 et aujourd'hui, sont un trésor : ils évoquent l'Algérie et l'enfance, l'amour et le désir, Saint-Malo, les saisons, des chansons, des expositions, des livres tant aimés, des rencontres. Ils peuvent se lire comme un roman, ce roman sans fin qui dit la vie, ses arrêts, ses vitesses, ses errances, et livrent en creux un portrait magnifique de l'auteure et de ses quêtes. -
C'est une histoire simple, universelle. Après huit ans d'amour, Adrian quitte A. pour une autre femme : Beaux rivages est la radiographie de cette séparation.
Quels que soient notre âge, notre sexe, notre origine sociale, nous sommes tous égaux devant un grand chagrin d'amour.
Les larmes rassemblent davantage que les baisers.
J'ai écrit Beaux rivages pour tous les quittés du monde.
Pour ceux qui ont perdu la foi en perdant leur bonheur.
Pour ceux qui pensent qu'ils ne sauront plus vivre sans l'autre et qu'ils ne sauront plus aimer. Pour comprendre pourquoi une rupture nous laisse si désarmés. Et pour rappeler que l'amour triomphera toujours. En cela, c'est un roman de résistance.
N. B.
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« J'ai envie d'un homme parce que j'ai envie d'une autre vie que la mienne, j'ai envie que l'on me raconte une histoire, j'ai envie de savoir comment cela se passe ailleurs, dans les autres cerveaux, j'ai envie que l'on me change la tête. »
C'est l'histoire d'un garçon qui vit seul avec sa mère dans un petit pavillon non loin d'une cité. C'est l'histoire d'un été, saison dangereuse et violente. C'est l'histoire de Jérémie qui s'ennuie et de son obsession pour Sami. L'histoire d'une désertion aussi. Il n'y a aucun espoir amoureux dans ce livre, parce que le corps prend tout, il est invasion de tout. C'est le feu, c'est l'attente, c'est la frustration. C'est le vide et le vertige. La jeunesse est un état sauvage où tout peut arriver, tout peut se détruire, parce que tout tient sur une seule force : le désir.
Après Mes mauvaises pensées (prix Renaudot 2005), Nina Bouraoui revient au roman avec un narrateur masculin. Un roman incandescent et sensuel qui met à nu les tumultes et les fragilités de l'adolescence. De livre en livre, Nina Bouraoui affirme sa singularité, la grâce et la volupté d'une écriture envoûtante qui continue de nous éblouir.
Récit assez étonnant bouleversant, décrit avec talent la traversée des chaos de l'enfance.
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«Avez-vous des grains de beauté ? Des cheveux blancs que vous teignez ? Pratiquez-vous un sport ? Prenez-vous des coups de soleil ? Faites-vous l'amour la veille ou le matin de nos séances ? En gardez-vous une trace ? Est-ce que je suis jalouse ? Avez-vous eu des relations sexuelles avec une autre femme ? Avez-vous peur de la nuit ? De l'amour ? Comment se prénomment vos enfants ? Êtes-vous une mère douce ? Combien de baisers par jour ? Quels sont vos mots sur moi ? Quel est mon dossier ? Me trouvez-vous jolie ? Intelligente ? Perdue ? Avez-vous fixé ma voix sur une bande magnétique ? Dois-je vous avouer qu'il m'arrive de rêver de vous ?» Dans un style ample et fluide, Nina Bouraoui restitue cette parole propre à la thérapie, cet abandon qui reste tenu, contrôlé, dans une frénésie de vitesse, et révèle la géographie intime, physique et amoureuse d'une «déracinée». Un «roman-confession» d'une grande maîtrise.
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« Je deviens Brio. Être la première en tout. Être un garçon avec la grâce d'une fille. Brio pour toute l'Algérie. Brio contre toute la France. Brio contre mon corps qui me fait de la peine. Brio contre la femme qui dit : Quelle jolie petite fille. Tu t'appelles comment ? Ahmed. Sa surprise. Mon défi. Sa gêne. Ma victoire.
Je fais honte au monde entier. Je salis l'enfance. C'est un jeu pervers. C'est un jeu d'enfant. Non je ne veux pas me marier. Non, je ne laisserai pas mes cheveux longs. Non, je ne marcherai pas comme une fille. Non, je ne suis pas française. » -
Dans les rues d'Alger, les hommes s'étreignent. Derrière leurs portes closes, les femmes s'ennuient. Séparée de la ville par un rectangle de verre, une jeune fille observe. Un mur sale, un trolley bondé, une enfant imprudente lui donnent les mots d'une nouvelle histoire. Elle invente. Elle s'invente. Elle est pubère, son père ne lui parle pas depuis deux ans. La mère prépare l'intrigue, les soeurs se taisent. L'ennui ronge la capitale. Personne n'y échappe. Pas même le soleil!Les hommes attendent. Ils l'attendent. L'amour et l'espoir n'existent pas. Les pensées se cognent contre un espace amputé de son temps.Cachée derrière sa fenêtre, avide de savoir, la voyeuse force sur la réalité. Un voile s'éloigne, une petite fille meurt sous les pneus d'un camion. Les trous de serrure s'élargissent, la voyeuse dérobe la vie des autres. Le rêve s'impose. La mort guette. Toutes deux se convoitent, s'invitent, se rejettent. Le sang se faufile entre les mots et les maux.
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Nina Bouraoui La Vie heureuse « Il noey a aucun choix à aimer une fille. Coeest violent. Coeest loeinstinct. Coeest la peau qui parle. Coeest le sang qui soeexprime. Je noeai pas choisi doeaimer Diane. Coeest une loi physique. Coeest une attraction. Coeest comme la Lune et le Soleil. Coeest comme la pierre dans loeeau. Coeest comme l?été et la neige. Coeest de loehistoire naturelle. ça reste longtemps dans le corps. Coeest inoubliable. Coeest la grande vie.
Joeaime Diane, je suis milliardaire. » N. B.
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Alger-Paris : le journal intime de Nina Bouraoui nous invite au voyage de sa mémoire.
Elle compose les surimpressions de ses souvenirs algériens à sa vie parisienne. Un objet, un mail, un tableau, un corps, un rêve sont prétextes à la réminiscence.
Elle se révèle tour à tour enfant étrange, amazone séductrice ou poétesse charnelle. Une confidence sans pudeur, et pourtant si pudique.
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Sous les saules pleureurs, des chats s'accouplent, griffent la terre et hurlent d'impuissance. Une femme garde les morts.Le cimetière s'agence en allées, en sections, en divisions. La nuit, munie d'une lampe, la femme parcourt les travées et s'arrête sur les lits de pierres. Entre les tiroirs de cendres, les chapelles et leurs petites niches, elle se souvient de son enfance : une fillette a fait voeu de cruauté.La femme fuit la vie qui déborde de rires. Les temps se mélangent. Les visiteurs des tombes se pressent à la grille pour la prière ou la petite histoire et la mémoire crie, indécente comme le corps d'un enfant sous terre.
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«Il fallait baisser nos armes et embrasser la terre qui nous portait. Je pensais que le monde m'avait encore ouvert une petite porte sur la liberté. Je n'avais pas de la chance, j'avais ma chance. Je comparais l'existence à une lave chaude et dorée, coulant sous nos peaux, nous rendant sacrés. Je n'avais plus peur de perdre mon amour. Il me semblait posséder déjà un passé qui formait un rempart face au danger. Nous n'étions pas uniquement en vie, nous étions à l'intérieur de la vie, dans ce qu'elle avait de plus beau et de plus incertain, de plus fragile et de plus puissant.» C'est l'histoire d'une rencontre, celle d'une romancière et d'un jeune lecteur, le récit d'une passion, d'un bonheur que l'on conquiert. Nina Bouraoui décrit l'attente, l'espoir, la première fois... Avec pudeur et sobre poésie, elle fait briller l'amour comme une aurore.
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Bruno Kerjen, 35 ans, habite en banlieue parisienne et travaille dans une petite entreprise de composants électroniques. Solitaire, il refuse d'éprouver le moindre sentiment et laisse la vie décider pour lui. Un jour, à Saint-Malo, il recroise Marlène, une ancienne camarade de lycée. En compagnie de son fils, elle revient habiter chez ses parents.
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" C'est flagrant, elle ne m'aime pas. Elle embrasse les cheveux, le col des chemises, le revers de la robe de chambre, l'habit mais jamais la peau. Elle occulte les joues, le front, le cou, les mains... Ses baisers ratés finissent par un bruit idiot qu'elle fait aussi pour appeler son chien de la cuisine au jardin, de la chambre au salon... Ces baisers-là sont des gifles et des coups de poing, des blâmes, ils souillent mon besoin naturel de douceur... Ma mère n'est pas l'amante et ne le sera jamais, elle est la teigne et la cible de mes rêves, je la vénère et la déteste... Elle est indécente, j'ai honte de sa chair, de mon origine, de notre air de famille, de la poche où j'ai baigné. J'ai honte de la haïr et de l'aimer tant, à en vouloir me pendre. "Nina Bouraoui est née le 31 juillet 1967 à Rennes. Le bal des murènes est son troisième roman après La voyeuse interdite (Prix du Livre Inter 1991) et Poing mort.
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Je cherche la lumière et le coton, je cherche mon cheval de bois, je cherche la poitrine de ma mère, je cherche des voix, des rubans soyeux, je cherche l'odeur des crêpes et du chocolat brûlé, je cherche l'escalier en spirale, ma course ronde. Je cherche des yeux mon père qui fume. Un os de seiche flotte entre mes cuisses. Je suis virile. Je suis une grossièreté, animale, à quatre pattes, indomptable. Je ressemble aux singes de mon enfance. Je suis une guenon des gorges de Lassara, accrochée à la falaise, en attente sur mon tréteau d'appui, sale, excitée, prête à mordre, à tuer. N.B.
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« C'est un journal amoureux. C'est l'histoire des vies, intérieures et extérieures : ma famille, mes pays, mes désirs, les mots. C'est le journal, de mon adolescence, de ma vie adulte : la Suisse, la France, le milieu des filles. C'est le journal de l'écriture aussi. Quand ai-je écrit pour la première fois ? Aimer, Ecrire, sont les deux actes fondateurs de ma vie, inséparables, l'un nourrissant toujours l'autre, l'un racontant toujours l'autre. J'ai voulu faire le compte des liens et des séparations. C'est le livre des mouvements du coeur, de ses forces, de ses fragilités. C'est un bréviaire amoureux, de Zürich à Ferney, d'Abu Dhabi à Paris. C'est aussi le livre des femmes, de toutes les femmes. Je ne suis pas innocente. J'ai toujours succombé à la beauté. J'écris pour dire ce ravissement-là. C'est un livre blanc, au plus près de moi, et au plus près de tous, parce qu'il s'agit toujours d'amour. Ainsi le journal devient un roman. Parce que toutes les femmes de ma jeunesse, sont devenues les femmes de ma vie, ce livre est l'histoire des strates amoureuses qui me composent. »
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« À la fin des années 1970, Sami, un jeune garçon, disparaît au centre de la campagne algéroise. Pour ne jamais l'oublier, Alya, son amie d'enfance, écrit chaque jour son histoire, leur histoire, réinventant le passé, fixant le présent, temps de l'attente et de l'imagination.Il m'est difficile de savoir la personne que je suis mais il m'est facile de savoir pourquoi j'écris. C'est arrivé en 1979. Dans les nuits algériennes où mes rêves n'étaient plus des rêves d'enfant. C'est arrivé dans l'attente d'un amour qui ne reviendrait pas. C'est arrivé dans l'espoir de devenir une personne qui trouverait sa place dans le monde. C'est arrivé tous les soirs, quand je regardais le soleil tomber derrière les plaines de la Mitidja. Chaque fois je me disais qu'il emportait une part de moi-même. Tout tourne, tout s'efface et tout recommence et je ne sais pas si l'on retrouve un jour ce que l'on a perdu.
Sauvage est le récit de cette année-là. »Nina Bouraoui -
"Qui sait le séisme ?
Qui sait la vraie peur ?
Qui sait le désarroi ?
Qui sait ma terre fragilisée ?
Le séisme forme déjà l'exil et la différence. Il traverse le corps et impose une scission. Il dénature et fonde une autre origine. Il modifie les naissances. Il est immédiat et profond. Je deviens une autre. Je viens de la terre qui tremble. Ma solitude est un puits.
Qui racontera, le magnétisme et la force, la chaleur et l'eau, le sable et la ville, mon attachement et ma folie?
Qui sait, enfin, mon enfance liée au mystère, algérien?" Nina Bouraoui est née le 31 juillet 1967 à Rennes. Le jour du séisme est son cinquième livre après La voyeuse interdite (Prix du Livre Inter 1991), Poing mort, Le bal des murènes et L'âge blessé.